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| Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. | |
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Auteur | Message |
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Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 11:11 | |
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 16:52 | |
| ... page 19 Volubilis. Le temple d'Adrien. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 16:54 | |
| ... page 31 Mausolée des rois Saadiens. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 16:58 | |
| ... page 42
L'INTERVENTION FRANÇAISE ET L'INSTALLATION DU PROTECTORAT ... Ce furent les événements qui, en se précipitant, amenèrent la France à prendre la position en relief que lui commandaient les nombreux et difficiles problèmes que posait la proximité de son empire nord-africain. Abd-el-Aziz, le fils de Moulay-Hassan, était un jeune homme quelque peu puéril, s'adonnait au jeu et à la mécanique européenne et s'endettait. Paresseux et indifférent, il laissait les intrigants autour de lui, mettre le Trésor au pillage, Sans ressource et sans armée pour imposer de nouveaux et nécessaires impôts, le pays fut bientôt livré à une anarchie aiguisée par l'appétit des puissances et qui s'étendit vite jusqu'aux confins algériens. La France se devait de sauvegarder ses intérêts et de prendre les précautions nécessaires. En 1900, nos troupes occupent Touat, et le Maghzen effrayé signe un traité qui prévoyait une certaine collaboration franco-marocaine sur la frontière, en ce qui concerne la surveillance mutuelle de la police, des douanes, et du commerce. Cette collaboration aurait pu être fructueuse, mais l'administration marocaine fut incapable de s'en décharger. Aussi le colonel Lyautey chargé de la surveillance des confins algériens, occupait-il Colomb-Béchar en 1903 et lançait des colonnes volantes jusqu'à la Moulouya. L'anarchie dangereuse qui régnait au Maroc, véritable poudrière qui pouvait éclater à tout instant et secouer toute l'Algérie, nous imposait dès lors une politique active, et nous donnait le droit naturel de pénétrer au Maroc, pour y apporter l'ordre et la pacification. Mais pour faire accepter sa pénétration, la France devait au préalable s'entendre avec les nations européennes. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:03 | |
| page 43 Elle signa en 1904, des accords avec l'Angleterre, l'Italie et l'Espagne. Au prix de quelques concessions en Egypte, à Tanger, et dans le Rif, nous obtenions les mains libres, jusqu'à un certain point, pour entreprendre à l'égard du Maroc, une politique active. Un emprunt, gagé par les douanes, était placé Le général D'AMADE sous le contrôle de la France, qui, par ailleurs, soumettait au sultan tout un programme de réformes dont elle aurait assuré l'exécution. Mais l'intervention de l'Allemagne, que la politique d'entente cordiale de M. Delcassé laissait de côté, remit tout en question. L'empereur Guillaume II débarqua à Tanger le 31 mars 1905, déclara que la visite qu'il faisait était adressée à un Sultan indépendant, et qu'il ne reconnaissait aucun privilège commercial. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:07 | |
| page 44
Devant cet appui inespéré, et que ne semblait pas faire prévoir l'attitude de l'Allemagne au Congrès de Madrid, où elle avait déclaré se désintéresser du Maroc, le sultan rejeta notre projet de réformes. II nous fallut composer, et accepter la Conférence d'Algésiras (7 avril 1906). Grâce à l'appui de l'Angleterre et de l'Italie nous ne perdîmes pas grand-chose, mais l'Allemagne fit admettre le principe de l'égalité de traitement en matière commerciale. Malheureusement, l'internationalisation du Maroc qui se trouvait un peu plus prononcée, ajournait les résultats de nos efforts et ouvrait une porte à tous les prétextes que l'Allemagne pouvait imaginer pour gêner notre action.
Aussi les partis de résistance, au Maroc, se sentant soutenus contre nous, multiplièrent-ils les révoltes et les attentats. Le docteur Mauchamps, qui s'était adonné avec tant de générosité au soulagement des indigènes, fut assassiné à Marrakech en 1907. Pour marquer le coup, la France fit occuper Oudjda. Les Beni-Snassen se livrèrent à des razzias sur notre territoire et le général Lyautey qui commandait, alors, la division d'Oran, dut aller les châtier. Enfin, le massacre des ouvriers qui travaillaient au port de Casablanca et le pillage de la cité par les tribus voisines nous amenèrent à bombarder la ville, puis à l'occuper avec les troupes du général d'Amade qui se trouva bientôt maître de toute la Chaouia.
Ainsi attaqué par les deux flancs du Maroc, Abd-el-Aziz sentit qu'il n'avait rien de mieux à faire que de se jeter dans nos bras. Mais s'appuyer sur l'étranger, c'est, pour un sultan marocain, déterminer inévitablement la réaction de la montagne ou du désert; un nouveau prétendant, Moulay-Hafid, aidé par l'Allemagne, renversa le faible sultan et s'instaîlla à Fès.
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:11 | |
| page 45 Bientôt toutefois, et à son tour sans argent et sans soldats, assiégé dans sa capitale par les tribus pillardes des environs, il dut se résoudre lui aussi à faire appel à la France le 27 avril 1911. Le 21 mai, le général Moinier répondant à cet appel, entrait à Fez, puis occupait solidement Meknès et toute la route qui le reliait à la côte. Les opérations furent rapidement menées: les colonnes Brulard, Simon et Gouraud y participèrent Le général BRULARD. dans des conditions remarquables de décision et de rapidité qu'il est inutile de rappeler ici, car le souvenir de cette mémorable campagne est encore présent à toutes les mémoires. Aux yeux de l'Allemagne, toujours prête à exercer sur nous un véritable chantage, à tirer profit de nos moindres gestes pour brouiller les cartes, cette pacification armée à laquelle nous nous étions décidés sur le désir marqué par le souverain du Maroc, était une mainmise soi-disant intolérable. Pour marquer sa protestation elle envoya un | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:14 | |
| page 46 vaisseau de guerre, le " Panther " devant Agadir, sous prétexte de surveiller ses intérêts miniers dans le Sous. La Grande Guerre de 1914 faillit être devancée de trois ans par cet événement d'une extrême gravité. Il fallut tout notre sang-froid, l'acceptation de certains sacrifices au Congo, et surtout l'appui très ferme de nos alliés pour éviter la conflagration générale; par la convention du 4 novembre 1911 l'acceptation Le général MONNIER. de notre protectorat par l'Allemagne se trouvait consacrée; bien que celle-ci ne dût pas nous épargner par la suite et jusqu'au traité de Versailles des intrigues gênantes, nous avions pourtant, avec beaucoup d'habileté et de suite dans les idées, obtenu les moyens et le droit de pacifier et d'organiser le pays. L'acte de protectorat fut signé par le sultan Moulay Hafid le 30 mars 1912. Tous les actes administratifs du Maghzen étaient désormais soumis au contrôle du représentant de la France, qui devenait la seule intermédiaire entre le sultan et les puissances étrangères. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:19 | |
| page 47 L'ŒUVRE DE LYAUTEY
Cet acte avéré de soumission déclencha la révolte comme un ressort se détend au toucher. Mais cette révolte fut moins l'explosion d'un sentiment national que l'œuvre en sous-main des fourberies de Moulay-Hafid. La révolte prit naissance à la porte même de son palais, chez les tabor, soldats de la garde chargés de la police, que commandaient des instructeurs français, II faut lire dans le livre de Tranchant de Lunel, le récit du massacre tragique qui ensanglanta, alors, les rues de Fez. « Pour la première fois, depuis tant de séjours à Fez, au moment où je remontais à cheval, j'entendis derrière moi un réflexion malsonnante. Je ne pouvais croire tout d'abord qu'elle s'adressait à moi, et par dignité, pour ne point paraître l'avoir comprise et aussi parce qu'elle précisait en moi toutes les impressions de danger et de malaise qui m'avaient assailli depuis plusieurs jours, je piquai ma monture de l'éperon... Je remontais vers la gauche, par le quartier de la Doua. Bien m'en prit, car si j'avais suivi la route accoutumée, quelques moments après j'eusse cessé de vivre, je me serais trouvé sur le chemin où, au même instant nos amis Cuny et de Lesparda (1) étaient abattus. Leurs têtes tranchées, portées au bout de piques dans les rues de la ville, suscitaient le furieux enthousiasme des révoltés. « J'appris ce crime dès mon arrivée à la maison... Des coups de feu d'abord espacés, puis plus rapprochés, crépitaient maintenant sans trêve. Une rumeur (1) Officiers du Tabor. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:22 | |
| page 48
de foule excitée faisait une basse lugubre aux cris aigus des femmes et au claquement sec des coups de fusil.
« Tout-à-coup, ce furent les détonations des obus éclatant ça et là, dehors ou sur la ville, tir au canon intermittent, révélateur des mains maladroites maniant l'arme de mort. Impatient, je montai sur la terrasse. Des balles sifflaient. Notre rue était prise en enfilade par des projectiles qui faisaient sauter les écailles de chaux desséchée des murailles. Je résolus de passer par les terrasses chez le commandant de Lamothe qui occupait une maison voisine de la nôtre et qui, dès les premiers mots, ne me cacha pas la gravité de la situation.
«... Une inquiétude plus insupportable que tous les dangers m'inspira l'idée de me rendre auprès du général Brulard, qui avait établi son P. C. à l'hôpital. Je croisai B... sur la porte de l'ambassade. Il était livide. Je n'eus pas à l'interroger pour apprendre qu'aucun de ses collaborateurs, sauf un, n'était au poste de la T. S. F. à Bab-el-Hadid. Les cinq autres, assiégés dans leur maison à l'heure du déjeuner étaient certainement tombés aux mains des rebelles, et égorgés.
« B... me dit encore qu'il avait essayé de se rendre jusqu'à leur appartement et d'y pénétrer, maïs que, repoussé par le remous d'une foule en fureur et les coups de feu d'askris juchés sur les terrasses voisines, il avait aperçu une horde d'indigènes qui, les mains rouges de sang, sortaient de la maison... Pour ses collaborateurs, tout était fini, comme pour tant d'autres.
Dans la même soirée, vers dix heures, nous devions retirer, par morceaux, de cette maison qui,
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:25 | |
| page 49 depuis, est devenu la chapelle, les cadavres calcinés de nos malheureux camarades. « Vers cinq heures du soir, sous une pluie battante, les tirailleurs du bataillon Philippot qui, partis de Dar Debibagh après une marche terriblement pénible, avaient pu pénétrer par Bab-el-Halid, arrivaient Le général GOURAUD. pour nous secourir non sans avoir perdu en cours de route de nombreux morts et blessés... « Telles étaient les nouvelles vagues et sans cohésion qu'il nous était donné de connaître dans les premières vingt-quatre heures de la révolte, nous savions seulement que la plupart des Français établis à Fez avaient été massacrés... « Le lendemain, dans la matinée, un apaisement | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:30 | |
| page 50
semblait se faire et l'ambassadeur (1) me demanda si je me chargerais d'une mission assez scabreuse au Meilah. Conduites par leurs instincts de pillards, les bandes de révoltés et les tribus voisines de Fez s'étaient jetées sur le Mellah (2) dans l'espoir d'y razzier l'or et les bijoux et d'y violer les femmes. Pillés par ces hordes, et sans défense, les Juifs avaient pu se réfugier au Dahr-el-Makhzen. Le Meilah partiellement détruit par la canonnade, menaçait ruine en plusieurs endroits; enfin, évacué par les pillards, les Juifs pouvaient y rentrer... Mais il était urgent de s'assurer que les constructions pouvaient encore leur offrir un abri...
« Un spectacle d'horreur s'offrait. Partout des cadavres dans les décombres des maisons éventrées, le désordre indescriptible révélateur du sac d'un quartier. Des jarres de beurre rance voisinaient avec des tentures et des débris de meubles recouvrant à demi les corps ensanglantés. Dans ce paysage de désolation, quelques animaux faméliques erraient. Chiens et chats se disputaient des pourritures. Un air putride flottait sur cet abandon ».
Le général Lyautey, désigné comme premier Résident général, avait bien le droit de dire du Maroc que c'était un « navire en perdition ». Ce Maroc, il sut, avec sang-froid et décision, en boucher les voies d'eau les plus graves, en remettre le gouvernail, en dresser les voiles et le mener au port.
Fez où la révolte est d'abord étouffée est bientôt débloqué par les troupes de Brulard, Gouraud et Simon. Au sud, un agitateur qui risque de passer
(1) Mr. REGNAULT, à qui revient le mérite de la signature du traité de Protectorat. (2) Quartier réservé aux Juifs.
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:34 | |
| page 51 sultan, El-Hiba, est vaincu par Mangin: Marrakech est occupé, ainsi que le Sous. Moulay-Hafid qui nous a lassé par ses trahisons et sa cupidité, est obligé d'abdiquer; c'est son frère, Moulay-Youssef qui le remplace, et qui va se montrer un fidèle allié, prêt à collaborer sans arrière-pensée à notre œuvre civilisatrice. Mais pour le général, les combats ne sont pas un but; ce sont des opérations chirurgicales qu'il faut sûres et rapides, mais lorsqu'elles sont indispensables seulement, et que la santé de tout le corps va en éprouver le bienfait. L'épée n'est pas encore remise au fourreau, que le voilà déjà attaché à restaurer l'administration, à tracer les premières routes, à creuser les ports, à jeter le réseau des Decauville; la confiance en soi, que comporte ce programme, et qui est une force parce qu'elle rejaillit sur tous ceux qui l'entourent, et leur donne le feu sacré, reste toujours mesurée, bien qu'elle paraisse audacieuse. Elle sait, cette | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:41 | |
| page 52
confiance réfléchie et voulue, se mettre, dans son for intérieur, au pas des possibilités et des leçons de l'histoire ou de l'expérience. Elle est réaliste avant tout.
C'est pourquoi la conquête du Maroc ne présente aucune trace de ces aventures coloniales marquées par des expéditions imprudentes, lancées dans l'inconnu et qui reviennent épuisées, sans avoir rien laissé derrière elles de durable, et qui puisse rassurer et nous attirer les indigènes. La politique de tache d'huile au contraire, qui fut celle de Bugeaud et plus tard de Galliéni, puis de Lyautey, et qui dénote à la fois un esprit pratique et beaucoup de psychologie, possède une force en elle-même; celle d'un rayonnement qui éclaire tout alentour. Les noyaux qui vont être créés, à Casablanca, à Rabat, le long du Sebou, à Taza, à Marrakech, à Tadla, avec leur commerce, leurs routes, leurs moyens de communications rapides, la sécurité qu'ils présentent, l'instruction qui y est donnée, la justice dans les tribunaux, et dans la levée des impôts, le tout défendu par une force solide ne saurait lentement disparaître au profit de la barbarie, de l'insécurité, de l'existence misérable.
La civilisation supérieure l'emporte avec le temps: ainsi le veut l'histoire, mille fois répétée; et pour donner à tous la mesure exacte de sa pensée, pour peser les résultats et agir en conséquence, Lyautey a quelque chose comme un baromètre, c'est le marché qu'il crée de suite sur le terrain conquis, et où les indigènes qui accourent se pénétreront lentement de ce qu'ils verront de supérieur autour d'eux... C'est l'économique au service du politique.
Aussi est-ce sans hâte que le Résident général soumet à l'autorité du sultan les régions de plus en
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:43 | |
| page 53 plus éloignées, jusqu'au jour où il ne restera plus que la tache du Tafilalet et du Djebel-Moussa. Pourtant, cette politique était à peine inaugurée qu'elle était soumise à la rude épreuve de la grande guerre. Tout pouvait être remis en question, et au général laissé seul devant l'immensité du danger nul Le général MANGIN. n'aurait pu reprocher de ramener les corps de troupes sur Casablanca, et d'y attendre les événements dans une certaine sécurité ; il eût pu, par contre, être taxé de mégalomane et d'aventureux traîneur de sabre, si la rébellion générale des tribus berbères, soudoyées et guidées par l'Allemagne, lui avait infligé quelque désastre. Mais il sut oser; et il le fit non pas comme ose un joueur, mais parce que son intelligence si sûre lui | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:47 | |
| page 54
avait permis de s'assurer qu'il avait déjà, par son courage et son habileté, conquis l'âme et le cœur du Maroc, qu'il pouvait compter sur lui en des heures d'épreuves, qu'enfin ayant toujours paru fort, ayant encore tout le prestige de cette force, il ne pouvait à aucun prix laisser douter de sa puissance, qui était celle de la France.
C'est ainsi que, défiant toutes les intrigues de l'Allemagne qui pousse Abd-el-Malek sur Taza» Moha-bou-Hamou sur le Moyen-Atlas, El-Hiba sur le Sous, il reste vainqueur partout avec ses forces, si réduites pourtant par les exigences de Verdun et de la Somme... Bien plus, c'est une véritable gageure qu'il accomplit, que de former, quelques années après les massacres de Fez, ces corps de goumiers du Grand-Atlas, qui vont venir prendre leur place dans les tranchées, à côté de nos poilus et se couvrir de gloire.
Il serait oiseux, au lendemain de la Grande Guerre, de chercher à rappeler l'héroïque conduite de tous les éléments de la Division Marocaine sur tous les fronts des opérations ils furent partout au danger et à la gloire et nulle consécration ne pouvait mieux illustrer leur intrépide valeur.
Le traité de Versailles a définitivement libéré le Maroc des servitudes que l'Allemagne nous y imposait encore, et le développement économique s'est poursuivi dès lors sans entrave malgré la vive alerte que constitua le soulèvement du Riff.
Ce soulèvement ne fut en réalité qu'un soulèvement contre nos voisins et amis espagnols: un agitateur énergique et habile, Abd-el-Krim, réussit à les vaincre, en leur infligeant, notamment à l'Anoual (1921) de grandes pertes en hommes et en munitions. Ces succès, les armes perfectionnées dont étaient
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:51 | |
| page 55 munies les tribus révoltées, l'orgueil de la délaite imposée à des Européens, faisaient des Riffains de dangereux voisins. Bientôt en effet ceux-ci attaquaient nos avant-postes sur la vallée de l'Ouergha et il fallut organiser une véritable campagne que dirigea le maréchal Pétain, Le général LYAUTEY. les généraux Naulin et Boichut, pour mettre Abd-el-Krim et ses soldats à la raison. Vaincu, le chef rifain fut exilé à la Réunion. Un traité signé à Paris avec l'Espagne en 1924, a précisé par ailleurs le statut spécial de Tanger, qui est formé d'une enclave internationalisée, où domine l'influence composée de la France et de l'Espagne. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Dim 3 Nov - 17:53 | |
| page 56 La France eut comme Résidents Généraux, après le maréchal Lyautey, M. Steeg et M. Lucien Saint. L'un et l'autre eurent à cœur de continuer l'œuvre magnifique de leur éminent prédécesseur et leur passage fut marqué par une série de réformes et un ensemble de travaux s'inspirant des directives initiales et répondant aux besoins actuels. M. Lucien Saint était, après son passage très remarqué à la Résidence générale de Tunisie, particulièrement désigné pour le Maroc où les nécessités actuelles trouvent de précieuses indications dans les méthodes administratives de la Régence. __________ | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:02 | |
| ... page 66 LA COLONISATION
Le voyageur qui parcourt le Maroc peut se donner faussement l'impression, à voir l'étendue encore considérable des terres en friche qui pourraient convenir à la culture ou à l'élevage, que la colonisation, privée ou officielle, y a fait des progrès insuffisants. Cette impression est injustifiée puisque les Européens détiennent maintenant plus de 800.000 hectares, alors qu'ils n'en possédaient guère que 80.000 en 1912, et que ce n'est qu'à partir de 1918 que l'action de l'Etat a pu se faire sentir. Cette impression provient de l'état d'anarchie dans laquelle l'Administration a trouvé le régime des terres à son arrivée, et du respect qu'elle s'est imposé à l'égard des droits de propriétés indigènes: notre œuvre au Maroc ne saurait être une œuvre de mainmise au profit exclusif de nos nationaux. Cependant, en constituant, au milieu de leurs terres mal cultivées, voire même quasi abandonnées au début, des domaines exploités selon les méthodes les plus modernes et les plus profitables, nous leur offrions des exemples qu'ils ne devaient pas tarder à imiter. L'Administration s'est donc attachée, tout d'abord, à préciser le régime de la propriété, à réviser le cadastre et à déterminer d'une façon précise les terres domaniales susceptibles d'être livrées par lots à la colonisation, et les terres privées, et inaliénables sans la volonté du propriétaire, que ce propriétaire fût un particulier (biens Melks), une institution pieuse (biens habous) ou la collectivité d'une tribu. Désormais, les tractations privées pouvant se produire, entre colons français acheteurs, et indigènes vendeurs, présentent toutes les garanties de sécurité | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:06 | |
| page 67
que l'on peut trouver en France, tout en comportant des formalités moins compliquées.
Les bases de ces transactions varient évidemment encore beaucoup selon le lieu et la nature du terrain, sa proximité des routes et des villes, et son état de défrichement. Mais des achats continuent à se pratiquer journellement et portent, en général, sur des domaines de 100 à 400 hectares.
Quant à la colonisation officielle, son but est de favoriser le peuplement français au Maroc, au moyen de familles appelées à former l'élite de notre peuplement rural, et susceptibles de mettre rapidement et rationnellement en valeur les ressources du pays. A cet effet, l'Administration a adopté différentes formules de colonisation, qu'elle voudrait pouvoir développer dans une plus large mesure, par une plus large disponibilité en terres domaniales.
Les lotissements de petite colonisation sont créés sur la zone côtière et à proximité des villes et des agglomérations de fermes européennes ; ils comportent : 1 ° des lotissements maraîchers de quelques hectares, et irrigables ; 2° des lotissements suburbains d'environ 25 ou 30 hectares, sur lesquels se pratiquent les industries annexes de la ferme, et nécessités par les besoins immédiats de la ville (aviculture, laiterie, cultures vivrières) ; 3° des lotissements pour artisans ruraux, d'environ 25 hectares, réservés aux artisans tels que forgerons, maçons, charpentiers, mécaniciens, etc., auxiliaires indispensables du colon et qui ne pourraient parfois, au cours des premières années d'attente, subvenir aux besoins de leur famille par le seul exercice de leur profession.
L'administration fait souvent ériger dans le village en création une maison qui leur est destinée et où ils peuvent dès le début, se loger et travailler.
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:09 | |
| page 68 Ces petits domaines ruraux sont payables en quinze annuités, non productives d'intérêt. Dans le bled, c'est la moyenne colonisation, comportant des domaines de 100 et 200 hectares, que l'administration s'efforce de développer. Ces domaines, dans son esprit, sont ceux qui répondent le mieux au double but qu'elle recherche: peuplement et mise en valeur des terres, soit par l'élevage, soit par la culture des céréales, soit par la plantation en arbres fruitiers. Les terres cédées à des prix très avantageux, et comportant de grandes facilités de paiement, sont dotées de l'outillage économique indispensable: recettes postales, services médicaux, écoles, services vétérinaires, etc. La répartition de ces lots, toujours très recherchés, se fait suivant un classement par catégorie, qui avantage les mutilés et les anciens combattants, et qui réclame de toute façon des capacités professionnelles reconnues, ainsi que quelques moyens financiers. En 1927, il a été livré à la moyenne colonisation 150.000 hectares, formant 635 lots. ________________ .../... | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:11 | |
| ... page 112 Dans l'Atlas. Kasbah Ounila. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:15 | |
| ... page 115 Les Cigognes. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:17 | |
| ... page 118 RABAT. Vue prise des Oudaïas. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: Armand MEGGLE : LE MAROC, Collection des Terres françaises, Dessins de G. TOURNON, 1931. Lun 4 Nov - 10:24 | |
| ... page 132 BIBLIOGRAPHIE _ Aug. Bernard, Le Maroc. — H. de la Martinière, Souvenir du Maroc. — Les frères Tharaud, Marrakech ou Les seigneurs de l'Atlas ; Rabat ou Les heures marocaines ; Fez ou Les bourgeois de l'Islam.— Comte de Périgny, au Maroc. — Chevrillon, Marrakech sous les palmiers. — Ricard, Les dynasties marocaines. — L. Barthou, La bataille du Maroc. — L. Lyautey, Paroles d'action. — Caillaux, Agadir. — G. Marçais, Manuel d'art musulman. — Hardy et Aurès, Les grandes étapes de l'histoire marocaine. ____________ | |
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