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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Les Kasba du Haut Atlas.

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:12

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 08-kas12

... de l'individualité des cantons de la montagne, elles marquent par contre la progression et l'affermissement de l'autorité du Sultan dans l'Atlas, et cela n'en vaut que mieux. Aux magasins collectifs des tribus font place de nouvelles maisons de Cheikh; les Kasba sortent de terre et leur aspect nous fait croire maintenant à l'existence d'une puissante organisation féodale; partout la domination des Chefs du Maghzen s'établit à la hâte comme pour c-ansolider sa fragile conquête.
C'est l'aube de temps nouveaux contre lesquels l'on ne peut rien ; mais pour le touriste c'est le moment de profiter de cette période préliminaire à une organisation différente et à des perturbations dans les mœurs s'il désire prendre contact avec les restes d'une vieille civilisation africaine. Dans vingt ans — OH peut le craindre — le charme sera passé ou tout au moins ne se fera plus sentir avec la même intensité. Car, du point de vue touristique, tous progrès ne sont pas souhaitables et il est certain qu'avec la disparition de ces petites forteresses l'Atlas arrivera-à perdre son cachet. Aujourd'hui encore, l'âpreté et la violence des querelles intestines ou des rivalités de partis sont très fortes et sont peut-être provoquées par l'existence même de ces maisons fortifiées, de ces tours de guet et de défense. Et cette supposition amène à songer à ces petites villes italiennes, comme San* Gimignano, où on se fortifiait non seulement contre l'ennemi du dehors mais contre ses propres concitoyens. Sans doute en est-il de même dans certaines régions de la Méditerranée où la civilisation pénètre également lentement ! Mais que réservera demain, lorsque l'Atlas aura passé du régime du clan et de la tribu à celui de l'Etat centralisateur ? Au point de vue politique les effets en seront peut-être bons, si toutefois le Gouvernement français parvient, comme il le faut souhaiter, à limiter les pouvoirs ...



Dernière édition par Pierre AUBREE le Ven 20 Déc - 8:26, édité 2 fois
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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:14

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 09-kas11

Kasba de Ouerzazat.

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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:22

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 10-kas11

... des Caïds et à diminuer l'oppression qu'ils font peser sur leurs administrés. En matière de tourisme, en tous cas, certaines précautions seront à prendre pour la conservation des sites et la construction des monuments si l'on veut que l'Atlas exerce toujours sa merveilleuse attraction sur les étrangers, car il ne faut pas oublier que le Berbère adopte facilement, trop même, tout ce qui lui vient du dehors, et que tôt ou tard, l'architecture locale et ses arts décoratifs seront profondément modifiés. (1) Caveant consules !
RÉFÉRENCES : Dr A. Paris. — Documents d'architecture berbère, 1925, p.9 et 43.
B. Montagne. — Les Berbères et le Maghzen, p. 39, 40 et 203.
E. Doutté. — Marrakech, 1905, p. 50.
A. Bernard. — Les Confins algéro-marocains, 1911, p. 98.
J. Célérier. — Le Maroc, 1931, p. 67-69.
L. Neltner. — Notes sur le Haut-Atlas, Revue de Géographie Marocaine 1930, p. 117 et suiv.

(1) On en trouvera un exemple frappant dans la maison de campagne du Pacha de Marrakech a Ait Ourlr, en mauvais style européen.




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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:25

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 11-kas11

CHAPITRE IV.

LES   KASBA   DU   HAUT   ATLAS


De toute évidence, les Kasba sont ce qu'il y a de plus beau dans l'Atlas ; d'autres l'ont déjà dit, nous le répétons et, tant que les Kasba existeront sous leur forme actuelle, on ne cessera de louer la majesté de leur architecture moyennâgeuse qui se prête, dans rétrangeté du paysage, à mille suppositions aussi dramatiques que mystérieuses, de même qu'on oubliera jamais l'impression de force et de puissance qui se dégage de ces forteresses de pisé construites en brun, en rouge, en gris, parfois même en vert suivant la couleur de l'argile ou du grès dont elles sont fabriquées. Nids d'aigles orgueilleux et menaçants juchés sur des éminences ou des éperons rocheux, au bord des précipices ou au débouché des vallées dans la plaine, les Kasba sont d'un pittoresque sauvage qui s'harmonise de la façon la plus parfaite avec l'âpre montagne dont elles défendent les accès. Le spectacle en demeure gravé à tout jamais dans l'esprit : c'est vraiment une des splendeurs du sud marocain.
On s'est demandé si ces imposantes masses étaient très anciennes. Sous leur aspect actuel, la réponse doit être négative : ce que nous voyons aujourd'hui est le résultat d'une évolution dans la construction des châteaux-forts marocains, dont on ne connaît pas d'ailleurs l'origine.
Certains attribuent à une peuplade de l'antiquité, les Gétules, les ruines bâties sur des pitons que l'on trouve dans les oasis du ...


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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:33

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 12-kas10

Le Donjon du Taourirt de Ouerzazat, commandant le confluent de l'Oued Dadès et de l'Oued Drâ.

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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:38

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 13-kas11

... Sahara et que l'on appelle « Taourirt ». D'autres font remonter encore plus haut les « agadir » et Doutté prétend que les populations anciennes avaient l'habitude de se réfugier dans les enclos établis sur les sommets. Par la suite, l'usage de ces abris s'est perdu, et le nom, auquel Gsell donne une origine punique, a survécu exceptionnellement dans l'Atlas pour désigner les Kasba.
Vraisemblablement, ces enclos ou refuges ont dû succéder eux-mêmes aux cavernes creusées dans les falaises et qu'utilisaient les troglodytes, puis ils se sont multipliés le jour où les berbères se sont appropriés le sol et ont été obligés de défendre leurs biens contre les attaques des nomades. Léon l'Africain, au début du XVIème siècle, parle de ces abris, de ces fortins (castelli) lieux de garde et de refuge répandus dans le Sud de l'Atlas, entourés de remparts en pierre sèche et il est probable que leur développement s'est produit entre le XIIe et le XlVe siècle.
On peut imaginer aisément l'évolution de ces enceintes fortifiées, et il n'y a peut-être pas grand intérêt à chercher à fixer ici les phases de cette évolution. Aussi se bornera-t-on à relever avec R. Montagne que parmi les conséquentes sociales apportées aux conditions de la vie berbère sous les Almohades au XIIe siècle, se dégage ce fait que « les grossiers montagnards qui vivaient jadis dans les basses montagnes tapissées d'herbes sèches reçurent des fiefs en Andalousie et participèrent au gouvernement des provinces conquises avec tous les honneurs et les avantages qui s'y attachaient. Tandis que Tin Mellel s'ornait d'une magnifique mosquée, les hautes vallées virent sans doute s'élever, grâce à l'argent recueilli à l'extérieur les nombreuses et confortables demeures de ceux qui étaient devenus les Cheikh Almohades. » Mais, ceci est vraisemblable, les premières Kasba ont du être rudimentaires, le berbère n'ayant certainement pas copié ...


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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:47

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 14-kas11

... l'art andalou, et des modifications importantes et heureuses ayant pu y être apportées au XlVe siècle, époque à laquelle se fraya la route des caravanes pour le Soudan et s'établirent des relations suivies entre les sahariens du sud et les Soudanais, époque que l'on considère comme l'âge de la grande prospérité des oasis. L'influence saharienne et soudanaise est trop visible dans certains détails d'architecture des Kasba pour qu'il en ait été autrement. Au surplus, l'occupation, au XVIe siècle, de Tombouctou et du Bornou par El Mansour suffirait par elle-même à expliquer cette influence (1).
L'amalgame s'est continué à la suite des expéditions shérifiennes dans l'Atlas. L'histoire enseigne que les sultans ont toujours cherché à avoir aux frontières de leur Empire des postes et des forteresses destinés à préserver le Maroc Occidental des invasions et des pillages. Aussi certains auteurs prétendent-ils, sans d'ailleurs beaucoup préciser, qu'on peut distinguer trois sortes de Kasba : celles qui sont antérieures aux sultans Mérinides jusqu'au XlVe siècle ; celles qui datent des Mérinides (XlVe et XVe siècles) et les Kasba chérifiennes dont la plupart ont été construites sous Moulay Ismaël (XVIIIe siècle).
Il se peut que cette classification soit exacte. Elle ne doit cependant pas être basée sur des données certaines, car l'étude des Kasba marocaines n'a encore jamais été traitée dans son ensemble et les indications brèves et fragmentaires qu'on récolte çà et là ne sont guère de nature à éclaircir le problème des origines. Les faits historiques anciens sont eux-mêmes sujets à caution. Les Musulmans affirment, par exemple, qu'un grand Chef Ocba ben Nafi ...
(1) Le professeur Gautier a nettement relevé, dans l'usage de la terrasse contre - Indiquée dans un pays de neige, une tradition du Sud et de l'Orient, Les siècles obscurs du Moghreb, 1927. p. 236.


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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyJeu 19 Déc - 17:57

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Kasba de Bou Jellal sur les bords de l'Oued Dadès.

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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 8:32

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... a traversé le Maroc au VIIe siècle de notre ère, descendant jusqu'au Soudan par l'Atlas, le Sous et le Drâ, massacrant en outre les populations et faisant un gros trafic d'esclaves. L'école historique moderne met en doute cette formidable randonnée et tend à croire qu'il s'agit beaucoup plus d'une légende que d'une réalité, quoiqu'on dise le célèbre historien Ibn Khaldoun.
Par contre on est plus certain qu'un mouvement d'interpénétration soudano-marocaine s'est produit au Xe siècle. L'une des portes de Marrakech conserve le nom des Massoufa qui de l'Oued Drâ ont envahi la montagne, quelque temps après les marchands du Maghreb el Acsa font régulièrement le voyage du pays des noirs. Au Xle siècle, la religion multiplie ces rapports et du Sénégal vient l'étincelle qui allume l'incendie : c'est alors la guerre sainte dans l'Atlas. Un homme courageux l'arrête : il a nom Youssef ben Tachfin et s'installe à Marrakech pour y construire un immense camp fortifié. Quelles fortifications ! Il entoure de haies de jujubiers la grosse bourgade de terre que domine une « Tighremt » édifiée avec des pierres du Guéliz. Cette ceinture contre les animaux sauvages et les pillards lui suffit ; et comme s'il ne voulait aucun obstacle devant ses troupes, il détruit les forteresses des villes qu'il redoute pour l'avenir et les remplace, sur les routes passagères par des Kasba qui lui serviront à se protéger des berbères : ne fallait-il pas barrer à la montagne la descente vers la plaine ? La précaution était bonne.
Aux XIIIe et XlVe siècle, les sultans mérinides pacifient les Sous et le Drâ ; en montagne, ils assiègent Tinmel dont la forteresse résiste sept ans, mais ces guerres entraînent la destruction et le pillage des Kasba, parce qu'il y a partout jusque dans la célèbre Sidjilmassa, des révoltes à réprimer. Le butin est parfois grand : on dit que des richesses se trouvaient accumulées ...


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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 8:46

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 16-kas11

... en quantité prodigieuse dans ces châteaux-forts... La vie agitée do Maroc au XVe siècle, notamment dans le sud où les Marabouts sont en effervescence, attire les sultans dans l'Atlas et tous sont travaillés par l'ambition de tenir les grandes voies de passage en construisant des Kasba qu'ils confient à des gardes sûres. Moulay Ahmed el Mansour en particulier s'attacha à cette œuvre de relèvement des Kasba dont ses campagnes plus ou moins heureuses au Soudan lui montrèrent l'utilité. Cependant, deux faits importants se produisent à cette époque (XVIe siècle) : d'abord !a venue des Touaregs dans l'Oued Drâ, sous le roi Songaï Askia 1er, et plus tard, la revanche d'El Mansour à Gao. L'union des soldats marocains aux femmes songaï et touaregs n'a pas eu pour seul résultat de faire couler du sang nègre dans les veines des arabes et des berbères ; elle a permis d'apporter dans les modes de construction des variantes et des perfectionnements qu'ignoraient les bâtisseurs marocains. A des conditions nouvelles ont répondu des traits de mœurs nouveaux : c'est normal.
Des rivalités de souverains et de marabouts plongent le XVIIe siècle dans l'insécurité : on lève la dîme, on se bat, on s'égorge, et, entrant dans les villes, on se livre à tous les excès. Tel est le résumé fidèle de l'époque. Si bien qu'un sieur Coy, commissaire des Pays-Bas au Maroc peut écrire à son Gouvernement : « Tous les chemins sont infestés par la guerre et manquent de sécurité. >> Cette situation intenable explique pourquoi l'un des soucis d'un grand roi marocain, Moulay Ismaël, fût au siècle suivant, de purger le pays des coupeurs de routes. Comme il n'avait pas le cœur tendre, tous les moyens lui furent bons. « Les victoires, les exécutions sanglantes, les pillages et la ruine avaient convaincu les dissidents que les repaires de montagnes pouvaient seuls les protéger contre les méhallas du chérif et les garnisons des ...


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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 8:52

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 17-kas11

... quarante kasba dont il avait entouré leurs derniers refuges. » Moulay-Ismaël ne fit-il construire que quarante kasba ? on n'en sait rien ; cela se peut. Mais ce qui ne prête pas au doute c'est que, pour obtenir la sécurité des routes, il fit élever de nombreux châteaux-forts jusqu'au pied de l'Atlas et dans la plaine du Sous, aux gîtes d'étapes et sur les grands passages. Puis il confia la garde à une nombreuse armée noire, les Abid, qui en même temps percevait les impôts, vivait du produit de la dîme versée en nature et assurait la protection du pays. Ce système en valait peut-être un autre, mais il créa aussi bien des difficultés aux Sultans en raison des abus qui se produisirent inévitablement. A la fin du XVIIIe siècle la situation était d'ailleurs telle que pour rétablir l'ordre un chef énergique, appelé Mohamed ben Yahya, jeta bas sur son passage les « agadir » des Berbères et éleva dans la plaine du Sous des forteresses pour abriter les garnisons. Œuvre éphémère, sans lendemain, qui laisse cependant deviner par quels à coups passe, à travers les siècles, l'histoire des Kasba.
Ce mouvement s'est continué au XIXe siècle. On cite comme grands créateurs et restaurateurs de Kasba, le Sultan Moulay Slimaine et surtout Moulay Hassan qui dût recourir aux grands chefs de la montagne pour triompher des insurrections du Sous et du Tazeroualt ou de l'anarchie et des querelles intérieures qui sévissaient dans l'Atlas. C'est à lui que l'on doit la Kasba de Tiznit ; c'est lui qui a commencé à favoriser les grands commandements de l'Atlas.
De nos jours, la paix est revenue dans ces belles régions. Les Caïds ont fait leur soumission à la France et sont devenus les auxiliaires de notre action militaire. Ils ont construit ou agrandi d'imposantes Kasba qui consolident auprès des berbères leur ...


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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 18-kas11

... prestige et leur autorité. Les noms de Si Abdel Malek M'Tougui à Bouaboud, de Si Taïeb Goundafi à Tagoundaft et de Si El Ma-dani Glaoui à Telouet, en effet, sont craints et respectés dans le pays et la littérature française a pompeusement paré ces chefs du titre de « Seigneurs de l'Atlas ». On aime à penser qu'ils ont rompu avec les traditions de leurs prédécesseurs dont on a pu écrire : « brûler des moissons, couper des arbres à fruits, vider les silos, piller les douars et les villages, razzier les troupeaux, violer des femmes et des enfants, ruiner en un mot, et mettre à feu et à sang une région en frappant surtout les faibles », c'est en cela qu'ont toujours consisté les manifestations du pouvoir. Autres temps, autres mœurs !
Le choix de l'emplacement des Kasba ne s'est pas fait au hasard. Il a été fonction du rôle que les chefs voulaient leur assigner. C'est ainsi que certaines sont construites sur les grandes voies d'accès ou dans les étranglements de vallée. Le rôle de celles-là est purement stratégique : ce sont des forts d'arrêt entre la montagne et la plaine. D'autres s'élèvent sur des rochers on des gros mamelons, comme si elles voulaient adopter une allure fière et indépendante, à l'écart des humbles maisons des berbères : ce ne peut être qu'une attitude, conforme d'ailleurs à l'orgueil musulman. Enfin certaines se blottissent au confluent de torrents et présentent un caractère mi-agricole, mi-guerrier : forteresses en temps de guerre, elles deviennent magasins de récoltes en temps de paix et donnent cette impression — peut-être erronée — que leurs riches propriétaires sont plus obligés de recourir à la force pour protéger leur domaine que de s'en servir pour augmenter leur puissance ; ce sont des fermes cossues de gentilshommes campagnards.
Au point de vue de la construction, les Kasba peuvent être ...


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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 9:00

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 19-kas11

Les ruines de l'ancienne mosquée de Tinmel.

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 20-kas10

... classées en deux groupes, celles qui sont faites suivant les règles anciennes et qui n'ont guère plus d'un demi-siècle d'existence et les autres qui ont une technique moderne datant de moins de vingt ans. Cela ne veut pas dire qu'ils n'existaient pas autrefois de Kasba dans l'Atlas. L'interpréter ainsi serait une erreur car d'anciens auteurs arabes en font mention. La vérité est que les constructions de terre battue n'ont pas plus résisté aux attaque» des hommes qu'à celles du temps et que l'Atlas s'est trouvé de la sorte parsemé au XIXe siècle de Kasba et d'agadir à demi-ruinés, fendus, écroulés. Une génération d'hommes suffit à l'éclosion de ce phénomène. Aussi, tantôt, selon le gré du Caïd ou de son Khalifat ou même de son Cheikh — on verra plus loin ces personnages — on a démoli ces ruines à coups de pioche et on a reconstruit sur leur emplacement d'épais murs de terre auxquels-on donne le nom de « louh » ; tantôt si la matière avait assez bien résisté aux intempéries on a utilisé les restes. Montagne indique très bien ce processus constructif. « Les murs, écrit-il en 1930, qui soutiennent les borjs couronnés de merlons abritaient, il y a dix ans encore, un magasin collectif du canton. Les conquérants sont venus, ont pris possession de l'agadir et de ses provisions ; puis, la tribu rassemblée par leurs soins a construit une enceinte à l'entour, élevé des tours et blanchi les murs, aménagé des chambres et des salles ; en quelques mois est ainsi apparue, sur la base d'une forteresse de canton, une vraie Kasba féodale. Quelques années écoulées ont d'ailleurs suffi pour fendre les remparts de terre et donner à cette orgueilleuse maison, la patine du temps. »
Donc, à l'origine des Kasba pas de pian précis, mais une juxtaposition de constructions assemblées sans souci de la symétrie et de styles différents. L'ensemble est imposant et confus. On y ...




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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 9:10

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 21-kas10

... voit pèle-mêle des chambres, des vastes cours entourées d'écuries pour abriter les montures des cavaliers, des magasins où l'on accumule les vivres, des remparts aussi forts que possible et des tours élevées. Parfois, un aqueduc capte une source voisine et assure l'approvisionnement intérieur. Enfin, dans les environs, des postes de guet pour donner l'alarme. Le tout, massif à la base et s'amincissant vers le sommet, non par désir d'enjolivement, mais simplement par calcul de résistance : avant l'instauration de la paix française en montagne il fallait toujours penser aux rivalités des partis, aux guerres entre tribus et aussi aux attaques des troupes du Maghzen. Autre trait commun à toutes ces Kasba, rien n'ayant été prévu pour la projection des eaux de terrasses et de remparts, celles-ci tombent à leurs pieds et les évident à la base par éclaboussures. De son côté le défaut d'entretien contribue à abréger leur durée d'existence et toutes ces conditions réunies expliquent finalement pourquoi ces forteresses sont en perpétuelle reconstruction.
Il ne faut pas oublier non plus de faire la part de l'orgueil des gens. Au fur et à mesure que le Chef devient plus puissant, ses besoins augmentent. Il lui faut beaucoup de place et un peu de décorum. A un « riad » (1) trop petit il en ajoute un autre, il superpose les chambres les unes aux autres, mais toujours sans plan préconçu, il se laisse entièrement guider par les nécessités du moment, subissant en cela l'esprit de sa race. Il lui faut sans cesse de nouvelles pièces pour ses femmes de plus en plus nombreuses, des salles plus vastes pour recevoir les hôtes de passage, cheikh ou sujets venus de toutes les parties d'un territoire toujours accru. Bien qu'il vive lui-même simplement, le plus souvent ...
(1) Jardinet intérieur.

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page 33

Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 22-kas11

... couché sur une natte dans un couloir obscur, le nouveau Caïd fait néanmoins bâtir pour recevoir dignement les hôtes de marque quelques pièces somptueuses, naïvement décorées avec un luxe grossier dans lequel apparaît bien le désir du parvenu berbère de montrer sa richesse aux montagnards. Bientôt d'ailleurs, la forteresse, conçue d'abord pour la guerre, devient trop étroite et ne suffit plus aux exigences d'un vaste commandement. Au bord d'un cours d'eau, au milieu des champs les plus fertiles conquis sur l'ennemi, les sujets du Caïd lui construisent une nouvelle Kasba aux murs moins guerriers, aux pièces plus vastes et plus ornées. C'est ainsi qu'ont été édifiées les vieilles Kasba.
A côté de ce type ancien caractérisé par l'élégance et la variété, l'on trouve dans l'Atlas des maisons fortifiées modernes, datant de vingt ans dont l'aspect lourd et la technique se rapprochent de la construction usitée dans les villes marocaines. Cela n'empêche pas que, dans certains cas, comme celui de la Kasba du M'Tougui à Bouaboud. le type urbain de maisons récentes s'allie à de vieilles tours berbères et que certaines parties contrastent étrangement avec l'appareil montagnard de pierres sèches. Mais c'est là un style de transition et aujourd'hui les nouvelles Kasba ne conservent l'aspect guerrier qu'en manière de décor, peut-être aussi pour rappeler aux villageois la brutalité de la puissance des chefs et leur écrasante domination. On ne sait jamais ce que pense un cerveau berbère ! Une chose, en tout cas, est certaine, c'est que ces orgueilleuses Kasba modernes se sont multipliées depuis 1920, prenant l'allure de résidences fastueuses, ornées de hautes tours blanchies à la chaux, couronnées de merlons et, chic ultra moderne, munies de garages pour automobiles. Les uns déduiront que le progrès a franchi l'Atlas à tire d'ailes, d'autres penseront, non sans raison, que ...



Dernière édition par Pierre AUBREE le Mar 3 Fév - 19:58, édité 1 fois
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... cette évolution est un signe des temps nouveaux dans lesquels la paix française a fait entrer le Maroc : le délaissement de l'appareil guerrier de jadis prouve que la sécurité règne dans le pays et que les Chefs berbères sentent qu'ils n'ont plus besoin de se protéger contre des ennemis intérieurs et extérieurs.
Ce modernisme n'exclue pas encore les influences architecturales anciennes et c'est à l'avantage du touriste. Mais cela arrivera, on peut le craindre, étant donné,l'exemple de la Kasba du Glaoui à Telouet, qui dénote des apports de tradition Maghzen au détriment des beaux décors importés du Drà et du Dadès. Ce n'est là, pour l'instant, fort heureusement qu'une exception, et dans les autres Kasba, on trouvera, abondamment ce décor géométrique qui n'est peut-être pas propre aux berbères et que certains croient appartenir à une forme de civilisation révolue, mais qui néanmoins a été conservée et développée dans les montagnes de l'Afrique du Nord.
Est-il utile à ce propos de rappeler que l'interdit jeté sur les Musulmans sur les images a été observé avec beaucoup de rigueur au Maroc et que tout le répertoire décoratif des berbères n'est formé, avant tout, que du décor géométrique, à l'exclusion de l'écriture, et de la représentation florale ? Sur les murailles des Kasba ou des Tighremt deux thèmes se retrouvent, le losange et le chevron auxquels s'allient parfois des signes touaregs, comme pour rendre encore plus curieuse la décoration de ces monuments vraiment uniques au monde. Car il ne faut pas crier de suite à la monotonie. Dans le décor berbère, les droites innombrables se prolongent ou se brisent en de multiples combinaisons, mille procédés de détail viennent également assouplir la rigueur de ces lignes et donner une grande variété à la composition, et comme le dit si bien M. M. H. Terrasse « dans ce décor abstrait, ...


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Kasba Si Mohamed (Telouet).

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... nulle rigidité : des mouvements se dessinent et se développent ; des formes mortes réussissent à imiter la souplesse de la vie. »
Si la simplicité des lignes revêt des formes variées, il faut ajouter aussi, comme caractéristique de l'art berbère, la simplicité des tons, qui en fait un art fort vigoureux, qualité qui justifie l'aurait soutenu qu'exercent les Kasba sur les voyageurs. Car il faut le reconnaître, la composition d'ensemble, loin d'être impeccable, encourt plus d'une critique, mais la juxtaposition d'un petit nombre de tons soutenus, des oppositions voulues, des effets de couleur, un certain ordre dans la composition décorative laissent une impression sinon excellente, du moins très agréable.
A défaut gothique ou de renaissance dont l'Europe est remplie, la montagne africaine offre un style plus primitif et une décoration plus forte : le charme n'en est pas pour cela diminué.
Telles qu'elles sont au demeurant ces Kasba intéressent aussi le touriste par la vie originale qu'elles renferment. Aujourd'hui la Kasba est devenue une forteresse, un château, un magasin, et un caravansérail. C'est la maison du seigneur qui, investi de fonctions officielles, exerce les pouvoirs les plus absolus et les plus étendus avec droit de vie ou de mort sur ses sujets. Il en use et eu abuse naturellement. C'est là aussi que se forment les alliances politiques contractées sous forme de mariages avec les plus jolies filles du pays, et alors qu'autrefois les chefs berbères observaient une stricte monogamie, actuellement ils se constituent d'importants harems : il n'est pas rare qu'ils aient une centaine de femmes sans compter les esclaves dont ils ont de nombreux enfants. Brives rapporte que, vers 1901, les femmes étaient au nombre de quatre cents dans la Kasba Goundafi et qu'une infinité d'esclaves étaient employées à leur service. Ces femmes sont placées sous ...


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... la surveillance d'un portier chargé de leur faire porter la « mouna » ou nourriture quotidienne et sont tenues assez étroitement par le Caïd ou le Khalifat qui très souvent surveille lui-même ses provisions de sucre, de thé ou de bougies, toujours convoitées par les femmes et les esclaves. Aussi porte-t-il son trousseau de clés au cou et procède-t-il lui-même à la distribution. Dans ces familles berbères la confiance ne règne pas comme en Occident et il n'y a pas encore bien longtemps on pouvait voir le maître de la Kasba « dans un coin de la cour séparé des serviteurs et protégé d'un mauvais coup toujours possible par une grille en bois, passer de longues heures à recevoir des nouvelles, dicter des messages, présider à la répartition des vivres, s'assurer d'un coup d’œil à travers les barreaux que les esclaves donnaient bien à son mulet ou à son cheval la ration d'orge. »
La distribution des vivres est un spectacle assez curieux à voir. En dehors des 1.400 ou 1.500 personnes qui vivent dans la Kasba, la cour intérieure est envahie à certaines heures par une foule affamée à laquelle on donne soit de la « harira » soit du couscous d'orge. Chacun s'installe où il lui plaît pour manger sa portion. Quelquefois le repas est agrémenté par les tours des jongleurs, les dressages des charmeurs de serpents du Sous ou les facéties des diseurs de bonne aventure. Ce sont des représentations qui connaissent toujours un franc succès et qui font penser au temps des troubadours.
Au milieu de cette foule grouillante, le Caïd mène une vie tranquille et solitaire, à moins qu'il ne reçoive des Européens : en ce cas il se met en quatre pour bien recevoir ses hôtes et les distraire par des chants et des danses du pays. En dehors de ces réceptions, souvent dignes de nababs, il donne audience à d'innombrables gens qui se pressent dans la cour et qui sont confiés ...

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... au « maître de l'hospitalité » dont les fonctions sont d'assurer leur subsistance et celles de leurs montures. Mais parmi ces sujets, combien de mécontents ? combien de paysans venus à la Kasba pour vendre des récoltes en vert, des amandes en fleurs, ou donner leur champ en gage afin de payer des corvées ou d'acquitter des amendes et des impôts ? (1).
Nombreuses et sanglantes furent les jacqueries qui désolèrent jadis la montagne, lorsque les circonstances le permettaient et il est arrivé souvent que les chefs berbères n'ont pas pu faire accepter d'une manière durable leur autorité, en sorte que leurs commandements ont eu une durée quelquefois aussi éphémère que leurs Kasba de boue.
A part cela, le Caïd est le chef de la région et le représentant du Maghzen. Aussi ses sorties constituent-elles un événement « des cavaliers, des esclaves vont, viennent, chacun s'empresse au devant du maître pour le saluer respectueusement. Quelques-uns peuvent s'en approcher assez pour pouvoir lui embrasser sa  belrat  (2) ou le bas de son vêtement, les autres se contentent d'embrasser la terre . Ce sont les manants qui attendent du chef l'aumône d'un repas, cela vaut bien n'est-ce pas, l'attitude d'un respect profond.... Autour des Kasba on trouve toujours beaucoup de nègres — le Maghzen ayant été de tout temps un grand importateur de noirs, — et de juifs, sordides, coiffés d'une calotte noire luisante de graisse d'où pendent de longues mèches de cheveux qui tombent en avant des oreilles, car tout seigneur marocain qui se respecte s'entoure de familles Israélites. Non point qu'il les aime, il ne pratique guère la sentimentalité. Il en ...

{1 ) Les Impôts sont payés en nature et prélevés au moment de la moisson, Kasba contient de vastes magasins qui permet l'accumulation des grains. (2) Babouche.


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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 28-kas10

... a besoin, il s'en sert, c'est tout. Autrefois, il leur faisait payer à chacun trois douros par mois : c'était le prix de sa puissante protection, moyennant quoi le libre trafic était accordé aux juifs dans les villages berbères.
Aujourd'hui certains auteurs placent les juifs au dernier degré de la subordination et assurent qu'étant la propriété des seigneurs ils ne sont pas regardés par ceux-ci comme des hommes. Cette assertion paraît excessive. En réalité, sous la protection de la Kasba, un petit « mellah » (1) s'établit, peuplé de juifs qui facilitent le commerce local, concluent des marchés avec les berbères, recouvrent les impôts, tout au moins officieusement, et sont toujours prêts à avancer, à gros intérêts, les sommes qui manquent aux paysans, parfois avec l'argent du Caïd lui-même dont ils sont les agents financiers. Curieuse alliance de deux races qui se méprisent et font néanmoins bon ménage, sans doute parce que ces Israélites sont peut-être les descendants de ces anciens berbères judaïsés qui peuplaient jadis le pays. Actuellement ils font partie intégrante du paysage qu'ils animent singulièrement, et leur activité, unie à celle des artisans, des domestiques et des esclaves, donne aux Kasba le caractère de petites villes au coeur des tribus.
Enfin il faut signaler comme dernière institution destinée à donner une haute idée de la puissance des Caïds, la prison, ou plus exactement les vastes prisons qui s'étendent dans les souterrains profonds, loin des regards indiscrets. Là meurent lentement dans la vermine et les maladies, parfois dans les supplices, les bandits de grands chemins, les révoltés assez fous pour avoir tenté de lutter contre le seigneur et même ceux qui n'appartiennent à aucune de ces deux catégories d'individus, mais ...
(1) Quartier juif.

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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 17:50

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Village d'Ouarzazat, confluent du Dadès et du Drâ.



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MessageSujet: Les Kasba du Haut Atlas.    Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 EmptyVen 20 Déc - 17:55

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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 30-kas10

... qui ont le malheur de déplaire au maître des lieux ou de le gêner...
La Kasba du Caïd n'est pas seule à s'élever au-dessus des maisons terreuses de ses humbles sujets. Dans son voisinage existent d'autres demeures à peine moins vastes et moins luxueuses, aux remparts épais, aux tours élevées : ce sont les résidences des parents du Caïd, ce qui a fait dire avec juste raison que le pays est assujetti non seulement à la domination d'un chef, mais surtout à celle d'une famille entière. Et la question se complique encore de l'existence de Khalifat qui, chargés de percevoir les impôts, de commander au nom du Caïd, de transmettre ses ordres jusqu'au fond des vallées les plus lointaines, se retranchent dans des forteresses aux remparts solides construites en corvée par les gens des tribus sous la direction de maîtres-maçons venus, pour la plupart, des Aït Bou Yaya du Sahara.
On s'imagine facilement les actes de despotisme auxquels peut donner bien une semblable situation. Il est avéré que la fonction essentielle de ces petits potentats est d'exiger des habitants les contributions les plus élevées possibles, sans se pencher sur leurs besoins, sans examiner leurs ressources et en se contentant de faire exécuter aveuglément et avec zèle les instructions reçues de la Kasba seigneuriale par des Moghaznis qui sont chargés de faire régner l'ordre dans la région. A vrai dire, les Khalifat sont des guerriers étrangers qui se transforment en insatiables collecteurs d'impôts parce que le grand chef dans ses palais éloignés exige sans cesse de ses sujets de nouveaux sacrifices. Ils n'interviennent dans la vie locale que pour réprimer les révoltes que font naître les abus.
Les conséquences de cette situation sont doubles : d'abord l'affaiblissement général du pays qui est écrasé par les contributions ..
.


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Les Kasba du Haut Atlas.  - Page 2 31-kas10

... successives et exagérées, ensuite le dépeuplement de la montagne : les habitants émigrent vers la plaine et les villes du Nord du Maroc pour échapper aux exactions de leurs chefs. C'est une régression sociale bien dangereuse.
Une seule catégorie d'hommes trouve peut-être grâce devant les exigences du Caïd, parce qu'elle seule peut opposer à ses pouvoirs temporels une autre puissance avec laquelle il est obligé de compter, c'est celle des chefs religieux. Ceux-ci, par leur descendance de grands saints locaux ou même de la famille du Prophète, bénéficient chez les berbères d'une situation privilégiée. Quelques-uns d'entre eux attirés par les profits, vivent dans l'orbe des grands caïds soumis au Maghzen ; mais la plupart préfèrent rester dans leur rôle, qu'ils tiennent de leurs ancêtres, d'intermédiaire entre le peuple et Dieu. On leur prête des qualités magiques qui ont le don d'assurer la prospérité aux endroits où ils vivent et leur présence constitue un bienfait pour le pauvre qui jouit indirectement de la quiétude de ces chefs religieux retirés dans des Kasba ou des zaouïa, véritables oasis de paix et de tranquillité au milieu d'une région qu'écrase la domination des chefs.
Lorsque l'on connait cette situation des gens, paradoxale en plein vingtième siècle, que l'on se trouve en présence de ces forteresses aux murailles de terre battue, bien vite revêtues de la patine du temps, ce qui leur donne un air ancien, on éprouve l'impression d'être subitement retourné à huit ou neuf siècles en arrière et l'on pense presque d'instinct à l'Europe médiévale et à la féodalité. Pourquoi ne pas l'avouer ? L'impression est très favorable et plaît toujours aux touristes qui sont heureux de trouver autre chose que du déjà vu. Et si ces touristes ont la chance de recevoir une fastueuse hospitalité, la comparaison ...
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