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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Promenades à Marrakech

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 8:37

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Derrière ce groupe traditionnel, vêtu uniformément de blanc, il y a la note moderne, le jeune Hassan, prince héritier, de six à sept ans, dans sa petite voiture anglaise tirée par quatre poneys noirs et blancs.

Les youyou des femmes se prolongent jusqu’au moment où le Sultan disparaît dans la mosquée. Alors aussitôt, volte-face, car le Sultan ressortira avec la suite de notables par la porte du jardin du côté sud et chacun court pour arriver en bonne place. Les gardes ont fort à faire pour maintenir ce flot de burnous, mais ils sont aussi bons enfants. La prière va durer une grande demi-heure ; alors, les musiciens en djelaba couleur mauve ou framboise s’accroupissent sur le sol, près de leurs gros instruments de cuivre. Ils savent ce qu’est l’attente, ils prennent leurs aises; entre la haie des gardes qui maintiennent la foule, ils forment de petits cercles, bavardent, rient... et il fait chaud sous le soleil d’automne. Le porteur d’eau aussi a tout prévu ; lui, peut enfreindre la consigne et se glisser entre les gardes noirs ; à l’appel de sa clochette de cuivre, le doigt sur le goulot de la peau de bouc qui pèse à son épaule, il va d’un côté à l’autre et pour un ou deux sous et souvent pour rien, car il fait ainsi œuvre pie, verse une eau claire dans le gobelet de cuivre. En cette circonstance, le guerba a mis son large tablier de cuir, baudrier paré de pièces de cuivre ou de bronze, de médailles et de boutons militaires, le tout astiqué, brillant, éclatant au soleil ; le gobelet de cuivre passe de main en main, de bouche en bouche. Brusquement, les chevaux piaffent au «garde-à-vous». La porte de la mosquée est ouverte ; le Sultan paraît sur le cheval noir, sellé de blanc, et le cortège se reforme devant et derrière lui.

Le 18 novembre est en effet l’anniversaire de l'accession au trône du Sultan du Maroc, Sidi Mohammed Ben Youssef, reprise pour la première fois en 1934 d’une cérémonie ancestrale que le jeune Souverain a voulu aujourd’hui pour son compte. Donc, le 18 novembre est un jour heureux célébré dans tout le Maroc. Ce qu’il y a de nouveau en même temps dans cette commémoration est que le Souverain ait fixé cette date du 18 novembre qui appartient au calendrier grégorien, c’est-à-dire qu’elle reviendra chaque année à pareille époque, tandis que, selon le calendrier musulman, le jour de l’anniversaire aurait dû se répéter au mois de Cha’ban, mois lunaire qui a été celui de son intronisation. Le Maroc était donc en fête et dans toutes les villes, les ruelles des souks et les kissaria étaient pavoisées, les demeures particulières avaient aux fenêtres des tapis de laine, des mouchoirs de soie et quelques drapeaux chérifiens rouges avec l’étoile verte qui est le sceau de Salomon. A quinze heures, vingt-et-un coups de canon ont été tirés dans chacune des villes maghzen.




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MessageSujet: Re: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 18:52



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Les Tombeaux Saadiens

Salle des douze colonnes



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 19:01

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Le Sultan se trouvait à Marrakech ; il y a reçu à cette quinzième heure qui est celle de son avènement au trône, tous les notables de la ville dans son palais impérial ; les souks avaient leur décoration de tapis et d’étendards, mais ici la gaieté se montre extérieurement, chanteurs et danseuses retenaient la foule indigène et d’autant plus facilement qu’une distribution de thé bouillant est faite gratuitement. La fête du trône est aussi la fête des pauvres. Il y avait une telle affluence devant la porte du Palais pour recevoir l’aumône de la part du Sultan que, lorsque les miséreux satisfaits se sont retirés, restaient à terre trois mendiants déguenillés étouffés par la foule; mais ils ont eu eux aussi leur récompense en ce jour de fête puisque Allah le Miséricordieux les a appelés à lui. Et le soir, le minaret de la Koutoubia était illuminé par des feux invisibles. Puis la salve de coups de fusils tirée comme à l’ordinaire à minuit par les assès sur la place Djemaa-el-Fna a ramené les musulmans dans leur demeure.

Le Mechouar de Marrakech est une suite de trois cours entourées de murs crénelés qui laissent passer les longs cyprès des jardins et les toits en pyramides de tuiles vertes qui couronnent les nombreux pavillons de repos. Sur la première cour à l’est, s’ouvre la porte du Mechouar, massive, surmontée à ses angles de quatre petites colonnes de maçonnerie.

Tout contre les jardins de Touala et de Redouane qui font partie de l’Aguedal, est un petit pavillon au toit de tuiles bleu-vert, la KOUBA SOUIRAH (coupole de la petite image), encadré de longs ifs et d’oliviers et qui ressemble comme un frère au pavillon du jardin de la Ménara. Il lui manque cependant son bassin d’eau calme pour s’y refléter comme le fait l’autre. Devant lui, s’étend la cour dénudée qui se couvre de poussière aux journées chaudes et de boue sous la pluie. Mais au fond de la vaste cour, dans un coin opposé, se trouve le bassin, comme si une fée malicieuse avait voulu le porter là, à quelques trois cents mètres du pavillon pour le priver de son miroir d’eau et pour qu’il ne ressemble pas tout à fait à son frère de la Ménara. Oublié ou ignoré du passant, le bassin a pris sa revanche; il y a gagné en rusticité avec le coassement des grenouilles et aussi en poésie parce qu’il retient dans son eau l’image reflétée des roseaux qui s’y penchent et celle d’un minaret tout vieux que surmonte un nid de cigognes.


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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 20:50

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Le MELLAH, quartier des Juifs, était sous la protection du Sultan, tout contre la kasba et le Dar el Maghzen et, pour que cette protection, ou plutôt cette surveillance, puisse mieux s’exercer, le Mellah n’avait qu’une porte que l’on fermait pendant la nuit et qui était gardée par un assès du Pacha. La population a vite débordé de ce quartier aux ruelles étroites; les artisans pendant le jour en sortaient et s’installaient à même le sol poussiéreux contre les murs extérieurs ; c’étaient des savetiers pour la plupart, des fripiers et, à l’époque de la monnaie hassani, des changeurs.

Le Consul Chénier rapporte que les Juifs relégués dans ce faubourg ont été exposés à la tyrannie et à la misère et beaucoup, pour y échapper, ont dû se réfugier dans la montagne où ils eurent plus de repos. C’est ainsi qu’il y a des mellah à Demnat, à Telouet, à Asni, Tagadir N’Bour, Amismiz et Tinmel. Je crois que les Juifs actuels qui sont devenus des négociants plus huppés ne se souviennent pas de ce qu’avait été, sous la domination unique des Sultans et des Pachas, la misérable et déprimante existence de leurs pères ou grands-pères. Cette époque n’est pas si éloignée à laquelle les Juifs, en dehors du Mellah, étaient tenus d’aller nu pieds par les ruelles et ne pouvaient monter sur un âne et par conséquent moins encore sur une mule ou un cheval ; les petits-fils vont maintenant en automobiles aux puissants chevaux. Tant il est vrai que l’on ne vit que l’heure présente quand elle est bonne. Les Juifs ont donc débordé de l’enceinte du Mellah et ont gagné la place des ferblantiers en occupant de petites boutiques où, avec moins de pittoresque, ils assemblent des lanternes en découpant des bidons de pétrole, réparent les sandales, les harnais, utilisent de vieux pneumatiques pour faire des semelles de chaussure ou des seaux à eau. Dans la rue qui longe la Kasba, ils ont des magasins et sont tailleurs, pâtissiers, un peu de tous métiers pour se suffire à eux-mêmes.

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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 20:52




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Tombe saadienne



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 21:00

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En 1137, quand augmenta le péril almohade, écrit le Père Henry Kœhler, Ali Ibn Youssef rappela d’Espagne Tachefyn l’Almoravide qui revint avec 1.600 captifs et 4.000 Andalous, dont il fit sa garde et il choisit ses cavaliers parmi les meilleurs. C’est à cette époque qu’apparut dans l’histoire du Maroc, pour le service des Sultans Almoravides, et par la suite des premiers Almohades, la milice chrétienne, recrutée dans les prisonniers devenus esclaves. Les prêtres qui desservaient les chrétiens captifs ou les aventuriers venus d’Europe au Maroc, étaient tout au début eux-mêmes des captifs ; l’évêque Miguel se trouvait parmi les déportés d’Espagne de 1126. Par la suite, il y eut des prêtres libres ; en 1220, l’infant don Pedro de Portugal résidant auprès du Sultan de Marrakech, avait, avec lui, son chapelain. En 1219, arrivaient à Marrakech, reçus par don Pedro, les six religieux italiens de l’ordre des FRANCISCAINS pour prêcher la foi chrétienne dans le Moghreb. La milice formait alors le contingent le plus important de leurs fidèles, les maisons des chrétiens tolérés en tant que commerçants leur servant de lieu d’exercice du culte ; ces maisons étaient à l’ouest de la ville, entre les vastes magasins voûtés, la douane et la place qui précédait la grande mosquée de Koutoubia.

C’est là que furent logés les missionnaires cohabitant avec leurs fidèles. Comme les premiers Almohades, ils prêchaient sur la place Djemaa-el-Fna, devant les Musulmans plus étonnés qu’hostiles et riant des gestes et des paroles étranges qu’ils ne comprenaient pas. Le Sultan El Mostancer les déclara indésirables et renvoya les missionnaires à Ceuta ; s’échappant, ils revinrent à Marrakech qui leur avait été assignée comme but de leur mission, mais ils furent emprisonnés du côté de Bab Aghmat et de Bab Ahmar, dans les écuries du Sultan. Expulsés à nouveau, ils regagnèrent encore Marrakech pour la troisième fois, prêchant sur la place publique. Ils furent alors internés près de la Koutoubia dans les prisons des chrétiens et des hérétiques. Un jour que le Sultan les fit mener dans son palais, il fut si furieux des réponses faites à ses demandes que, de son sabre, il leur ouvrit le crâne ; c’était le 16 janvier 1220.

Les corps traînés par les femmes devant la porte du palais, furent déchirés par la populace, se faisant un jeu jusqu’au soir des morceaux qui leur étaient abandonnés. Les chrétiens qui vinrent demander ces restes pieux pour leur assurer une sépulture, furent chassés et lapidés par la foule musulmane. Cependant, comme la flamme du bûcher avait épargné les débris des corps, ils furent abandonnés aux chrétiens ; recueillis dans des coffrets d’argent, ces restes furent portés par la suite jusqu’à Coïmbra en Portugal.



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMar 16 Sep - 21:08

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Quatre ans après ce massacre, le Sultan El Mostancer mourut d’un coup de corne que lui donna une vache affolée.

Les esclaves chrétiens, occupés dans la journée aux gros travaux, les chaînes de fer aux chevilles, étaient ramenés le soir et répartis dans les diverses geôles, les unes dans l’intérieur de la kasba construite de 1184 à 1198 par l'Almohade El Mansour, les autres dans le Mellah ; la principale, la grande Sagene, touchait à l'enceinte du palais impérial, à cinquante pas de la juiverie.

En 1227, le Sultan El Mansour l'Almohade, pour assurer le pouvoir contre son neveu soutenu par le Cheikh Yaya Ben En Nacir demanda au roi Ferdinand III de Castille des cavaliers chrétiens qui lui furent envoyés en 1230 à Marrakech au nombre de 12.000 sous la condition d’avoir une église où « l’on sonnerait les cloches ». La première église de Marrakech, Sainte Marie de Marrakech, avait été élevée en 1228 près des prisons, mais en septembre 1232, tandis que le Sultan guerroyait du côté de Ceuta, Yaya fit détruire l’église et décapiter les cinq frères mineurs et tous les chrétiens des deux sexes qui y étaient réunis.

L’église fut relevée, plus modeste ; au XVI° siècle, elle se trouvait dans la kasba entourée de murailles où vivaient les chrétiens dont le Sultan se servait à la guerre, écrit en 1667 Marmol qui fut prisonnier à Marrakech ; il y avait, à cette époque, 200 prisonniers environ. C’est donc entre la mosquée d’El Mansour et Bab Agnaou que fut l’église chrétienne ; a-t-elle été relevée sur les ruines de celle de 1232 ? Elle était en forme de croix, pavée des tombes des martyrs. Convoitée en tant qu’habitation par un caïd, elle fut démolie de fond en comble en mars 1660, de sorte qu’il n’en restait que des pierres.

C’est que, malgré la disparition de la milice chrétienne en 1386, les missionnaires franciscains subsistaient à Marrakech, allant de plein jour visiter les esclaves et les captifs ainsi que les commerçants qui, dans leurs fondouks, ne jouissaient que d’une sécurité toute précaire ; ils étaient en contact avec les Sultans auprès desquels ils intercédaient pour alléger une peine prononcée contre les captifs, remplissant ainsi leur mission de charité. En retour, les Sultans les utilisaient pour porter leurs lettres auprès des puissances européennes. C’est en 1790 que les missionnaires et tous les sujets espagnols furent expulsés du Maroc par Tanger et envoyés à Algésiras ou à Ceuta.

Le Sultan Moulay Yazid venait en effet de rompre toute relation avec l’Espagne.

*
* *

Etrange destinée que celle des PRINCES SAADIENS ! Les Musulmans sont expulsés d’Espagne et, dès le début du XII° siècle, les principales villes maritimes du Moghreb sont prises par les Portugais et les Espagnols. Un homme pieux et chaste, d’origine arabe avec une descendance probable par la fille du Prophète, résidait depuis longtemps dans la province du Drâa.



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMer 17 Sep - 8:24

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De retour d’un pèlerinage à la Mecque et à Médine, qui renforça son prestige, il fut convié dans les cérémonies de Berbères qu’il présida bientôt ; il répétait à tous un songe pendant lequel il vit sortir deux lions de son nombril, songe qu’il interprétait en assurant que ses deux fils régneraient sur le Moghreb et y joueraient un rôle considérable. La légende que voici raffermit cette prévision :

« Tandis que les deux jeunes fils du Chérif Abou Abdallah elqaïm, studieux élèves, lisaient à haute voix les versets du Coran, un coq entra dans l’école et chanta en se posant successivement sur la tête de chacun d’eux. »

Ce fait signifiait, sans conteste, qu’une haute destinée était réservée à ces enfants.
La voie était donc ainsi tracée à Abou Abdallah qui reçut en 916 (1510) serment de fidélité du peuple et alors Dieu décida la victoire en sa faveur. Il se mit à la tête des gens du Sous et, avec ses hordes se dirigeant sur la côte atlantique, il en refoula les Chrétiens. Le succès qui lui donne un lustre sans pareil auprès des Musulmans, devait lui faciliter le chemin vers le pouvoir. Ses fils, appelés à la Cour de Fès, obtinrent du Sultan des Beni Outtas, fraction des Mérinides, la permission d’aller par tout le pays pour engager les gens des tribus à s’opposer aux Chrétiens et défendre la loi de Mahomet. Avec un tambour et un étendard, ils eurent vingt cavaliers pour les accompagner et des lettres de recommandation auprès des tribus amies. Ils allèrent ainsi dans la province de Doukkala, à Safi, puis passèrent dans la province du Sous et dans la région de l’oued Drâa ; et les gens se groupaient sous leur autorité qui augmentait de jour en jour, payaient si exactement les dîmes que partout où ils allaient, elles dépassaient leur subsistance et celle de leur troupe toujours accrue. En s’alliant avec les seigneurs de la montagne, ils devinrent maîtres de Marrakech et le succès les grisant, ils firent dire finalement au Sultan de Fès que, légitimement successeurs de Mahomet le Prophète, « ils avaient plus de droits en Afrique que personne».

L’un d’eux devint roi de Marrakech et l’autre roi du Sous, partageant ainsi avec les Sultans Mérinides de Fès, le territoire du Moghreb. Mais ces saints connurent l’ambition qui engendre la discorde; ils bataillèrent entre eux et le chérif Mohamed, vainqueur de son aîné dans la plaine du Tadla, marcha ensuite avec la cavalerie du Sous et celle de Marrakech contre les trente mille chevaux du Sultan de Fès. En 961 (vers 1550) occupant pour la deuxième fois Fès, le Chérif Mohamed devint le maître du Moghreb et avec lui commença la dynastie des Chérifs Sâadiens, « depuis la frontière des nègres jusqu’au détroit de Gibraltar, depuis l’Océan jusqu’au royaume de Tlemcen. »

Elle dura jusqu’en 1069 (1673). L’évacuation par les Portugais d’Agadir, de Safi, d’Azemmour et les fructueuses razzias opérées sur Gao et Tombouctou contre les musulmans du Soudan, consacrèrent le prestige des Chérifs Sâadiens.




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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMer 17 Sep - 8:30

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Ils sont presque tous morts tragiquement ces douze Sultans, chefs de guerre sainte, dont les corps furent réunis pour la plupart dans le sanctuaire de la Djemaa el Mansour, à la kasba de Marrakech; morts empoisonnés, décapités, étranglés ou écorchés et les cinq derniers assassinés.

Entre autres, Abou Abdallah Ech Cheikh qui conquit Fès, fut en 1557, à coups de hache, décapité par des soldats turcs venus d’Algérie qui emportèrent sa tête à Sidjilmassa et de là, à Constantinople où elle fut suspendue aux murs de la ville jusqu’à ce qu’elle tombe en pourriture. Son corps rapporté à Marrakech, repose dans le sanctuaire des Chorfa :

« O âme qu’a conduite à la tombe un funeste événement; les piliers de la gloire se sont écroulés de douleur... »

Abdelmalek mourut empoisonné à la guerre des trois rois en 986 (1578) près d’El Ksar el Kébir ; sa mort fut cachée tant que dura le combat, tandis que son écuyer transmettait les ordres que le Sultan était censé donner. Deux princes furent aussi parmi les morts, Don Sébastien de Portugal et un autre Sâadien Mohamed Ben Abdallah, frère du Sultan qui l’avait trahi et dont le corps fut repêché de l’oued Loukkos, ensuite écorché, rempli de paille et porté à Marrakech pour être traîné par les rues ; l’écorché n’eut pas les honneurs de la nécropole sâadienne.

Le Grand Sultan El Mansour Ed Dehebi, le joyau de la dynastie, mourut près de Fès en mordant dans une figue- fleur que lui avait offerte, empoisonnée, son fils Zidan impatient de régner (20 août 1603) ; puis son corps fut ramené à Marrakech pour reposer dans la nécropole qu’il avait fait lui-même construire. Moulay Abou Farès Ben Ahmed el Mansour, fut assassiné par son neveu, Abdallah Ben Ech Cheikh en 1609 et le Sultan Ech Cheikh Ben El Mansour fut à son tour assassiné par un mokkadem au cours de la campagne qu’il dirigeait contre Tétouan ; son corps fut abandonné nu pendant plusieurs jours, porté à Tétouan pour être enseveli à Fès avec un de ses fils tué le même jour (août 1613).

Le Sultan Abou Merouan Abdelmalek Ben Zidan fut assassiné par des renégats en 1631 et, après lui, par des renégats aussi, son frère et successeur, El Oualid Ben Zidan, grand fervent de musique (1636). Moulay Abou Yazid mourut d’une blessure reçue en combattant son frère Moulay Hicham qui mourut de la peste. Enfin, le dernier de la dynastie, Moulay el Habas fut massacré par ses oncles de la tribu des Chabana, cinq ans après son avènement au pouvoir en 1674. L’usurpateur Abdelkrim ne lui donna pas la sépulture dans le mausolée élevé pour y réunir les morts de la dynastie sâadienne qu’il venait de renverser.

Mais les pierres de marbre chantent en louanges pompeuses la gloire des Sâadiens : « Les cieux ont tremblé en apprenant la nouvelle de ton trépas », phrase qui se répète, fleurs sur des tombes.




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Plaque commémorative du sultan saadien Abou Abdallah Mohammed Cheikh proclamé à Fès en l'an 956 de l'Hégire (1549) et assassiné par ordre du sultan des Turcs en 964 (1557).

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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMer 17 Sep - 8:47

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La mosquée El Mansour, construite en 1197 par l’Almohade Yacoub el Mansour, contre laquelle est la nécropole sâadienne, eut aussi un sort tragique. Des prisonniers chrétiens en 981 (1573), avaient sous les murs, creusé une mine qu’ils remplirent de poudre et, à la prière du vendredi qui réunit les fidèles, ils mirent le feu ; la grande coupole fut détruite et le minaret fendu en deux, comme on le voit encore aujourd’hui.

Tout contre la mosquée d’El Mansour, se trouve entourée de murs hauts et épais comme un rempart, la nécropole des Chorfa Sâadiens. Ils furent à peu près tous réunis là et les corps de ceux qui moururent loin de la capitale de leur empire y furent pour la plupart ramenés. Toutefois, les deux premiers Sultans de la dynastie reposent dans le riad el Harous, sous une kouba aux tuiles vertes, près de laquelle fut élevée par la suite la Djemaa Ben Sliman. Ce jardin de silence, car tous les morts n’ont pu tenir sous les bâtiments, nous a été révélé en 1917 par le Pacha de Marrakech, Si el Hadj Thami Glaoui, qui en autorisa la visite. Mais comme les non-musulmans ne peuvent passer par la mosquée d’El Mansour qui était aussi l’entrée du mausolée, on dut percer un couloir à travers l’épaisseur du rempart, de sorte que l’on pénètre dans ce jardin des morts sous une voûte sombre qui prépare mieux la pensée.

Tout est silence ici, dans cette cour étouffée par les remparts et les murs des bâtiments ; le gardien ne s’y tient jamais et n’y entre que pour accompagner les visiteurs. Si l’on est connu de lui, on peut rester là de longues heures dans l’isolement et l’apaisement, la pensée reportée sur ce que fut la puissance des Princes Sâadiens qui sont les morts d’alentour. Il y a dans ce petit enclos une végétation rustique, un haut palmier un peu penché sur les kouba qui gardent les morts, des grenadiers à l’abandon au travers desquels, quand l’hiver les a dépouillés de leurs feuilles, paraissent les bâtiments dans un réseau de mailles.

Moulay Ismaïl, de la dynastie suivante des Alaouites, pour effacer la trace des Sâadiens et aussi se venger de la résistance que lui fit Marrakech devant laquelle il dut tenir longtemps le siège, rasa le palais d’El Bedi, l’œuvre de Mansour le Sâadien, mais il n’osa profaner le sanctuaire ! Il fit toutefois dresser un haut et épais mur d’enceinte et l’oubli tomba peu à peu sur la nécropole des Princes Sâadiens qu’avait élevée à son retour d’Espagne Moulay Ahmed el Mansour. Et c’est miracle que ces pavillons de pisé, ces toitures de tuiles vertes et les poutres de cèdre, les colonnes de marbre, les sculptures, laissés à l’abandon depuis trois siècles, aient pu résister dans leur ensemble; il y a bien eu des poutres pourries, elles ont glissé avec un pan de la toiture ou de muraille sur les tombeaux. Le Service des Arts Indigènes a relevé ces ruines.




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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMer 17 Sep - 8:57

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Le principal bâtiment a l’aspect bien plus d’un fortin que d’un mausolée, palais crénelé, surmonté de deux kouba aux tuiles vertes dont l’architecture a subi l’influence andalouse ; il englobe trois salles : celle du Mihrâb, ornée de petites colonnes de marbre, contient des tombes d’enfants, car les pierres sont à la longueur des corps, fils de Moulay Abdallah et une tombe d’un Sultan Noir, dit la légende, entourée d’une petite balustrade de bois. Il y a là trente-sept tombes.

La grande kouba aux douze colonnes de marbre groupées dans chacun des angles de la salle, est un chef-d’œuvre de sculpture, de ciselure, de proportions et de teintes passées que raniment les ors ; elle est somptueuse par la décoration des bois sculptés de sa coupole et celle des murs recouverts jusqu’à deux mètres du sol de zelliges, carreaux de faïence émaillés formant des arabesques géométriques. Les tombes sont ici les plus belles; au centre, dans le carré formé par les colonnes, trois tombeaux longs de 2 m. 75 sont recouverts de mosaïques; au milieu, c’est la tombe de Moulay Ahmed el Mansour et Behedi, le grand Sultan de la dynastie sâadienne, dont le corps fut ramené ici de Fès en 1603; il semble ainsi s’imposer parmi les morts qui l’entourent ; il est encadré de son fils Zidan et de son petit- fils Ahmed El Cheikh, le débauché mort de la peste. Dans le mur de fond, a été scellée une plaque de marbre couverte d’inscriptions à la louange du quatrième Sultan Sâadien, Hamou Abdallah Mohammed Cheikh El Medhi (956-964) — (1549-1557), dont la tombe est dans l’autre mausolée. Ces morts de la lignée sâadienne, ne régnèrent pas tous ; il y a les frères, les fils, les mères, les filles de sultans dont l’écriture ciselée dans les marbres chante les louanges, et le nombre de femmes inhumées sous les kouba est supérieur à celui des hommes.

La troisième salle, de dimensions réduites, comporte trois niches dans le mur de fond où sont les tombes d’enfants.

Entre les deux mausolées aux tuiles vertes, contre le mur même de la mosquée El Mansour, percé pour avoir le passage sur la nécropole, est une petite loggia en ruines qui garde deux tombes. Dans le deuxième mausolée, avançant sur la cour et relevé de ses ruines par le Service des Beaux-Arts du Protectorat, se trouve au fond, derrière d’autres tombes, une sorte de niche qui montre dans la pénombre le tombeau de la vénérée Lalla Messaouda (1590), la mère du Sultan Ahmed el Mansour. L’un et l’autre s’imposent donc ainsi dans chacun des mausolées. C’est cette princesse qui fit élever la mosquée de Bab Doukkala ; elle reste très vénérée des gens de Marrakech, comme en témoignent les petits bouts de chiffons accrochés à la grille tout autour, comme des ex-voto.

L’architecture des mausolées sâadiens rappelle celle de l’Alhambra de Grenade et des coupoles de la Djemaa Karouyine de Fès. Gabriel Rousseau, Inspecteur des Ecoles Indigènes, a fait une étude très précieuse des tombeaux sâadiens complétée par la traduction des textes sculptés sur chacune des tombes qu’en a donnée M. Arin, de Marrakech. (1)



________

(1) Note hors texte: Cette étude du Mausolée des Princes saadiens est en cours de reproduction dans la rubrique " MONUMENTS", sous-rubrique "LES TOMBEAUX SAADIENS ".



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Dans le premier corps de bâtiment, la salle du mihrâb a trente-sept tombes, celle des douze colonnes trente-six et la petite salle onze, en tout quatre-vingt-quatre morts reposent dans ce sanctuaire; mais leurs tombes n’ont pas toutes des inscriptions ou quelques-unes sont insuffisantes pour déterminer les personnages qu’elles glorifient. La deuxième kouba groupe trente-neuf tombes. Les morts qui n’ont pas trouvé place dans ces deux mausolées ou dont le rang ne leur permettait pas cet honneur, sont un peu pêle-mêle dans le cimetière entre les deux bâtiments et contre le mur de la mosquée d’El Mansour, parmi les herbes et les fleurs qui sortent au printemps. D’après le Nozhet el Hadi, le premier mort qui fut porté ici serait Abou Abdallah Sidi Mohammed Ben Sliman Eldjezarili, « le maître de la vie droite, la source de la vérité. »

Pour aller aux tombeaux sâadiens, on passe sous la porte des Guinéens, Bab Agnaou qui ouvrait sur la Kasba ; on l’appelle aussi la Porte des Portugais ; pourquoi ? puisqu’elle aurait été construite à l’époque de Moulay Yacoub el Mansour au début du XII° siècle par des captifs faits au cours des guerres d’Andalousie et amenés au Maroc. Elle a l’aspect gris vert des schistes dont elle est faite.

*
**

Matinée grise de fin décembre, brouillard bas qui mouille comme une pluie légère.

Je me suis rendu dans le terrain clos entre les hauts murs rouges et en ruine où fut le PALAIS D’EL BEDI, à l’extrémité méridionale de la Kasba. Le Service des Beaux-Arts y fait procéder au nettoyage et à l’enlèvement des amoncellements de terre, de pierres et de broussailles qui cachaient et cachent encore les quelques vestiges qui subsistent d’une destruction presque totale. Passée la place des ferblantiers qui est contre le Mellah, et par la porte de Berrima, on tourne de suite à droite ; entre deux hauts murs formant couloir, un petit escalier extérieur conduit devant une lourde porte de bois disjointe ; elle ouvre sur un large vestibule donnant sur une cour, vaste, entourée de murs de terre battue flanquée de bastions. Tout d’abord, on ne distingue rien de particulier ; tout est en ruines; le sol bouleversé ; le pavillon en face, vers lequel se penche la haute tige d’un palmier, seul témoin d’une végétation qui fut opulente, est découronné de son dôme.

Alors on est déçu. Mais cette impression disparaîtra peu à peu, à mesure que l’on entre mieux dans les souvenirs de l’histoire saadienne.




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Car, ici, c’est l’œuvre du Grand Sultan El Mansour El Dehbi.

Sous ce ciel gris, les murs et le sol sont d’une teinte ocre uniforme ; ils n’ont pas les tons chauds, rougeâtres, que leur donnerait le soleil. Les émouchets et les pigeons mal éveillés, n’animent pas encore cet enclos de ruines. Le grincement d’une roue de brouette que pousse un homme aux vêtements grisâtres, la pelletée de terre et de pierre qu’un autre rejette, la pioche qui entame le sol, sont les seuls bruits qu’on entend. Il y a là une équipe de prisonniers marocains pour dégager tout ce qui cache les restes d’un palais. J’avance sur un terre-plein dallé de carreaux usés encore apparents, jusqu’à une vasque de marbre rougeâtre ébréchée ; elle est dans l’axe du pavillon qu’on voit de l’autre côté d’un long rectangle creusé dans le sol où, me dit le gardien du lieu, furent les bassins ; il y a en effet, le coupant au milieu, une murette qui pouvait former ainsi deux bassins successifs, de façon à ménager aux hôtes du palais une perspective plus agréable. De part et d’autre de ces bassins, aujourd’hui à sec, séparés par un chemin dallé de zelliges, sont deux rectangles de mêmes dimensions en contre¬bas qui furent des parterres de plantes et d’arbustes; ils sont dénudés.

Pour gagner le pavillon, je longe à gauche des salles sans porte, sans toiture, une d’elles contient un amoncellement de ferraille, deux cercles de fer reliés par une tige de fer qui servait d’entraves aux pieds des prisonniers ; dans un autre, à terre aussi comme oublié, un collier de fer tenu par une chaîne à un anneau de cheville. Pour mieux se faire comprendre, mon guide joint le geste à la parole et met autour du cou le collier à charnières. Toutes ces salles auraient servi, sous Abdelaziz, le Sultan détrôné de 1908, comme magasins d’armes. Le pavillon isolé, décapité de sa coupole, présente actuellement l’aspect d’un cube de pierre; une des portes est obstruée par une grossière maçonnerie et celle qui fait face à la pièce d’eau n’est plus qu’une ouverture rectangulaire ; on est dans un espace vide entre quatre murs hauts ; de ci, de là, des traces de faïence, de marbre, qui marquent qu’il y a eu autre chose que ces murs délabrés, lavés par le temps et les pluies ; on a beau chercher une impression, on n’y arrive pas.

Ce pavillon n’est plus qu’une ruine, celle d’un palais impérial, puisque l’Histoire le dit, ossature de pisé qui a résisté aux siècles; mais elle serait aussi bien, dans son état actuel, la ruine d’un magasin, d’une écurie. Celui qui a voulu tout détruire ici, a, en effet, atteint son but. L’esclave chrétien Mouette qui fut incarcéré dans les prisons toutes proches, a décrit cependant la splendeur et la décoration de ce palais couvert de feuilles d’or, de tout l'or que possédait le Sultan, qu’il fît battre en feuille pour couvrir toutes les murailles et leurs lambris; les clous, les gonds, les pentures, les verrous et les serrures sont tous d’argent doré.




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Cortège de femmes



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Au dehors, il y a les restes d’une petite pièce d’eau dont le fond et les parois sont parés de zelliges noirs et blancs ; c’est peut-être là le seul témoin, avec la vasque de marbre, pour rappeler un palais dont les poètes ont chanté la splendeur. Sur l’autre grand côté de cette large cour, sont des bâtiments ruinés avec leurs bastions et en sous-sol des salles qui pouvaient être des magasins à provisions; l’un d’eux présente dans ses murs de nombreux trous qui ont été des niches pour les pigeons. Dans le parterre en contrebas une entrée noire comme un tunnel serait celle d’un passage souterrain qui conduit jusqu’au palais du Sultan.

Au delà, par un couloir long, entre les murs délabrés, on gagne les prisons. Il faut passer en se courbant un peu par trois ou quatre portes de bois blindées de fer et l’on est sur une terrasse. Dessous, des salles sombres dans lesquelles on descend par un petit escalier, un rais de lumière tombant verticalement des trous grillagés permet tout de même de guider les pas. Mais pour voir les cellules à gauche, notre guide allume une poignée de paille et la flamme fait des ombres mouvantes sur les murs, un jeu de lumière et d’ombre, car on ne voit que le vide devant soi. Ces salles noires qui ont servi de cellules pour les rebelles, ont pu être aussi bien, à leur origine, des magasins à grains ou à poudre.

Du palais proprement dit, il ne reste plus rien qu’un escalier aux marches de zelliges. Dans un coin, est une vieille machine de fer qui a servi à fabriquer les pièces de monnaie. Par l’escalier, où il manque quelques-unes des marches laissant un trou noir qu’on passe en se serrant contre le mur, on gagne la terrasse ; elle domine toute la cour, tous les bâtiments décapités et plus loin, comme fond de tableau, sont les toitures vertes des tombeaux sâadiens et le minaret de la mosquée d’El Mansour.

Il faut s’asseoir là un moment, faire appel aux souvenirs de l’histoire marocaine, aux récits que l’on a lus dans les traductions des textes arabes; ici, plus spécialement, le « Nozeth el Hadi », la Récréation du Chamelier, est précieux, car c’est l’histoire de la dynastie sâadienne qu’El Oufrani, sous le règne de Moulay Ismaïl, a écrite d’après les documents de l’époque ; il y donne des détails minutieux du palais d’El Bedi et reproduit les poésies qui avaient été incrustées dans les bois et les plâtres des murs, brodées sur les tentures des salles, toutes inspirées par la beauté du palais. Abou Abbas Ahmed el Mansour se trouvait, en 1578, à la bataille des trois rois, près de son frère le Sultan qui, au cours du combat, fut empoisonné. A son retour de Marrakech, El Mansour fut proclamé Sultan. On compte dès lors avec les chefs du Maroc victorieux des Portugais, des Espagnols et des Turcs; au nom d’El Mansour vient s’ajouter celui de « Billah » le Victorieux par Dieu. Mais le Soudan, pays fabuleux de l'or attire El Mansour.




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Sous le prétexte que les salines sont en territoire marocain, il organise avec les tribus arabes des Cheraga, avec des renégats, une véritable expédition pour conquérir le Soudan ; Gao et Tombouctou sont pillées et la prière y fut dite au nom du Sultan du Maroc. Puis suivront les caravanes, ramenant 14.000 esclaves noirs, du bois d’ébène et des quantités de poudre d’or si importantes qu’à la porte du palais du Sultan El Mansour à Marrakech « 1.400 marteaux frappaient chaque jour des pièces d’or et des bijoux».

Alors, les fidèles éblouis, donnent à El Mansour le surnom de « El Dehbi » le Doré qui le désigne tout particulièrement dans la longue lignée des Sultans marocains. Il est puissant par sa victoire et ses richesses. La chute de Grenade a fait revenir au Maroc des artisans précieux que les Sâadiens sauront employer, bénéficiant ainsi de la dernière civilisation musulmane d’Espagne.

Pour laisser dans la suite des temps une marque durable de sa dynastie, et faire plus encore que les Almoravides, les Almohades et les Mérinides, El Mansour El Billah Ed Debhi, conçut d’élever ce palais qui, par l’ampleur et le faste, dépasserait les limites de l’imagination; car « lorsque les Princes veulent rappeler le souvenir de leur gloire, ils le font par le langage des monuments et tout édifice qui atteint des proportions considérables, reste comme l’indice d’un personnage glorieux. »

En l’an 986 (1778), il fit commencer le Palais d’El Bedi. Il fallut seize années pour l’achever ; on y employa des matériaux les plus beaux. Comme Moulay Ahmed el Mansour avait été en relations avec le duc de Toscane, François II de Médicis, il fit venir de Florence des architectes, des artistes et des ouvriers ; pour lui, furent extraits des carrières de Pise et de Carrare des marbres qui, en 1581, firent l’admiration de Montaigne parcourant l’Italie ; ces marbres furent achetés à poids égal de sucre et les artisans et architectes largement payés, étaient si nombreux que tout contre le chantier, un marché important s’établit où les vendeurs venaient offrir les matériaux.

Aussi, le poète a dit : « Tout palais semble laid auprès du Bedi, car c’est là seulement que les fruits sont savoureux et les fleurs odorantes. » Le Bedi est un édifice de forme carrée avec une magnifique coupole dont nous ne voyons que des murs aujourd’hui au bord de ce trou rectangulaire qui fut la pièce d’eau et il y avait, sur chacune des faces transversales, d’autres coupoles qu’on désignait de la couleur de leur toiture, puis des palais et des logements.


Notre vision est faite des descriptions que donne le récit émerveillé d’El Oufrani : « On y trouve des onyx de toutes les couleurs et des marbres blancs comme l’argent ou entièrement noirs ; les chapiteaux des colonnes étaient recouverts d’or fondu ou de feuilles d’or fin ; le sol était pavé de superbes dalles de marbre poli et finement taillé et les revêtements des murs couverts de faïence aux couleurs variées simulaient un entrelacement de fleurs ou les riches broderies d’un manteau.




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Enfin, les plafonds étaient incrustés d’or et les murailles décorées de ce même métal étaient ornées de brillantes sculptures et d’inscriptions élégantes du plus beau stuc.»

Dans une des salles, tous les signes du ciel étaient représentés avec tant d’artifice que l’on croyait y voir le firmament. Aussi le décorateur fut-il à sa mort puni des peines de l’enfer, dit-on, pour avoir voulu imiter le ciel. La décoration terminée, le Sultan fit courir l’onde la plus pure dans les cours de ce palais. Et les poètes ont fait parler les murs, les tentures, les marbres par les inscriptions qu’ils y ont portées. Pour la coupole : « Je me suis élevée; alors la pleine lune s’est abaissée et s’est prosternée devant moi ; à ce moment, le disque du soleil a formé comme une boucle à mon oreille » ; pour les colonnes : « elles sont pareilles à des vierges qui ont dépouillé leurs colliers et leurs voiles pour montrer leur taille » ; et les eaux dans les bassins sont si abondantes « qu’elles débordent et se répandent sur l’argile brillante pareilles à des mers qui n’ont de limites que les bornes de l’immensité » ; lorsque le soleil éclaire la vasque de marbre, « elle réfléchit ses rayons sur sa face argentée en un ruissellement abondant. »

Du pavillon central, dont il reste aujourd’hui, devant les deux bassins asséchés, un cube de pierres rougies, les hôtes d’antan voyaient les ruisseaux courir au milieu des frondaisons et des fleurs et « confondre leurs eaux que le vent d’ouest agite comme des tentures » ; pendant la nuit, les étoiles s’y reflétaient pareilles à des pierres précieuses. Les sculptures qui ornaient le fronton du palais rappelaient les arabesques des colliers dont les femmes aux yeux noirs parent leur gorge; « l’or qui s’entremêle forme un dessin de brocart sur un fond d’argent». Chaque inscription chante longuement la louange d’El Mansour, le Lion des Combats, la terreur des batailles.

Le palais d’El Bedi fut achevé en l’an 1002 (1594); alors, El Mansour y donna une fête magnifique à laquelle furent conviés tous les notables et les grands du royaume. Par la suite, à l’anniversaire de la naissance du Prophète, le Sultan avait admis le peuple de Marrakech, soldats et tolbas, gens de tribus, à pénétrer par les allées pavées de marbres blancs et noirs et coupées de pièces d’eau dans le palais aux coupoles altières où les murs sont tapissés entièrement d’étoffes de soie, où les portières et les sièges sont incrutés d’or. Derrière le Prince se tenaient les nègres et les renégats, ceux-ci coiffés du casque, et si grande était l’affluence que, par moment, on devait arrêter le flot des visiteurs auxquels on servait dans des plats dorés de Malaga ou de Valence, les mets les plus variés ; d’autres serviteurs trempaient des branches de myrte dans des coupes d’or et d’argent et aspergeaient les convives d’eau de rose et d’eau de fleur d’oranger. Les fumées odorantes s’échappaient des brûle-parfums.

Un jour de fête, El Mansour demanda en plaisantant à son bouffon : « Que penses-tu de ce palais ? » et le bouffon répondit : « Quand il sera démoli, il fera un gros tas de terre. »

Légende créée par la suite, ou bien sinistre présage !




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Un siècle plus tard, en 1710, le grand Sultan de la dynastie alaouite, le tout-puissant et implacable Moulay Ismaïl Ben Ech Chérif fit détruire de fond en comble le palais d’El Bedi, de sorte que ce sol ne fut plus, en effet, qu’un amoncellement de terre bouleversée et de pierres que couvrirent les brousailles et fourrés épineux. Tout ce qui l’avait paré, colonnes, chapiteaux, objets d’art et tentures, mutilés ou volés, furent dispersés par les villes du Maroc ; on en trouva, dit la chronique, même jusqu’en Irak. Moulay Ismaïl, entré victorieux dans Marrakech occupée par son fils Mohammed, avait fait périr les chefs dans les tourments et tout détruire. Par là, voulait-il effacer l’affront cruel d’une défaite antérieure que lui avait infligée, sous les murs de la ville, son neveu Ahmed et aussi faire disparaître à jamais le joyau des monuments qui aurait rappelé la dynastie sâadienne.

Devant les ruines, le poète a dit : « Demeures qui brillez dans ces vallons, vous n’êtes plus peuplées, vous ne formez plus qu’une solitude dans laquelle les oiseaux gémissent de tous côtés. » Et dans cet enclos que l’on nettoie actuellement des broussailles et des décombres, on voudrait trouver l’image de ce que fut le palais d’El Bedi
« L’Eclatant » comparé, à cause de ses ors, de ses marbres et de ses fleurs, au palais célèbre « d’Ezzahira » la Brillante, château fastueux dans la banlieue de Cordoue qu’avait élevé l’Emir andalou Abderrahman III.


★ ★

Marrakech est bien une capitale. Les grands chefs qui ont dans leur montagne les châteaux forts ou kasba à Telouet et Ouarzazate en région Glaoua, à Talaat N’Yacoub et Tagoundaft en région Goundafa, kasba de M’Touga, ont aussi dans la ville des PALAIS où ils résident la plus grande partie de l’année. Ces palais prennent le nom de leur seigneur, Dar el Glaoui, Dar el Madani Glaoui, Dar el M’Tougui où il y a toujours un va et vient de clientèle, surtout près du Dar Glaoui qui est à la fois la demeure et le siège du commandement du Pacha de la ville, Si El Hadj Thami Glaoui. Le Dar el Madani, qui était la demeure de son frère aîné, Si Madani, alors Caïd de la province, est devenu à sa mort bien du Pacha, son frère. C’est un palais un peu abandonné, mais par cela même, il a plus de charme et de poésie. Tous ces palais ont de belles cours intérieures, dallées de marbre avec des massifs de plantes et d’arbustes que dominent les longs cyprès. Le Dar Si Saïd est devenu le Musée des Arts Indigènes après avoir été la résidence du Général commandant la région, qui est actuellement le Dar Moulay Ali, au pied du minaret de la Koutoubia.




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Palais de la Bahia

Porte peinte


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Si Ahmed, Vizir du Sultan Moulay Hassan, fut le maître et seigneur du PALAIS DE LA BAHIA « La Préférée, la Jolie ». Les « Souvenirs du Maroc » de M. de La Martinière qui l’a connu, le dépeignent ainsi : gros bonhomme et court en jambes, son embonpoint lui donnait une démarche de roulement, affable sous un regard aigu, il était sympathique, ce qui lui valut l’appellation familière de Ba Ahmed, le père Ahmed. Son grand-père était un nègre qui appartenait à la garde noire créée par le Sultan Moulay Ismaïl ; il avait eu auprès du maître un rôle privilégié comme intendant de la chambre ; pouvant approcher le Sultan, il en tira quelques bénéfices qui furent l’origine de la fortune qui passa à son fils, Sidi Moussa, grand vizir du Sultan Sidi Mohammed, et par la suite à Ba Ahmed qui, lui, s’éleva encore dans la hiérarchie ; il fut conseiller intime ou hadjib du Sultan Moulay Hassan et précepteur à la fois de son fils préféré Aziz. Il fit si bien qu’à la mort du Sultan, survenue en juin 1894, au cours de la campagne de répression dans l’Atlas Central, Aziz, le fils de l’étrangère, fut proclamé comme successeur et Ba Ahmed exerça pendant sa minorité la régence de l’empire.

Trois portes donnent accès au palais de la Bahia ; par la ruelle qui part du Riad Zitoun, on gagne une cour où sont deux petits bassins sans ornement et un vieil oranger ; c’est la partie la plus ancienne du palais, telle que l’avait laissée Sidi Moussa à son fils Ahmed. C’est par cette cour, dite des communs, que les touristes sont actuellement admis pour la visite de la Bahia. Un porche, sur une petite place en face de Bab Mellah, ouvre sur un jardin et directement sur le palais; mais la grande porte, celle des cérémonies, se trouve du côté opposé et on y arrive en contournant le palais même ; par là, on accède à la grande cour rectangulaire de marbre aux trois vasques qu’entoure une galerie dont les minces colonnes sont couronnées par des croisillons de bois découpés, peints en vert et bleu.

Cette immense cour semble toujours abandonnée, animée seulement par le bruit de l’eau rejetée des vasques. Nous l’avons vue, pendant une nuit d’été dans une animation de fête ; c’était, je crois, en 1917. Le Général Lyautey, pour la réception qu’il offrait, avait redonné à la cour la vie qu’elle devait avoir au temps de la splendeur de Ba Ahmed ; sur les dalles de marbre étaient posés des lampions qui semblaient être les reflets des étoiles ; près des vasques se groupaient les jeunes danseurs chleuhs ou les musiciens ou les chirates, et l’on allait de l’un à l’autre de ces groupes dont les chants et la musique s’alternaient.

La Bahia ne fut pas toujours telle que nous la voyons. Au premier bâtiment, celui de Sidi Moussa, fut ajouté en 1878 le grand riad aux dessins inspirés des jardins andalous avec ses allées de carreaux de marbre qu’encadrent des raies de faïence en surélévation sur des parterres de fleurs. Il y a de longs cyprès, des orangers, des jasmins et, aux croisements des allées, se dressent des vasques de marbre.




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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 3 EmptyMer 17 Sep - 21:13

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De chaque côté du riad, sont de grandes salles aux coffrages enluminés, pour les réceptions. On va du riad à la grande cour par un passage dont les murs sont ornés de zelliges, de plâtres ouvragés au couteau et de poutres de bois peint. Cette ornementation se retrouve partout dans la partie de la Bahia qui fut l’œuvre de Ba Ahmed, car lui-même, quand ses fonctions le laissaient à Marrakech, présidait aux travaux et à l’agrandissement de son palais, à l’embellissement, à la décoration ; aux heures de repos, le père Ahmed s’asseyait avec les ouvriers et discutait volontiers avec eux. Pour augmenter ainsi le palais de nouvelles constructions, il avait acheté ou s’était fait donner, des maisons, des terrains entre le Mellah et la Porte d’Aghmat.

A la manière des Arabes, il n’y a pas de plan d’ensemble ; on agrandit, en effet, sans tenir compte le plus souvent de la construction d’origine ; et ainsi un même corps de bâtiment porte la marque de différentes époques, des différents architectes ; c’est ce qui d’ailleurs fait l’originalité, le décousu, finalement le charme des demeures musulmanes ; on passe d’un bâtiment dans un autre par un petit couloir hors de proportions avec l’ensemble, on trouve un escalier étroit en escargot, et sont réunies ainsi, par des ouvertures plus récentes, des salles à niveaux inégaux; à l’extérieur, les fenêtres ne sont plus sur la même ligne.

Tout ce labyrinthe de chambres décorées, de couloirs, de courettes est l’œuvre de Ba Ahmed ; le petit riad « de la favorite » en l’honneur de Lalla Zinah, sœur du Pacha Ben Daoud, où les orangers et les bananiers sont si serrés qu’ils interrompent la vue d’une chambre à l’autre, était le lieu de réception particulière de Ba Ahmed ; il fut achevé en 1898 ; il devint l’appartement du Maréchal Lyautey lors de ses passages à Marrakech.

Ba Ahmed mourut assez brusquement en mai 1900 dans son palais qui fut repris par le Sultan Moulay Hafid, frère et successeur d’Aziz ; il est actuellement devenu bien maghzen. On m’avait montré une pièce, en bordure de la grande cour de marbre, qui aurait été la salle du Trésor de Ba Ahmed ; dès sa mort, le sol en aurait été creusé pour chercher l’or qui y était accumulé. Est-ce une légende comme il s’en forme toujours à la mort d’un puissant, ou bien est-ce le fait de récupérer ce qui avait été trop facilement gagné et qui peut alimenter le Trésor ? Henri de la Martinière rapporte, en effet, qu’au moment de sa mort, un haut personnage du Maghzen était venu nuitamment chercher l’immense comptabilité que détenait le Régent comme Intendant du Palais.

Ba Ahmed lui-même, quand il était conseiller intime du Sultan Moulay Hassan, n’avait-il pas fait arrêter à Meknès les deux frères Jamaï, l’un Grand Vizir, l’autre Ministre de la Guerre, et mis en prison à Tétouan, dans le but de confisquer leurs biens ? — Retour des choses —....



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