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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 LE MAROC (J. - L. Miège)

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Pierre AUBREE
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SOUK A SKIBA, PRES DE KASBAH TADLA.

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VILLAGE DE T’SOUDAT (GRAND ATLAS). PRÉPARATION DE L’AIRE DE BATTAGE.


... rares demandent un dur travail, contraignent aux disciplines collectives. A l’écart des civilisations, filles des villes du bas pays, le montagnard fut l’éternel dissident sur lequel s’usèrent tous les pouvoirs qui prétendaient ...


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... s’imposer à lui. L’influence romaine a pu installer la maison latine dans la plaine; le Berbère a conservé sa demeure, sa langue et ses mœurs. L’Islam même ne pénètre ici que superficiellement; un certain nombre de tribus ignorent encore l’arabe. On a l’impression d’atteindre un monde en dehors de l’histoire et, par-dessus les siècles, les tableaux inchangés de l’Ancien Testament.
Mais sur ce monde fruste, particulariste et original, déjà l’influence moderne commence de mordre. Ses moyens, sa force de pénétration ne sont, à aucun degré, comparables à ceux du passé. La route qui s’enfonce dans la montagne rompt ses défenses. La montagne était opposition; elle devient complément. La paix venue et les relations assurées, une économie d’échanges plus actifs s’établit. Et derrière les rapports économiques se glissent la langue arabe et l’influence religieuse. Le monde berbère des massifs, doublement investi par les civilisations européenne et arabe, ne conserve plus intégralement ses caractères qu’à l’écart des grandes voies. Le long des routes gîtes d’étape et hôtels s’installent, tandis que se noue le réseau des transports.
La région centrale du Moyen Atlas est la partie de la montagne la plus marquée par cette empreinte européenne. Au début du grand circuit touristique qui de Meknès par Midelt gagne le Sud, à proximité de Fès et de Meknès, elle offre aux sports d’hiver ses massifs enneigés cependant que ses eaux et sa verdure en font un remarquable séjour d’été. Déjà les petites villes d’El Hajeb, d’Immouzer, de Sefrou surtout au milieu de ses jardins apparaissent, sur les premiers gradins de la montagne, comme de véritables oasis au sortir des plateaux surchauffés.
Mais c’est plus haut qu’ont été organisés les vrais centres de repos. Ainsi Ifrane offre le spectacle de toutes les stations estivales avec ses rues goudronnées, ses grands hôtels et ses chalets, sa piscine et ses jardins, ses terrains de sport. Cette petite ville n’était, il y a une vingtaine d’années, qu’un modeste village berbère sur un plateau désolé; en 1926, la commission chargée de reconnaître les sites du Moyen Atlas qui offraient le meilleur emplacement pour une station d’altitude choisit la vallée d’Ifrane tout autant pour sa facilité d’accès que pour des raisons de sécurité : la pacification était encore récente. Le long de l’oued des saules et des peupliers ombragent des prairies dont, en forçant un peu la vérité, la nostalgie aidant, on peut dire qu’elles évoquent la France. Azrou, le premier village de montagne, puis Aïn-Leuh et tant d’autres accrochent sur les pentes leurs maisons de pisé, aux rares ouvertures, serrées les unes contre les autres et n’offrant, vues des hautes rues, que la succession des plans horizontaux de leurs terrasses de chaume et de terre. Autour se tassent jardins et vergers, qu’arrosent un réseau de seguias, bordées d’une végétation plus touffue et plus verte, qui vont, à travers champs, se greffer sur des sources ou sur l’oued voisin. Et, comme dans le Sud, des règlements stricts que fait observer la communauté villageoise ...


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyLun 9 Jan - 7:20

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TROUPEAU DANS LA MONTAGNE.

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyLun 9 Jan - 7:27

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... imposent la répartition de l’eau. Enserrées entre la grande forêt, les pâturages des hauts et la plaine, les terres cultivées sont peu nombreuses, se fragmentent en petits îlots, en terrasses, qui se divisent à l’infini jusqu’à donner plusieurs propriétaires à un seul arbre.
Dans toute la région, d’Ifrane à Midelt, la grande forêt de cèdres offre la splendeur de ses sous-bois, de ses hautes futaies, si rares en Afrique du Nord. Résistant au froid, l’arbre monte jusqu’à 2.500 mètres. Les immenses étendues argentées recouvrent les blocs de roches, dévalent les étroites vallées, prennent parfois l’ordonnance de véritables parcs. La forêt est coupée par de vastes dépressions, marneuses, cultivées, et de grands pâturages, verts et fleuris jusqu’avant dans l’été. Des transhumants y montent au début de la belle saison, descendent en hiver dans la vallée.
Sur l’herbe, les carènes des tentes mettent leur teinte sombre. Filées et tissées avec la laine des moutons, fixées au sol par de solides piquets de bois soutenant une poutre horizontale, elles ont grande allure. Elles se groupent dans les creux, près des points d’eau, autour d’une cour centrale où, au soir, le troupeau se retire à l’abri. Parfois au-dessus de leur moutonnement brun s’élève, conique, la tente décorée d’un caïd.

La région montagneuse du Maroc central, entre la grande route de Meknès à Erfoud au nord et celle de Marrakech à Ouarzazate au sud, est beaucoup moins connue. Plus tardivement pacifiée (sa soumission ne date que de 1933), moins facilement accessible, à l’écart des grands circuits, elle reste un monde à bien des égards encore mystérieux. En dehors des sites les plus célèbres, cirque de Jaffar, plateau des lacs, cascades d’Ouzoud, que de paysages grandioses ! Quelle diversité humaine aussi. Chaque tribu garde son individualité née de l’histoire et des conditions particulières dans lesquelles elle vit. Les unes, vieilles tribus demeurées depuis des siècles sur les mêmes territoires, sont sédentaires et leurs villages se groupent le long des vallées où elles cultivent le blé, l’orge et le maïs. D’autres sont formées de pasteurs récemment fixés qui restent transhumants. Les troupeaux, une partie de la famille oscillent de la maison de pierre des vallées aux tentes et aux abris des pâturages d’été. Dans la région où le Moyen Atlas se soude au Haut Atlas les tighremt, ou enceintes magasins, se multiplient, souvent installés entre les deux habitats. Autour d’eux se serrent les tentes, les maisons ou les nouallas. Véritables centres de ralliement quittés en novembre, rejoints dès la mi-avril jusqu’à ce que la remontée vers les prés les fasse abandonner. Ce sont des bâtisses rectangulaires construites autour d’une cour, flanquées de quatre tours, autrefois refuges, habitations temporaires, greniers de la communauté et centres de la vie collective.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyLun 9 Jan - 7:34

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Fortifiés, car il fallait lutter non seulement contre la nature mais contre l’homme, ils sont l’image même du canton montagnard aux membres étroitement liés et toujours sur leurs gardes. De nombreuses cellules se superposent en plusieurs étages. Les membres de la communauté viennent y déposer leurs provisions : nul vol n’y est à craindre, car le lieu est « horm », sacré. Mais l’institution est généralement en décadence. Que de greniers en ruine, dont les tours ne portent plus de gardiens et les niches restent vides; et plus encore combien sont détruits! L’institution répond de moins en moins aux nécessités économiques.
Un Berbère ami, avec lequel je m’entretenais de l’ancien fonctionnement du tighremt abandonné du village, me répondit : « C’était comme la banque. » Cas particulier, certes, et tous les Berbères ne connaissent pas l’usage de la banque, mais symptomatique et qui résume la révolution dont sont menacées les vieilles institutions de la montagne.
Certaines tribus enfin, telle celle des Aït Atta, sont formées uniquement de pasteurs qui ne connaissent que la tente mal close et vivent dans une incroyable promiscuité avec la nature.
Déplacements collectifs des nomades et règlements des communautés villageoises n’empêchent pas la montagne d’être la patrie de l’individualisme caractéristique du Berbère et du pasteur. Le régime quasi féodal qui s’appesantissait dans la plaine n’atteignait point la montagne et elle demeurait le pays des petites républiques et des confédérations indépendantes. Cet esprit irréductible et « démocratique », le sultan l’enfermait dans son domaine de hautes roches par une ceinture de casbahs. Ses harkas (1) parfois ne s’y aventuraient qu’à grand-peine : l’expédition de Moulay Hassan en 1893 est demeurée mémorable. Toute la montagne était ainsi le refuge de l’archaïsme économique et social. L’homme vit comme il vivait il y a deux mille ans, dans ces petits cantons séparés qui conservent leurs coutumes spéciales, l’orf ou l’izref qui les régissent, et ne sont guère soumis à la loi coranique. Ils pratiquent un auto-gouvernement dont l’organe essentiel est la Djemaa, conseil des hommes, des chefs de famille, assemblés sur la place ou dans la maison commune. Il faut voir ces hommes graves délibérer sur les affaires du village, les problèmes personnels, les manquements aux règles de la collectivité, les rapports avec les communautés voisines.
Ce « conglomérat de petites républiques acharnées à maintenir leur autonomie » se défendait contre l’autorité de la plaine, mais aussi contre les prétentions des unes ou des autres à dominer. Lorsque le voyageur arrivait à la limite du territoire d’une tribu, son guide l’abandonnait : « Débrouille-toi, maintenant. Nous voici chez des étrangers; je ne peux plus rien pour toi. »
L’Atlas est terre d’indépendance et, comme le disait Taine des ...

(1) Armées



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PLATEAU DES LACS. FEMME CHARG2E DE BOIS.

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PLATEAU DES LACS. CHARRUE PRIMITIVE.


... Pyrénées, « la liberté a poussé ici de toute antiquité, hargneuse et sauvage ».
Cette fierté, la simplicité, la noblesse naturelle, voilà le charme du Berbère qui « sur la terre est vraiment chez lui, familier avec toute chose... Cordialité de l’accueil, largesse de l’hospitalité, gaîté constante et bonhomie sont les manifestations immédiates de cette profonde humanité... qui durant des millénaires a rendu la vie possible dans ces petites sociétés sans chefs ni cadres permanents, sans autre organisation que celle toute spontanée qui repose directement sur l’homme, sur le respect de sa personne, sur la fidélité au sang et à la parole. » (ROBICHEZ, Maroc central, même éd.)
Une crédulité primitive, des pratiques magiques baignent d’une atmosphère irrationnelle la vie de tous les jours, entretiennent un monde de légendes nées des grands déplacements de la transhumance, de la garde des troupeaux sur les hauts plateaux solitaires sous le ciel étoilé, du spectacle souvent terrifiant d’une nature grandiose. Car à travers ...


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FEMME BERBÈRE TISSANT LA LAINE.


... tout l’Atlas, d’Ifrane au Tizi n’Test c’est la même grandeur du paysage. Région des lacs, des aguelmans aux eaux froides, posés dans leur sombre décor de cèdres, de roches ou de laves nues; gorges profondes qui coupent les étendues désolées des hauts plateaux où s’attardent longtemps, dans quelques creux, les taches de neige ; cirques de roches, où tombent les cascades, pentes boisées, broussailles des hauteurs où se confondent avec la pierre les abris des bergers; tout a sa légende, ses vertus ou ses ...


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AHOUACH DE NUIT.

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AHOUACH DE NUIT.


... maléfices. Non pas histoires brumeuses ou carnavalesques, contes, qui font délicieusement peur, récits à peine crus racontés pour amuser, mais traduction d’une dure expérience, celle des forces de la nature qui dépassent l’homme, qu’il craint, parce qu’il est homme, mais qu’il affronte. Les exploits des guerriers, les grandes calamités du passé se sont fondus, déformés, incorporés à la vie quotidienne. Tout prend forme de mythe et le sacré est quotidien.
Un riche folklore se perpétue aussi, enfermant la sagesse, l’expérience et la poésie du peuple berbère. Henri Basset, E. Laoust ont recueilli de nombreux contes qui, parfois, rappellent étonnamment ceux d’Europe. Souvent les limites sont peu précises entre le conte, le mythe et les formules magiques dont le conte a retenu quelque chose. Il faut ne le réciter qu’à la nuit, à la veillée. De jour,


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AHOUACH DE NUIT.

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LAC DE TILSIT, PRES D’IMILCHIL.


... mille et un accidents frapperaient le conteur audacieux. Il tomberait malade, deviendrait difforme et surtout ses enfants encourraient grand risque d’être atteints de la teigne.
Des formules consacrées protègent contre les maléfices des mauvais ...


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DOUAR DE TIRERMT, AU SUD D'IMILCHIL.

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TMELIL.


... génies. Le plus souvent les récits mettent en action des êtres monstrueux, mi-bêtes mi-hommes, ogres hideux, vivant dans les grottes, les forêts, sur les cimes inaccessibles ou dans l’au-delà des montagnes. Ils fréquentent surtout certains lieux hantés ; les passages difficiles de rivières ...


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... dans lesquelles leurs griffes velues et froides entraînent. Tous les animaux familiers à l’homme participent à ces aventures : la moitié de coq, sorte de demi-animal qui enrichit son possesseur, l’animal reconnaissant qui sort d’embarras son maître imprudent. Et le thème est fréquent d’animaux sauvages qu’une belle jeune fille apprivoise.
Talismans et amulettes sont d’usage courant. Les thérapeutiques les plus bizarres sont parfois employées. Voici, entre cent, comment le docteur Linarès décrit, en 1893, le traitement des morsures d’une araignée venimeuse que seule la transpiration peut guérir : « Voici le sudorifique employé : on creuse un fossé dans lequel on étend le patient qui est alors recouvert jusqu’au menton d’une couche de terre provenant du fossé. Sur cette carapace terreuse, on allume un bon feu qu’on entretient avec soin durant le temps fixé par les augures, puis on procède au dégagement du sujet qui, presque toujours, a cessé de vivre. Ce qui prouve, disent les Berbères, combien est toxique le venin de Bou-Ciha [cette araignée]. »
Les images d’une vie biblique apparaissent à chaque instant sous le soleil brûlant ou dans l’air glacé. Au matin, dans la poussière dorée qui s’élève sur les pentes dures des montagnes, les troupeaux de moutons vont aux pâturages. Les voici, gardés par un vieux pâtre appuyé sur son bâton, contemplant sans le voir, perdu dans le compte de ses bêtes, l’immense paysage de collines et de bois à ses pieds. Un laboureur porte son araire jusqu’au champ. L’objet est entouré d’un respect religieux. Jamais l’artisan qui le fabrique ou celui qui le répare ne saurait être rémunéré en espèces. Et son vol est un sacrilège.
Autour des plates maisons de pisé, sur les disques des aires de battage, les animaux attelés au pieu central tournent dans la balle envolée. Crinières et queues s’enlèvent sur le fond de montagnes et de rochers et un homme apparaît emporté dans leur course, comme un coureur antique. Ici, ce sont des ânes qui tournent aux cris des enfants; en file, des femmes reviennent de la source ou du bois, courbées sous les fagots de branches ou d’épineux, — buissons marchants.
Aux mêmes scènes antiques, aux fêtes de Grèce ou de Crète, font songer les danses berbères. Que ce soit ahouach du Sud, ou ahidous du Nord, elles présentent la même unité foncière : triomphe du rythme, de l’harmonie des ensembles, aspect collectif, tous les participants faisant les mêmes gestes en même temps.
Dans l’ahidous des Beraber du Maroc central les hommes sont mêlés dans le cercle des femmes, composant ainsi une ronde à sexes alternés. La danse naît de la moindre occasion, fête ou moisson.
Les corps se balancent, les gestes, précis, sont commandés par le rythme rigoureux, la batterie régulière et contraignante des tambourins ou des mains frappées. Face à face, épaules contre épaules, les femmes, les hommes se rapprochent, s’écartent, s’unissent en arc pour former ...


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... un cercle mouvant qui se divise à nouveau. Le rythme monte, s’accélère, paraît atteindre à la frénésie, culmine dans une exaltation presque insupportable, puis décroît lentement, se calme en conservant une vibration contenue.
Comme si l’âme collective de la tribu prenait conscience d’elle- même, dans le rythme et le rite de la danse, symbole même de la tribu serrée autour du foyer sacré. Parfois, une femme se détache, gantée de bracelets, parée de pièces d’argent et d’or, douros et hassanis, un tatouage bleu sur sa peau foncée, brunie par le vent, le soleil et l’éclat des neiges, du brun des roches, du brun or du sable. Tournoiement d’étoffes légères vite refondu dans le groupe.
L’ahouach des Chleuhs de l’Atlas occidental est surtout danse de l’ombre, exécutée la nuit dans les cours à la lueur des flambeaux qui déforment les silhouettes, dédoublent la scène sur les hauts murs. La danse où les tambourinaires sont groupés au centre du cercle formé par les danseuses se gonfle d’un poignant mystère, fait se lever mille réminiscences d’un âge oublié.
Pourtant les abords de la montagne sont attaqués par la vie moderne. Dans le haut bassin de l’Oued Abid s’élèvent les chantiers du barrage de Bin el Ouidane qui constituent la pièce maîtresse du programme d’équipement hydroélectrique. L’Oued Abid est un affluent de l’Oum er Rebia, le fleuve le plus abondant et le plus régulier du pays, sur lequel existent déjà de nombreux ouvrages. Ceux-ci construits d’abord à l’aval ont gagné l’amont, symbolisant les forces nouvelles du Maroc moderne investissant chaque jour de plus près les derniers bastions du Maroc archaïque. Dès 1925 la première usine avait été mise en chantier dans une boucle inférieure du fleuve. Ce barrage de Sidi Machou fut suivi par ceux de casbah Zidaniah (1936), Im Fout (1947), Daourat (1950).
Mais sur les bords mêmes du massif montagneux, dans les gorges calcaires où s’enfonce l’Oued Abid s’ouvre un chantier unique en Afrique du Nord. Routes d’accès, galeries de dérivation ont préludé au gros de l’œuvre : deux barrages, l’un de 130 mètres de haut à Bin el Ouidane, l’autre de 30 mètres suivi d’un tunnel de 10 kilomètres. Immenses travaux commencés depuis six ans et qui, malgré l’ampleur des moyens mis en œuvre, doivent en durer encore trois ou quatre.
La poésie dépouillée de l’architecture moderne trouve son meilleur décor dans l’âpre environnement de montagnes. La silhouette des ouvriers sur les collines voisines, domaine des éleveurs, illustre le mot de Lyautey : « Le Maroc c’est le moyen âge et l’électricité. » Dans cette gorge sévère naît une véritable révolution dont les ébranlements iront, en ondes successives, atteindre des zones de plus en plus lointaines.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyMer 11 Jan - 18:21

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TYPE DE JEUNE BERBÈRE DE LA TRIBU DES AIT YAZZA.


Le barrage permettra d’irriguer plus de 100.000 hectares; de l’irrigation naîtront les cultures nouvelles, les villages, les centres administratifs, les écoles et les infirmeries qui les accompagnent. Une évolution sans pareille fera bientôt entrer ce domaine de rocs et de neiges dans le nouveau Maroc et posera à ces pasteurs qui vivent hors du temps le problème des adaptations humaines.




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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyMer 11 Jan - 18:44

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AUX ENVIRONS DE MARRAKECH.

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyMer 11 Jan - 18:47

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MARRAKECH ET L’ATLAS.

POUPÉE DE MARRAKECH.


MARRAKECH

Marrakech est le carrefour des mondes marocains. Il faut l’aborder venant de Casablanca ou de Mazagan. Aux riches terres océaniques succèdent les étendues désolées du pays Rehamna. La route droite s’enfonce dans une plaine sans arbres, que le vent balaie. Sur cet horizon apparaissent les premiers palmiers. Il est célèbre, le contraste de la palmeraie ...


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyMer 11 Jan - 18:49

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TOMBEAUX SAADIENS.

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 EmptyJeu 12 Jan - 6:05

page 173

LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 7 Maroc193


... et du minaret de la Koutoubia, se profilant sur les chaînes blanches de neige du Haut Atlas; et chaque fois, on retrouve dans ce paysage si connu, l’harmonie des lignes, l’étrangeté des couleurs. Capitale du Sud, ville rouge : il faudrait redonner jeunesse à ces mots qui d’être toujours accolés à la ville perdent de leur force évocatrice. Pourtant c’est bien le monde saharien qu’annonce Marrakech. Du Sud sont la lumière, les palmiers, et la population, en grande partie. Mais elle est autre chose qu’une grande ville aux lisières du Sahara. Rouge? oui et non. En réalité, toutes les nuances entre l’ocre rose, le beige, le rosé et le rouge s’y mêlent. Il lui faut la poussière et le grand soleil écrasant, vide, comme Fès a besoin de la lumière du Nord. C’est, d’ailleurs, devenu un exercice quasi classique que le parallèle entre les deux villes : amoureux de l’une et de l’autre ont de magnifiques arguments. Chacune représente un des principaux aspects du Maroc : le lien avec l’Orient, le lien avec le Sud.
C’est du Sahara que vint le fondateur de la ville, Ibn Tachfine, en 1062. Sortis du désert et au terme de leurs longues courses nomades, les Almoravides n’eurent qu’un désir : se fixer dans le pays conquis, pour le dominer et en drainer les richesses. Entre les vastes régions soumises et le Maroc encore hostile, c’était une étape, tout autant base de départ pour les expéditions futures que place de défense d’où surveiller les tribus turbulentes de la montagne; un carrefour déjà aux limites des trois mondes. Mais les Almoravides voulurent en faire aussi un centre religieux; une mosquée s’y éleva et l’émir lui-même, dit-on, tint à participer au travail, aidant les maçons. Il semble que ces éternels vagabonds, las de ne laisser aucune trace de leur passage, aient voulu enraciner le souvenir de leur épopée. Ils étaient aussi prisonniers de leurs victoires. Pour gouverner, il faut une capitale et des services, et passer de l’âge de la conquête à celui de l’organisation. La ville supplanta bientôt tous les marchés des environs.
Des murailles entourèrent le vaste camp de nomades qu’était encore la ville au XIe siècle. Les Almoravides y transportèrent aussi le décor familier de leur vie d’autrefois et cette palmeraie paradoxale, comme un regret de leur horizon perdu. Mais l’existence de la dynastie fut courte. Elle ne connut pas les lentes maturations. Comme ces plantes du désert, d’où elle venait, que leur cycle végétatif si bref fait se faner sitôt après avoir germé et fleuri. Jaillissement, bref épanouissement, retombée : un siècle suffit à l’histoire merveilleuse et désolante des Almoravides.
Les Almohades prirent la ville. Elle fut longue à tomber, mais sitôt conquise, devint la capitale d’Abd el Moumen. Ce furent les Almohades qui l’embellirent. La cité florissante, à chaque règne parée de nouveaux monuments, Koutoubia, mosquée de la casbah, ne cesse alors de voir sa réputation grandir. C’est le « Kairouan marocain », le « Damas de ...


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LA KOUTOUBIA.

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SOUK COUVERT.

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... l’Occident ». Le minaret de la Koutoubia se voit de loin, s’élevant à près de 70 mètres. Il continue de dominer la ville et l’art hispano-mauresque qui, à la lumière du Sud, prend une force nouvelle. Le soleil creuse cet art un peu plat et les couleurs s’ajoutent au dessin. Le décor sculpté, puis peint sur enduit s’arrête dans la partie supérieure sur une ligne de mosaïques. Les zelliges, bleus, blancs, violets, fumés, se détachent sur le fond ocre de la pierre du Gueliz. L’harmonie des couleurs ne souffre pas de la lumière dorée et du ciel bleu. Un lanternon surmonte le minaret bordé de parapets crénelés. Lui-même se prolonge par trois boules de cuivre de 2 mètres, 1 mètre et o m. 50 de diamètre ; elles étaient autrefois d’or fin, dit la légende, fourni par la femme d’El Mansour qui avait sacrifié ses bijoux. La Koutoubia porte à leur perfection les qualités de l’art marocain : simplicité de la ligne, richesse du décor sans mauvais goût, jeu harmonieux de quelques tons chauds. Le tout magnifiquement mis en valeur par les jardins et les espaces nus autour du monument.
Depuis des siècles le muezzin, cinq fois par jour, revient y appeler à la prière les citadins. De tout temps, la Koutoubia fut particulièrement vénérée. Mosquée des libraires dont les boutiques l’entouraient, elle devint bientôt lieu de pèlerinage. Chaque génération y apporta son lot de légendes. Un souterrain aurait permis au sultan d’y venir, sans crainte, faire ses prières ; les fondations du minaret dépassaient en importance sa hauteur; le monument aurait été beaucoup plus vaste, une partie ayant été détruite sur l’ordre des oulémas, après qu’un sultan y eut, bravant le droit d’asile, fait massacrer pendant leurs prières, des rebelles réfugiés... Et, comme dans tous les lieux anciens du Maroc, des génies veillent sur la mosquée. Sa renommée a éclipsé les autres sanctuaires almohades de la ville, beaux pourtant avec leurs panneaux d’entrelacs, leur mosaïque de faïence sur le rose de la brique et la calme majesté de leurs lignes.
Mais cette ville du Sud, au caractère âpre et violent, ne pouvait convenir au génie des Mérinides. Fès devient leur capitale (XIIIe siècle), et Marrakech entre dans une longue période de demi-effacement. Avec les Saadiens s’ouvre, au XVIe siècle, l’âge d’or de la cité. Chefs de guerre sainte venus du Draa, ils y retrouvaient le souvenir des sahariens almoravides, des réformateurs almohades. Ils renouaient les liens avec le Soudan; et tout autant que la ville du Sud marocain, c’était la cité du Nord, celle qu’atteignaient les caravanes venues de Tombouctou. Elle compte alors plus de 500.000 habitants.
La victoire d’Alcazar-Kébir donna à Moulay Ahmed el Mansour l’occasion de doter la ville d’un palais digne de son passé et de ses nouvelles destinées. L’argent des rançons de milliers de nobles portugais allait lui permettre, pour célébrer ce triomphe et fixer dans la pierre la gloire de sa dynastie, d’élever le palais d’El Bedi; décoré de marbre de Carrare « payé en sucre poids pour poids », il éclipsait, d’après les ...


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