Ce Maroc bien aimé
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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 LYAUTEY L'AFRICAIN

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:09



II semble qu'à Paris on ait à ce moment confiance dans le général Lyautey et on le charge d'aller aider le général d'Amade, alors occupé par la pacification de la Chaouia. II le fait avec un tact infini, se gardant bien, en toutes choses, de froisser les susceptibilités d'un vieux camarade, et retourne à Oudjda, dans son haut-commissariat, qu'il organise à sa manière. Tout à coup, il disparaît de la scène africaine. A la fin de 1910, il est à Rennes, en qualité de commandant du 10° Corps d'armée, étape du Conseil Supérieur de la Guerre, en vue duquel il travaille d'arrache-pied, poussé d'ailleurs par Gallieni et Joffre, dont il est le candidat favori. Mais quel dommage de voir s'éloigner de l'Afrique ce chef jeune — il a cinquante-six ans — en pleine vigueur, qui a fait ses preuves et est en possession d'une doctrine nouvelle que L'Illustration résumera plus tard ainsi : " Traiter chaque tribu suivant son état d'âme particulier, s'appuyer sur les chefs les plus intelligents, gagner du terrain sans combattre, en tache d'huile, orga­niser de proche en proche le pays occupé en faisant connaître aux sédentaires opprimés les bienfaits de notre civilisation, ne manifester sa force que pour n'avoir pas à s'en servir, telles étaient les directives qu'il eut souvent la plus grande peine à faire accepter par des administrations rétrogrades, tatillonnes et rivales, rusant avec elles, frisant parfois l'insubordination, mais toujours défendu par Jonnart qui avait en lui une confiance entière."

A quoi pensait-on en haut lieu à l'heure où le problème marocain se compliquait, devenait de plus en plus délicat et exigeait pour l'étudier et rechercher les solutions la présence d'hommes d'une compétence indiscu­table ? Le général Lyautey était cependant bien connu dans les ministères et au Parlement, si l'on en juge par les « Souvenirs » qu'a publiés sur lui M. l'Ambassadeur F.-Charles Roux dans les Cahiers de l'Afrique Française.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:12



LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly11
DECEMBRE 1905.- AÏN-SEFRA, VOYAGE DU GOUVERNEUR

Capitaines Renouard, Pujos, Commandant Henrys, Général Lyautey.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:18





III


Cette brisure dans la carrière coloniale de Lyautey marque un nouveau temps d'épreuve pour le chef qui, relégué dans une paisible cité bretonne, doit vraisemblablement récriminer contre ces gens qui ignorent la valeur du principe de la durée, de la stabilité du pouvoir. II se souvient certainement de la révocation brutale, en Indochine, du Gouverneur général de Lanessan, une quinzaine d'années auparavant, et de toutes les réflexions qu'avait provoquées en lui cette décision gouvernementale. Au fond, rien ne le surprend plus. Et sans doute dans ce poste, animé de l'esprit supérieur qu'on lui connaît, se prépare-t-il pour une tâche particulièrement difficile et complexe, s'il plaît aux hommes de faire appel à ses services.

Au cours de l'année 1912, après sept ou huit années de rivalités diplomatiques très âpres, la France obtient de protéger l'empire du Maroc, mais l'exercice de ce droit constitue une inconnue redoutable. C'est ainsi que dans le pays nous ne trouvons aucun point d'appui : le sultan Abd el Aziz a détruit le prestige chérifien; le maghzen, dont la charpente est vermoulue, se détraque et s'écroule ; les tribus se désagrègent ; le pays, resté barbare, anarchique, xénophobe, est sans ports et sans routes; nous ne le connaissons que dans les rares parties visitées par Foucauld, Segonzac et Larras. Au point de vue extérieur, l'Allemagne menaçante se dresse devant nous, tandis que nous sommes pris au dépourvu, faute d'avoir pratiqué une politique marocaine procédant d'un plan d'ensemble nord-africain. La situation se complique, quelques semaines après la signature du traité de Protectorat, le 30 mars 1912, d'une mutinerie des tabors chérifiens et d'une émeute qui éclatent à Fès.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:22

LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly12
17 MARS 1908

Le Général LYAUTEY débarque à Casablanca , venu en mission avec M. REGNAULT. On le voit, dans le coin à gauche, avec le Général d'AMADE, précédant M. REGNAULT en costume d'apparat.



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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:31


Autant dire que le Maroc prend feu et qu'on peut redouter une flambée générale.

On s'imagine l'émoi à Paris. On cherche un sauveur : Poincaré désigne comme Résident général au Maroc le général Lyautey, qui arrive à Casablanca le 13 mai 1912 sur le croiseur Jules-Ferry.

La matière qu'on lui offre à travailler n'est pas pour lui déplaire. Préparé au rôle grandiose de fondateur d'empire, auquel il est prédestiné par treize années d'expérience des gens et des choses d'Afrique, il se sent à sa tâche propre, dans les fonctions qui satisfont dans une certaine mesure sa passion du pouvoir. Avant même de débarquer dans la rade inhospitalière de Casablanca, il a réfléchi en détail à tout ce qu'il fera, et bien avant un Mussolini ou un Kemal Pacha, il a pensé qu'une nation doit renaître sous la baguette d'un animateur. Il a alors, dit Louis Delau, « l'audace de croire qu'on peut ressusciter un peuple dont la civilisation est morte et la témérité d'en tenir la folle gageure ».

D'abord, il ira au plus pressé. Le péril est évident et Lyautey se compare à un « officier de marine nommé au commandement d'un vaisseau en perdition ». C'est le moment pour lui de se souvenir des leçons de sang-froid que son maître Gallieni lui donna jadis dans la brousse tonkinoise, et il se met au travail sans perdre de temps. Il devait œuvrer pendant treize ans, consacrant deux années à la pacification et à une organisation rapide, « au pas de charge » suivant l'expression d'Auguste Terrier, faisant des réformes au galop entre deux colonnes expéditionnaires, tels ces dahirs du 12 Août 1913 sur l'organisation de la justice signés à Marrakech en pleines opérations ; menant plus de quatre années de guerre avec tous les contre­ coups locaux du conflit mondial, pour terminer par sept années de conso­lidation intérieure et de développement économique.

Dans l'intervalle, il trouve le moyen de sauver quatre fois le Maroc : en 1912, quand la révolte des tribus manque de faire sombrer à Fès et à Marrakech l'œuvre naissante; en 1914, en n'abandonnant pas le pays et en organisant sa défense ; en 1918, en résistant presque sans forces militaires à une agression venue du Sud ; en 1925, en brisant la ruée rifaine. A l'instar de Cicéron répondant au Sénat romain inquiet de son énergie et de ses succès, il aurait pu s'écrier avec fierté à son départ : « Je jure, je jure que j'ai sauvé le Maroc ! »


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:34



LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly13
MARS 1908

Le Général LYAUTEY accompagné du Général d'AMADE, arrive au poste de commandement du Général DRUDE à Casablanca.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMar 4 Nov - 10:41



Le général Lyautey commence par vouloir travailler en confiance. C'est un sentiment qui est profondément ancré dans son cœur et sans lequel, prétend-il, il ne peut rien faire qui vaille. Or, dès son arrivée au Maroc, il s'aperçoit que l'attitude de Moulay Hafid, le nouveau sultan sur lequel il croyait pouvoir compter, compromet la paix du pays, précisément à un moment où la dissidence est menaçante à Fès et où El Hiba agite l'étendard de guerre à Marrakech.

Sa décision est vite prise. En ce qui concerne les révoltés, l'affaire est claire. Il a sous la main deux chefs militaires de valeur sur qui il peut se reposer sans crainte : Gouraud et Mangin. Il dirige le premier sur le Nord en le priant de dégager Fès et ses abords ; il envoie le second nettoyer le Sud. Ces missions seront exécutées avec succès. Mais lui-même veut prendre contact avec les « fassi », gens réputés hautains et turbulents. Il pense que sa présence est nécessaire dans cette ville en cette période d'émeutes sanglantes. La situation est grave, très grave même, Lyautey ne se démonte pas. Imitant Gallieni qui lisait des ouvrages de Stuart Mill la veille d'un combat, il se fait réciter des poésies par Drouin, un de ces officiers qui, avec Poeymirau, Bénédic et Guillaume, forment son « équipe ». Le danger écarté, il reste dans Fès convalescente, où, avec le concours de quelques militaires et de quelques civils, comme le consul Gaillard et le consul d'Angleterre, il exerce sur la population une action personnelle si forte qu'il parvient à se concilier en quelques jours les sympathies des notables musulmans.

Reste le Sultan. Moulay Hafid éprouve le secret désir de se dérober à toute collaboration amicale avec la France et la question est de savoir comment on pourrait gouverner en dehors de lui. A vrai dire, la question ne se pose même pas pour le général, aux yeux de qui le mot de « protec­torat » ne représente pas qu'une étiquette : il renferme aussi une doctrine à appliquer, et celle-ci exige le concours loyal et absolu du souverain protégé. SI ce dernier s'y refuse, il ne lui reste qu'à abdiquer.

Telle étant la pensée du général Lyautey, les choses ne trainent pas et l'on apprend en août 1912 que Moulay-Youssef, homme de bonnes manières, est devenu Sultan de l'Empire Chérifien.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 8:54



LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly14
Communiqué par l'E.S.S.I. de Fès, Photo Gurtner, Fès.

FES. - Palais de BOU-JELOUD.

Plaque de cuivre commémorant l'entrevue de Moulay-Hafid et de la Mission française le 25 Mai 1912.
Cette plaque est fixée au dessus du canapé devenu historique.





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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:02



LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly15

Communiqué par l'E.S.S.I. de Fès, Photo Gurtner, Fès.
25 MAI 1912. - FES. - Palais de BOU-JELOUD.

Sur ce canapé de bois brun, aux formes et sculptures curieuses,
aux coussins de peluche verte, usés et passés, le Sultan
Moulay-Hafid a reçu le Général LYAUTEY, nommé Résident
Général et arrivé à Fès le 24 Mai 1912.




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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:07



De ce jour, Lyautey accordera sa confiance la plus entière au nouveau Sultan, le traitera en souverain avec tous les égards dus à son rang, l'assurera très cérémonieusement de l'aide que lui apporte le Gouvernement de la République pour « la pacification de son empire, le développement de ses richesses et le progrès de ses institutions, dans le respect le plus complet de ses mœurs et de sa religion ».

Et c'est ainsi que débute dans la confiance l'œuvre maîtresse de Lyautey, son chef-d'œuvre, unique dans nos annales coloniales : la création du Maroc moderne.

Guillaume de Tarde, qui fut avec P.Tirard, un de ses remarquables collaborateurs de la première heure au Secrétariat général du Protectorat, a très justement fait remarquer que le langage populaire ne dit jamais que Lyautey a « conquis le Maroc ». C'est, en effet, un mot qui ne vient à l'esprit de personne, tandis qu'au contraire celui de « créer » est dans toutes les bouches et dans tous les livres. C'est une tradition qui s'est établie, nous la respecterons, en voyant assez rapidement ce qu'a été cette création marocaine.

Que le Résident général ait fait preuve dans sa tâche de qualités éminentes, notamment de prudence avisée, d'intelligence ouverte, d'activité sans limite, de discernement et de méthode, nous pensons que nul ne le contestera jamais. Ce qu'on peut se demander, c'est s'il n'a pas été gagné par la rapidité de son œuvre, s'il n'a pas été surpris, en quelque sorte, par la marche accélérée d'un peuple vers la civilisation, ce qui l'a obligé à suivre simultanément trois phases qui, logiquement, auraient dû être successives : la conquête, la pacification et l'organisation.

Dans le domaine militaire, il se montre général à la manière romaine, dans le genre de Jules César ; il aime la conquête, mais l'art guerrier n'est qu'une arme entre les mains du politique, qui ne s'en servira qu'en cas de nécessité ; il attend autant de la négociation ou du prestige de sa force que du combat et de la gloire des armes. Aussi est-il content de Gouraud, dont il dit : « II a vraiment symbolisé la mission que nous avons à remplir ici : une main fermée sur la poignée de l'épée qui impose le respect de la force, l'autre ouverte à toutes les soumissions.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:12



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Communiqué par l'E.S.S.I. de Fès.
Fès. - 14 Mai-2 JUIN 1912.


Plaque de marbre appposée dans la ville musulmane sur la maison où résida le Général LYAUTEY à son arrivée dans cette ville assiégée par les tribus.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:21



Il a su, avec une juste mesure, châtier sans merci des gens de désordre et protéger, avec toute la bonté qu'elles méritent, les populations laborieuses. »

Ceci ne l'empêche pas de fixer ses objectifs essentiels et de commencer l'exécution méthodique d'un programme de pacification qu'il devait terminer, niais qui, du fait de la Grande Guerre, s'est prolongé jusqu'en 1934.

Ces objectifs sont : la région de Marrakech, le pays Zaian, le couloir de Taza qu'il faut soumettre, d'ailleurs sans hâte ni gaspillage d'hommes ou d'argent. Que ses généraux, aidés par les services de renseigne­ments, « grattent et cuisinent » les dissidents ! C'est tout ce qu'il demande. Le temps travaille à son profit, grâce à ses vieilles méthodes tonkinoise et malgache, économiques et sûres, qu'il décide d'appliquer ici, en terrain plus difficile. C'est dans ce sens que Franchet d'Esperey et Brulard opèrent du côté de Mogador, que Blondlat, Mangin et Gueydon manœuvrent dans les régions de Rabat et du Tadla. Pendant ce temps, Alix franchit la Moulouya et Henrys occupe Ifrane et Ito.

De tels résultats sont magnifiques pour une première année, et cela d'autant plus que l'action occulte de l'Allemagne, qui cherche à brouiller les cartes, n'échappe pas au général. Mais la politique de ce dernier semble se jouer des difficultés, si bien que, au cours de l'été 1914, la « bataille du Maroc », livrée sur des fronts divers, vaut à la France plus de 70.000 kilo­mètres carrés nouveaux, au pays sa sécurité depuis Fès jusqu'à Marrakech, à l'Afrique du Nord son unification par la prise de Taza, qui permet de relier le Maroc à l'Algérie. L'œuvre de pacification se révèle patiente, mais adroite aussi. Lyautey a, en effet, une heureuse trouvaille, qu'on a appelée la « politique des grands Caïds » et qui montre bien son génie. Elle consiste en la collaboration des grands seigneurs du Sud, Glaoui, Goundafi, Mtougui, véritables barons du Moyen Age, capables de lever des harkas de plusieurs dizaines de milliers d'hommes et qui, en mettant à notre disposition leur autorité et leurs moyens matériels, nous permettent peu à peu, avec des effectifs réduits, d'assurer à la domination du Sultan d'immenses territoires dans le Sud marocain.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:27


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1908. - A BOU-DENIB
Photo communiquée par le Colonel Vernaz

Le Général LYAUTEY étudie le plan des opérations sur la frontière algéro-marocaine.



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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:52



Aussi, le général en chef, satisfait de ces débuts, peut-il envisager « dans un délai rapproché l'occupation totale de ce vaste empire » et songer à souffler un peu. Il a paré aux dangers immédiats dont était entourée la naissance du Protectorat ; il a, par la suite, agrandi dans de notables propor­tions, le « Maroc utile ». II y avait là déjà de quoi être content.

Dans le domaine politique, la situation n'est pas moins bonne, en dépit des chausse-trapes et des entraves que multiplient les ressortissants des puissances bénéficiaires de capitulations et malgré l'impossibilité de s'en protéger par un plan d'ensemble, distributeur de solutions. Chaque fois, cependant, Lyautey, en parfait diplomate, est obligé de desserrer habilement les liens sans les rompre et réussit à passer à travers les mailles des filets qui lui sont tendus. Il possède heureusement une grande force dans l'amitié personnelle que lui porte Moulay Youssef, sensible aux attentions déférentes et aux prévenances respectueuses dont il est l'objet, autant qu'aux efforts du Résident général, qui, pénétré de la certitude que le Protectorat est une « doctrine politique et sociale de la plus haute et de la plus pure moralité », recherche en toute circonstance l'association et la coopération de la race autochtone et de la race protectrice « dans le respect mutuel, dans la sauvegarde scrupuleuse des institutions traditionnelles ».

Lyautey veut d'abord, en effet, restaurer le prestige du Sultan et ensuite régénérer les vieilles institutions politiques indigènes : maghzen, administration, justice, lamentablement tombées. En outre, il comprend qu'il faut gagner la confiance des grands et des notables et, dans ce but, il ne témoignera jamais assez de ses intentions de garantir contre toute atteinte leur religion, leurs croyances, leurs coutumes, leurs institutions et même leurs villes. Il n'admet pas d'équivoque à cet égard, et s'il est heureux d'avoir des missionnaires franciscains au Maroc, il est bien entendu que leur apostolat ne s'exercera que dans la population européenne. Né chrétien et élevé en chrétien dans
sa fidèle Lorraine, il admire les missionnaires dans toutes les colonies où il passe, il soutient leurs œuvres sociales, si étroitement apparentées à ses méthodes, mais il ne veut pas autre chose, n'aimant guère qu'on aborde ce sujet devant lui. Comme le dit le Père Dapzol, « le maréchal s'interdisait de penser tout haut à cette question.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 9:56


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13 MAI 1912
Photo Flandrin, Casablanca

Lyautey arrive à Casablanca. Il se rend au Consulat de France où la population lui a offert un apéritif d'honneur.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 10:04


Toute arrière-pensée dans ses protesta­tions de respect à la religion des Marocains lui aurait semblé un intolérable manque de loyauté ».

II sait d'ailleurs ce qui plaît aux indigènes et il ne manque pas de leur faire savoir que les principes qui se trouvent communs à toute vie sociale, tels ceux d'ordre, de tradition, d'autorité, de hiérarchie, recevront leur application dans le pays. II ne néglige jamais les occasions de leur parler en se mettant toujours à leur portée. C'est ainsi qu'à des Caïds réunis à sa table et qui l'approuvent de la tête, il déclare un jour : « II faut que ceux qui doivent commander commandent et que ceux qui doivent obéir obéissent ». Ces formules lapidaires ne sont-elles pas celles que l'on retient le mieux ? A cela, ajoutez, d'un côté, des réceptions de cour, des manifes­tations organisées avec le goût de l'éclat, du décor et de la somptuosité cher au Résident général, et, de l'autre, la politique plus simple de la « tasse de thé », par laquelle s'établit le contact avec la population, et vous compren­drez la facilité avec laquelle les sympathies accourent vers Lyautey.

II ne s'agit d'ailleurs pas plus d'amabilité de commande que d'hypo­crites sentiments. Le Résident général, d'accord avec ses principes et ses théories, est sincère et loyal : il n'aime pas le musulman comme un sujet quelconque, il l'aime comme individu fraternel, parce que de la foi de son enfance il a conservé cette belle idée et que c'est également son devoir de chef. Le Maroc, pense-t-il, appartient numériquement, pour la plus grande partie, aux indigènes, qui représentent plus de quatre millions de sujets, le Protec­torat doit donc s'occuper d'eux. De là l'importance primordiale qu'il attache à l'assistance médicale, à la multiplication des infirmeries et dispensaires, sauvegarde du capital humain dont il a la responsabilité, à l'enseignement indigène auquel il voudrait surtout donner un caractère professionnel, car il croit, comme Paul Bert et Jules Ferry, que l'école est un instrument nécessaire de civilisation, « un moyen efficace de pénétration et d'assistance » qui dissipe les préventions et les préjugés dans une atmosphère d'entente mutuelle. Bref, à l'entendre comme à étudier son œuvre, on a l'impression que la politique indigène, cependant si délicate, n'est qu'un jeu dans ses mains habiles et bonnes, et on est amené à conclure comme lui : " Croit-on qu'il ne faille pas plus d'autorité , de sang-froid, de fermeté d'âme pour maintenir la soumission sans tirer un coup de fusil sur une population hostile que pour la réduire à coups de canon une fois soulevée ? ".


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 10:07



LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly20

1913 - REVUE  
Photo Veuve Schmitt, Tout pour la photo, Rabat


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 11:32



Au point de vue de la colonisation européenne, la tâche de Lyautey n'est pas commode. Les immigrants arrivent en foule au Maroc et en particulier à Casablanca où il n'existe rien, mais qui jouit d'une réputation de Cocagne ou d'Eldorado ; leur rythme atteint jusqu'à deux mille par mois. Il est donc nécessaire de s'occuper d'eux et vivement si l'on ne veut pas être submergé par le flot de ces braves gens qui réclament toujours de l'action et encore de l'action. Ils sont insatiables et poussent le Résident général tant qu'ils peuvent. C'est ce qui explique les paroles de Lyautey à M. Philip, doyen de la colonie française de Casablanca , le jour de son départ, en 1925 : " Oui, on a été très vite et c'est vous qui m'avez poussé, qui m'avez secoué, et je vous l'ai bien renbdu. Mais on se secoue qu'entre gens qui se connaissent et qui s'estiment ".

Est-il utile de relever la modestie de la phrase ? Le Résident général n'a jamais eu besoin d'être secoué par qui que ce soit, il savait trop bien ce qu'il devait ou pouvait faire. Si déjà, au Tonkin, il écrivait : "Je renifle l'action, la virile action, celle qui vous empoigne au réveil , envahit la nuit, hante le sommeil, que les flemmards appellent surmenage, et qui est la vie ", comment devait-il s'exprimer pour caractériser son activité au Maroc? .Il est vraiment étonnant, en pleine forme, et tout en lui est contraste

" Il avait, écrit André Chaumeix, l'esprit le plus viril et une sensibilité féminine. Ardent et réfléchi, méditatif et enflammé, généreux et susceptible, artiste et homme d'action, capable des plus charmantes courtoisies et de brusqueries emportées. il surprenait par sa mobilité, et il surprenait davantage par sa lucidité et sa maîtrise de soi. Tantôt tout en fulguration, tantôt tout en méthode, il concevait les choses sous le signe de la plus froide raison, mais il ne les accomplissait qu'avec un enthousiasme où il y avait de l'amour. Chef exigeant et respecté, il inspirait le désir de la servir".


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 11:39


LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly22
I° JANVIER 1915.  
Photo du Service des Beaux-Arts du Maroc

Après la réception du Nouvel-An à la Résidence générale de Rabat,
le Général Lyautey, accompagné de M. Tranchant de Lunel, directeur
des Beaux-Arts, inaugure la porte de la Kasbah des Oudaïas, un des
chefs-d'œuvre de l'architecture marocaine.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 11:56



Aussi le voit-on partout, menant tout de front, examinant les détails de chaque affaire, créant tout avec sa bonne dose d'expérience, de savoir-faire, de largeur de vue, d'ardeur frémissante, quand ce n'est pas de l'enthousiasme.

Dans l'intérêt conjugué du Maroc et de la France, il se propose de mettre en œuvre les richesses agricoles, forestières, minières du pays par un programme moderne d'outillage économique : ports, routes, chemins de fer, fondation et aménagement des villes. La réalisation de ses projets ne marche pas toujours toute seule, on s'en doute. Il ne se trouve pas seule­ment en présence des difficultés matérielles inhérentes à toute exécution de travaux, il est surtout gêné par les actes internationaux qui prescrivent, les uns des traitements égalitaires pour les sujets de telle ou telle nation, les autres des adjudications publiques pour des chemins de fer, bref des hypo­thèques internationales habilement imposées à la France. Têtu et non moins habile, Lyautey arrive toujours à ses fins, même lorsqu'il a à lutter contre les désirs ou les opinions de ses administrés. C'est ainsi qu'ayant décidé de doter Casablanca d'un grand port, malgré les critiques de ceux qui lui répètent que son projet, inexécutable, n'est que folie ou gaspillage, il réfute toutes les objections et brise tous les obstacles. Pressentant l'avenir de cette ville, en dépit d'ingrates apparences : mer houleuse, communications souvent impraticables, engorgement et désordre à quai, il s'attelle à la besogne avec son directeur des travaux publics Déluré et réussit le tour de force que tout le monde peut admirer aujourd'hui : Casablanca, grand port de l'Atlan­tique. A Kénitra, ce n'est pas seulement un port sur le Sebou qu'il crée, il fonde sur le sable une ville, dans le but de concurrencer Larache, au débou­ché d'une magnifique région agricole; par reconnaissance, ses habitants l'ont appelée Port-Lyautey. Et il en est de même pour toutes les petites cités maritimes de la côte qui ont besoin d'être outillées.

La question des routes est logiquement liée à celle des ports : aux centres de l'intérieur, il faut des voies d'accès à la mer. Avec l'essor formi­dable donné au Maroc dans ces premières années, le trafic commercial ne peut plus s'accommoder des vieilles pistes maghrébines, les besoins de l'armée également, car la rapidité, en matière de sécurité et de pacification, revêt une importance exceptionnelle. D'un autre côté, la route est plus indispensable au Maroc qu'ailleurs, parce que le traité franco-allemand de 1911 nous empêche de construire des chemins de fer à notre guise, selon l'urgence ou notre intérêt, en imposant la priorité d'adjudication pour la ligne de Tanger à Fès.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 12:00

LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly23

Cliché Comité Afrique Française
 
Cliché Comité Afrique Française

Arrivée du Général Lyautey à Marrakech
Le Général Lyautey décore le Général Brulard
de la cravate de commandeur de la
Légion d'Honneur



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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 12:07

LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly24

Cliché Comité Afrique Française

Cliché Comité Afrique Française

Généraux Lyautey et Gouraud  
Généraux Lyautey et Franchet d'Esperey à Souk-el-Arba




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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 12:15



On imagine les colères que prend Lyautey lorsque des obstacles de ce genre, qu'il ne peut pas surmonter, se dressent devant lui. En pareil cas, il les tourne : à malin, malin et demi ! Puisqu'il ne peut pas avoir des chemins de fer normaux, il construit des voies militaires de 0m.60 et les utilise au maximum : en 1914, sa ligne est suffisamment avancée pour qu'il puisse établir au moins virtuellement la liaison du Maroc occidental au Maroc oriental par Fès-Taza. Elle devait, par la suite, lui rendre les plus grands services.

Un fait intéressant à souligner à propos de cet outillage, c'est l'amour que Lyautey professe pour les plans. Autant il a horreur des rapports administratifs, généralement aussi vides que longs, autant il aime les croquis, les dessins, les plans. En voyant l'image, il se représente l'objet dont la conception claire lui permet d'obtenir une action ordonnée et une vérifi­cation, un contrôle, ce qu'il appelle « faire le point ». De là peut-être l'intérêt dont il a toujours fait preuve dans l'examen des détails, de là sa présence sur les chantiers, aussi bien civils que militaires, de là aussi des colères vite légendaires, avec le képi jeté à terre, lorsque cela ne marche pas à sa convenance. Il disait volontiers, pour expliquer son activité dans ce domaine, qu'il avait la « maladie de la truelle », et il expliquait qu'elle lui était venue depuis le jour où, sur le Danube, il avait rencontré un Anglais qui, en construisant des digues, des chenaux et des barrages, avait redonné la vie au fleuve endormi.

Quelle qu'ait été la portée de cet exemple sur lui, il est certain qu'au Maroc Lyautey donne libre cours à ses penchants de constructeur et qu'il équipe merveilleusement ce pays demeuré barbare jusqu'au XX° siècle. Une de ses qualités est d'ailleurs de voir grand. Avec une imagination vive et créatrice, il a à cœur de donner à l'empire chérifien tout le confort moderne : beaux bâtiments, longues perspectives, larges routes, lumière, espace. S'il n'avait eu qu'à tailler dans le neuf, la chose, avec de l'argent et du temps, aurait été relativement facile.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyMer 5 Nov - 12:19

LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 A_a_ly25

AUTOMNE 1912. - CASABLANCA  
Photo Flandrin, Casablanca

Le Général Lyautey et M. Laronce, Consul de France, assistent aux premières courses
de chevaux données au Maroc.


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MessageSujet: LYAUTEY L'AFRICAIN   LYAUTEY L'AFRICAIN - Page 3 EmptyJeu 6 Nov - 7:29



Mais c'est qu'à son arrivée au Maroc, de mau­vaises habitudes étaient déjà prises, notamment au point de vue urbain, et il se trouve en présence d'un essor désordonné, aggravé d'une certaine anarchie de goûts chez les propriétaires, qui ne témoignent guère plus du sens de l'hygiène que de celui de l'esthétique. Nécessité et spéculation ont créé l'embouteillage et une abominable fantaisie. Le Résident général, qui a « la hantise de ces tôles ondulées, de ces tuiles rouges, de ces bicoques », s'empresse, dès que la sécurité du territoire est assurée, de dresser un programme urbain et des plans de ville pour l'application desquels il restera toujours rigide.

A la vérité, c'est qu'il a un grand principe auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux : celui de la séparation dans les villes des vieux quartiers indigènes et des quartiers européens nouveaux. De nombreuses raisons politiques, sanitaires, économiques, édilitaires ou artistiques militent, en effet, en faveur de cette solution dont le Maroc se réjouit aujourd'hui, ne serait-ce qu'au point de vue touristique. Et l'on doit considérer comme un bienfait pour ce pays la publication du dahir du 16 août 1914, qui a créé le code de l'urbanisme marocain, tout autant peut-être que la décision qui appela au Maroc le grand architecte Prost. L'une et l'autre ont obtenu des résultats qui sont admirés par tous les connaisseurs, car en respectant à la fois les règles de l'urbanisme moderne et l'héritage de beauté légué par les siècles précédents, en maintenant l'éblouissement de la magnificence et de la vétusté à Rabat, à Fès, à Meknès, à Marrakech, en inventant de construire sans détruire le passé indigène, en s'instituant le défenseur du Maroc contre le vandalisme, Lyautey, « artiste pur et simple », comme l'appelle Jean Gallotti, a protégé d'inestimables richesses. Il a bien mérité des citadins, des artistes, des historiens et des touristes.

Il faudrait des volumes si l'on voulait passer en revue la création marocaine de Lyautey; il faudrait, en effet, parcourir tout le cycle des réalisations que nécessite la mise en valeur d'un pays, et pareille étude dépasse le cadre de ces modestes pages. Peut-être vaut-il mieux terminer cette esquisse de ses deux premières années de protectorat par quelques indications sur sa façon de travailler et de gouverner.


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