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| Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 | |
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Pierre AUBREE Admin
| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Ven 11 Déc - 20:13 | |
| page 59 - M. Marchand, Gouverneur du Cameroun. - Le transport du bois en forêt au Cameroun. - CAMEROUN. — Les nouveaux quais du port de Douala.... méthodiquement la mise en valeur du Togo. Vis-à-vis des cultivateurs indigènes, son action s'est traduite par la distribution gratuite de plants et graines, la création du crédit agricole, l'amélioration des méthodes de culture, l'amélioration des procédés de traitement des produits agricoles : A l'égard des entreprises européennes, les mesures prises sont : la réglementation des marchés et le contrôle des produits, des essais de nouvelles cultures, l'institution de primes à l'exportation, l'octroi de détaxes à l'importation en France des produits du cru, la création d'une Chambre de Commerce, l'adoption d'un régime douanier approprié. Afin d'ouvrir toutes les régions aux échanges, le Gouvernement local a poursuivi, depuis 1922, la réalisation d'un vaste programme de grands travaux comprenant la remise en état des voies ferrées et du matériel laissés par les premiers occupants, la construction d'un nouveau wharf à Lomé, de routes viables en toutes saisons, de réseaux télégraphiques et téléphoniques, d'une station radiotélégraphique, l'installation d'une centrale électrique, la prospection du sous-sol, la construction d'une nouvelle voie ferrée. Ce dernier ouvrage entamé en 1929 doit prolonger de 190 kms la ligne déjà existante, de Lomé à Atakpamé (169 kms). Quelques statistiques mettront en lumière les résultats obtenus. Le commerce général passe de 25.700 tonnes valant 27.304.734 francs en 1922 à 59.351 tonnes valant 184.213.000 francs en 1930. Mandataire au Togo et au Cameroun, la France est assujettie au contrôle de la Société des Nations et présente au Conseil de cette Société un rapport annuel contenant tous renseignements sur les mesures prises en vue d'appliquer les dispositions du mandat. Ce rapport est préparé par l'administration locale, soumis au contrôle du Ministre des Colonies et adressé par lui à Genève, où il est examiné et discuté par la Commission permanente des mandats en présence du représentant accrédité du Gouvernement français. Le Cameroun. Une politique patiente et souple à l'égard des indigènes fait régner aujourd'hui au Cameroun une .grande sérénité. Au lendemain de la conquête, la plupart des chefs ayant été entraînés par les Allemands en zone espagnole, nous nous trouvions en face d'une population désorganisée et disséminée. Les guerres de village à village recommençaient et les plantations étaient en grande partie détruites. Nos administrateurs coloniaux eurent lai mission délicate de reprendre en mains des populations inquiètes et méfiantes, de regrouper les villages et les tribus, de restituer aux chefs héréditaires leur autorité amoindrie. Collaboration des indigènes à notre action administrative, tel a été le principe dominant de la politique française au Cameroun. Des chefs de régions créés par nous sont nommés après consultation des notables par les chefs de circonscription. Représentants des traditions et de l'opinion des indigènes, ils contribuent, par leur influence, à une meilleure exécution des ordres administratifs. Au point de vue économique, le pays a atteint un développement impressionnant. Sillonnées par 5.000 kms de routes et 500 kms de voies ferrées, toutes les régions sont ouvertes au commerce. 1.000 voitures automobiles sont aujourd'hui en circulation. Les relations commerciales entre l'Est et l'Ouest s'établissent en 8 jours et en 5 jours seulement entre le Nord et le Sud. Le trafic des chemins de fer s'est élevé en 1930 à 136.000 tonnes de marchandises et à 458.000 voyageurs. Les exploitations forestières et les plantations se sont multipliées dans toute la zone traversée par le rail et la route. La forêt est une des plus belles ressources naturelles du Cameroun. Elle couvre 15 millions d'hectares et on y trouve presque toutes les essences utilisables : acajou, aiyous, palétuvier, ébène, bois de rose, etc... Le palmier à huile fournit par ses fruits la matière d'un commerce important en même temps qu'un aliment de première nécessité pour les habitants. Le café et le cacao ont fait l'objet de nombreuses demandes de concessions. Les chiffres du commerce total, pour 1930, sont les suivants : Importations 172.852.000 fr. Exportations 136.794.000 fr. Deux ports de commerce, Douala et Kribi, créés par les Allemands ont été aménagés et agrandis par nous et sont actuellement dotés d'un outillage moderne. Les dépenses qu'ont entraînés les travaux du port de Douala sont de 24 millions de francs et d'autres travaux sont en cours. Ce port est actuellement accessible à tous les navires d'un tirant d'eau de 6 m. 50. Des grues roulantes de 10 à 12 tonnes assurent la manutention des marchandises. Le vote récent des emprunts coloniaux, dont 15 millions sont destinés au Cameroun, permettrai la substitution d'une voie métrique à un chemin de fer Decauville sur un parcours de 40 kms. (Ottelé, M'Balmayo s'embranchant sur la voie centrale Douala-Yaoundé ). Au point de vue social, d'importants progrès ont été également réalisés. La répression de l'esclavage, qui existait encore sous forme de faits de traite isolés et clandestins, a été menée avec énergie. Actuellement semblables délits sont devenus exceptionnels. La lutte contre l'alcoolisme a été victorieusement poursuivie, grâce à des mesures restrictives du commerce des spiritueux aux indigènes et il est permis d'affirmer que l'alcoolisme n'existe plus au Cameroun. - M. Marchand, Gouverneur du Cameroun. - Le transport du bois en forêt au Cameroun. - CAMEROUN. — Les nouveaux quais du port de Douala.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Ven 11 Déc - 20:14 | |
| page 60 - M. Guesde. Commissaire. - M. Pasquier, Gouverneur Général. - Le Pavillon illuminé du Tonkin. Le Palais de l'Indo-ChineSituée entre le golfe de Siam et la mer de Chine, la Cochinchine, terre française depuis 1862, s'étend sur 65.000 kilomètres carrés, avec une population de 4 millions d'indigènes et de 15.000 Français. Elle est constituée presque tout entière par un delta d'alluvions, adossé vers le Nord aux contreforts extrêmes de la chaîne annamitique, abaissé au Sud et à l'Ouest vers la mer. Au Nord et à l'Est, ondulations de savanes et de forêts ; au centre et aux extrémités, bancs de terrain marécageux. Mais cette toison sauvage hérisse de riches terres rouges, cette bourbe est un limon plantureux. Comment le pays s'est transformé sous notre impulsion, quel essor de prospérité économique s'y épanouit, il suffit de quelques faits et de quelques chiffres pour l'attester. La superfficie des terres cultivées était de 675.000 hectares en 1883, elle s'élève aujourd'hui à 2.360.000. La valeur des importations et des exportations a atteint, en 1927, 400 millions de piastres contre 262 en 1921, soit une progression de 40 p. 100 en six ans. Le port de Saïgon, qui exporte plus de deux millions de tonnes, se classe au sixième rang des ports français, après Dunkerque. Il devient, après Rangoum, le plus grand marché de riz de l'Extrême-Orient. La cité, soudée par un arroyo à la ville chinoise de Cholon, forme, avec sa voisine, une agglomération de près de 300.000 habitants, nœud vital d'un réseau de voies ferrées de 600 kilomètres et d'un réseau routier de 7.400, dont 5.000 empierrés ou asphaltés. Sous la chevelure de ses frondaisons tropicales, c'est une puissante ville moderne, percée de larges avenues, somptueuse et affairée, dont les pulsations marquent le rythme intense d'activité imprimé à tout le pays. Dans l'Ouest de la Cochinchine, les joncs et les marais cèdent peu à peu la place aux rizières. Dans les régions du Nord et de l'Est, d'immenses domaines se défrichent et se couvrent de cultures jusque-là inconnues ou sporadiques : le caoutchouc (50.000 hectares), le poivre, le maïs, la canne à sucre, le tabac. De cet enrichissement progressif, l'indigène est le premier à bénéficier. Des fortunes foncières, parfois considérables, se sont édifiées dans tous les centres locau. Mais notre œuvre humanitaire touche la population entière. En veut-on quelques exemples ? Dans le domaine de l'assistance médicale, depuis dix ans, le nombre des malades consultants a passé de 184.000 à 484.000, la mortalité infantile est tombée de 27 à 3 p. 100 ; en quelques mois, en 1927, près du tiers de la population a été vacciné contre le choléra. Dans le domaine de l'enseignement rappelons que tous les villages vont avoir leur école élémentaire avec un stage obligatoire des enfants pendant un minimum de trois ans. Sous toutes les formes s'affirme ainsi la bienfaisance de nos méthodes. C'est le protectorat libérateur de la France qui a soustrait le Cambodge, depuis 1863, aux convoitises de ses voisins et l'a rétabli dans son patrimoine national par la restitution, en 1907, des provinces de Battambang, de Siem-Réap et de Sisophon, berceau prestigieux de ses traditions. Au peuple khmer et à sa dynastie, la protection française assure désormais, ... - M. Guesde. Commissaire. - M. Pasquier, Gouverneur Général. - Le Pavillon illuminé du Tonkin.
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Ven 11 Déc - 20:15 | |
| page 61 - Le Temple d'Angkor, vu la nuit. M. Blanche, architecte. (Photo Henri Manuel) - Le Grand Escalier. - Le Profil du monument.... par un accord loyal des volontés et des cœurs, jamais démenti depuis plus d'un demi-siècle, une destinée de paix et de progrès. Une population de 2.500.000 habitants, dont 1.800 Français, se répartit inégalement sur un territoire de 180.000 kilomètres carrés. Cependant, le pays s'éveille au progrès économique. La superficie ensemencée en paddy a passé, de 1921 à 1928, de 363.000 hectares à 658.000 et la production du riz de 380.000 tonnes à plus de 800.000. Il faut mentionner d'autres cultures d'un riche rendement : le maïs (18.000 tonnes), le poivre (3.200 tonnes), le coton (1.200 tonnes), le tabac (3.000 tonnes). La production de la soie représente 250 tonnes, dont les sept dixièmes sont utilisés sur place par les métiers indigènes. L'hévéa trouve dans les terres rouges un sol favorable : la superficie plantée est évaluée à 15.000 hectares. Seul le manque de bras a ralenti le mouvement de la colonisation. N'oublions pas, dans ce bilan des richesses locales, l'industrie nationale de la pêche : 21.000 tonnes de ... - Le Temple d'Angkor, vu la nuit. M. Blanche, architecte. (Photo Henri Manuel) - Le Grand Escalier. - Le Profil du monument.
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Ven 11 Déc - 20:19 | |
| page 62 - Les Danseuses du Dragon. - Le Temple d'Angkor, vu du lac. - Le Pavillon illuminé de l'Annam. (Photos Henri Manuel)... poisson sec ont été exportées en 1928. Le traité du 6 juin 1884 a établi le protectorat de la France sur l'empire d'Annam. Etroite bande de terre de 1.500 kilomètres de long sur 50 à 150 kilomètres carrés de large, ce territoire de 146.000 kilomètres carrés de superficie, peuplé de 5.300.000 habitants dont 2.500 Français, offre, en bordure de la mer de Chine, une rare variété d'aspects et de paysages, depuis les cimes et les plateaux calcaires du Sud (Lang Bian et Darlac) jusqu'aux, plaines côtières du Nord, basses et argileuses. Les parties peuplées représentent seulement une superficie de 20.000 kilomètres carrés, dont 10.000 environ de rizières, lentement conquises sur la boue des fleuves et les lagunes du littoral. Le problème était double : d'abord irriguer le sol pour le fertiliser, ensuite ouvrir des voies de communication pour permettre les échanges et réaliser l'unité administrative du pays. De grandes roues cylindriques, à palettes et à godets, les norias, sont le dernier stade de l'industrie agricole indigène. Nos procédés d'irrigation sont d'une autre envergure. Par un système de barrages et l'établissement de réseaux de canalisation, ils visent à fertiliser des régions entières : à Thanh-Hoa, 60.000 hectares; à Quang-Ngai, 24.000; à Quang-Nam, 32.000. La valeur des terres en friche ainsi irriguées s'accroît en moyenne de 50 piastres l'hectare, mais passe, parfois, d'un bond, de 4 à 200 et plus. L'agriculture indigène reçoit de nous d'autres encouragements par l'institution du crédit agricole, par les stations d'essais, enfin par l'apport de capitaux importants qui permettent la mise en valeur des régions désertées, tels que les plateaux du Kontum, du Darlac, de Djiring, vastes paliers de terres rouges jusqu'ici couverts de savanes. Dans la plaine se cultivent maintenant le maïs (45.000 hectares), la patate (61.000), la canne à sucre (27.000). Sur les coteaux et les croupes des plantations de café et de thé (14.000 hectares) s'étagent pleines de promesses. Quelle richesse réserve aussi l'exploitation méthodique des forêts dont le manteau recouvre un tiers de la superficie de l'Annam ! Le Tonkin, quadrilatère de 115.000 kilomètres carrés, peuplé de 7.300.000 indigènes et 13.000 Français, a une base de 250 kilomètres de côtes, rocheuses et découpées au Nord, mouvantes et alluviales au Sud, et trois faces continentales qui s'enchâssent dans les rameaux et les plissements ruinés issus des chaînes du Yunnan. Toute la vie a reflué au centre dans un triangle de 15.000 kilomètres carrés à peine. Les deltas du Fleuve Rouge et du Thai-Binh s'y ramifient, mêlent leurs eaux et leur vase, construisant, aux, dépens et au niveau de la mer, des nappes d'épais limon. L'industrie de générations attachées depuis des siècles à leur glèbe et à leur village, a transformé ce couloir limoneux, en une marquetterie de rizières, carrelée à l'infini. Là s'est condensée presque toute la population indigène du Tonkin (82 p. 100 environ), qui s'accroît de 80.000 unités par an et offre une des plus fortes densités du globe, 400 en moyenne par kilomètre carré, 600 ou 700 même dans certaines provinces du bas delta. Pour subvenir aux besoins d'une population pléthorique, mal nourrie de riz et de poisson, l'effort de nos services agricoles tend à accroître le rendement des terres, encore faible (1.300 kilogrammes de riz en moyenne à l'hectare — production annuelle du Tonkin : 2 millions de tonnes), par la sélection des graines et l'emploi des engrais. Il tend aussi à introduire ou à développer d'autres cultures, alimentaires (maïs, manioc, haricots) ou industrielles (ricin, tabac, mûrier). La création de banques agricoles instituées par M. le Gouverneur général Varenne en 1927 a soustrait le paysan à la lèpre de l'usure. En même temps, la colonisation européenne ... - Les Danseuses du Dragon. - Le Temple d'Angkor, vu du lac. - Le Pavillon illuminé de l'Annam. (Photos Henri Manuel)
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Ven 11 Déc - 20:20 | |
| page 63 - Le Pavillon du Laos. - Un coin de la Section Indochinoise illuminé. (Photo H. Manuel)... ouvre des terres inexploitées dans la région moyenne : plantations de caféiers (6 millions de pieds environ) et surtout de théiers (4.000 hectares) qui s'acclimatent parfaitement et permettront un jour de libérer l'Indochine du tribut de 2.500 tonnes de thé qu'elle importe chaque année de la Chine. Les filons minéralisés du sous-sol décèlent d'incroyables richesses. Le Tonkin se découvre l'avenir d'un grand pays minier et industriel, sorte de Belgique de l'Extrême-Orient. Un bassin houiller de 150 kilomètres de long sur 10 de large s'étend au Nord du Delta, dans la région du Dong Trien, et se prolonge en bordure de la baie d'Along. Les découverts de Hongaï exposent des coupes de 150 mètres d'épaisseur où le charbon se débite en tranches dans d'immenses arènes ouvertes sur la mer. La production approche 2 millions de tonnes, dont la moitié est exportée. Le Tonkin possède, en outre, des gisements de zinc (55.000 tonnes), d'étain (2.000 tonnes), de phosphates (20.000 tonnes), de graphites. La valeur totale de la production minière annuelle est passée de 9 millions de piastres en 1923 à 17 en 1928. Le nombre des ouvriers employés dans les mines dépasse 40.000. Des cinq pays de l'Union, le Laos est le plus vaste (231.000 kilomètres carrés) et le moins peuplé (830.000 indigènes et 400 Français), le plus pauvre, mais le plus fortuné, car s'il connaît à peine ses richesses, qui sont, dit-on, fabuleuses, il se contente de sa félicité, qui est légendaire. Dans un cadre de vie primitive s'est réalisée la fusion de races diverses, chinoises et indonésiennes, Thai, Lolo, Kha, Méo, chasseurs et pêcheurs, dont les cases sur pilotis se juchent en haut des crêtes, s'accrochent à flanc de coteau, se dispersent ou se groupent dans les clairières ou en bordure du Mékong. La production de quelques rizières (350.000 tonnes de riz par an), facilement irriguées, suffit à la subsistance. Du côté de, la mer, la chaîne annamitique sépare le bassir du Mékong des centres populeux de l'Annam et du Tonkin. Au Nord, des saillies abruptes, gercées de ravins et de nervures, supportent le vaste plateau de Tranninh et s'abaissent en pente douce vers le fleuve. Ce rempart isole et encercle le royaume féodal de Luang Prabang, souveraineté « du million d'éléphants et du parasol blanc », dont la France est protectrice depuis 1893. A l'histoire de notre pénétration pacifique, véritable « conquête des cœurs», Français et Laotiens associent à jamais la mémoire de l'explorateur Pavie. Au Sud, dans une région de causses et de basalte, qui forme le plateau volcanique des Bolovens, favorable aux cultures industrielles, théiers, quinquina, caféiers s'étalent des forêts clairières aux essences les plus variées. Ces provinces méridionales, sans statut juridique bien défini, constituent en fait une colonie française. La capitale administrative, Vientiane, longtemps engourdie sous la floraison de ses flamboyants, parmi ses sanctuaires en ruine, s'anime peu à peu. Tels sont, en un bref aperçu de leurs nuances et de leurs contrastes, les traits et les éléments constitutifs de notre Indochine. Sa superficie de 737.000 kilomètres carrés représente une fois et demie celle de la France. Sa population est de 20 millions d'habitants, dont 32.000 Français. Son commerce général dépasse 7 milliards de francs. Le mouvement des importations et des exportations est supérieur, en chaque sens, à deux milliards. De cette prospérité, dont le bienfait s'étend à tout le pays, les témoignages s'inscriront, probants et concrets, à l'Exposition Coloniale, synthèse des forces agissantes qui rattachent au passé l'œuvre lumineuse de la civilisation française. Ce que nous verrons de l'Indochine en 1931, M. le Gouverneur général Pasquier en a dessiné le programme en quelques coups de pinceau : « L'Indochine des pagodes, mais aussi des usines, des mines, des plantations et des grands ports; l'Indochine des palanquins et des éléphants, mais aussi des grandes voies ferrées, des grands postes de T.S.F. et des lignes de navigation aérienne; une Indochine traditionnaliste, infiniment touchante, enveloppée dans un linceul de forces défaillantes, mais aussi une Indochine jeune, frémissante, s'éveillant sous le regard de la France à tous les progrès, une Indochine prête à l'action, où sourd de toutes parts la force vive d'un admirable renouveau ». Le visage de la France lointaine apparaîtrai ainsi digne de notre admiration et de notre fierté. - Le Pavillon du Laos. - Un coin de la Section Indochinoise illuminé. (Photo H. Manuel)
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Ven 11 Déc - 20:21 | |
| page 64 - M. Pierre Alype, Commissaire. - Intérieur du Pavillon. (Photo H. Manuel) Le Pavillon de la Syrie et du LibanLa Syrie est un pays trop antique et qui a joué dans l'histoire générale de l'humanité un rôle trop considérable et glorieux pour qu'il soit nécessaire de s'attarder aux particularités de sa géographie ou aux péripéties de son passé. Située au fond de la Méditerranée orientale, elle occupe une surface d'environ 150 kilomètres carrés, formée d'une part du Shamigé, plateau désertique à deux glacis qui s'éloigne vers l'Euphrate et de l'autre par le système montagneux du Liban comportant deux chaînes parallèles hautes de 3.000 mètres et une dépression centrale où coulent l'Oronte, le Sitani et le Jourdain supérieur. Au delà de l'Anti-Liban s'étend le désert, région autrefois fertile qu'irriguait l'Euphrate et où n'errent plus que des Bédouins nomades faisant paître leurs troupeaux de moutons. Le climat est tempéré avec des moyennes de 10° en hiver et de 30° en été. Du fait de la topographie défectueuse et de la barrière que le Liban oppose aux vents d'Ouest, le système des pluies est mauvais et les eaux mal réparties. La neige entretient néanmoins des sources nombreuses. La Syrie compte une population d'environ trois millions d'habitants, dont 2.200.000 musulmans, 650.000 chrétiens et le reste formé d'étrangers, Grecs, Juifs, Arméniens réfugiés et Français. Après avoir participé à tous les fastes de l'histoire, depuis Assur et l'Egypte jusqu'à Alexandre, province romaine qui posséda avec Antioche une des capitales du monde antique, la Syrie fut emportée, vers l'an 630, par le conquérant arabe, puis tomba par la suite sous la domination turque. De 660 à 750, avec Damas pour capitale, les califes ameyades y établirent le siège de leur gouvernement. De fond araiméen, la population n'est que partiellement arabisée. L'islamisation contraignit les chrétiens à se réfugier dans les montagnes et dans les villes. La langue nationale est l'arabe; le turc est parlé par les minorités du Nord et le français, introduit et diffusé par nos religieux des missions, est la langue véhiculaire. La Syrie a été placée sous mandat français par la Société des Nations en 1922. Un Haut Commissaire et des cadres administratifs y assurent la direction des affaires et la marche des services publics. La Syrie a été organisée en quatre Etats : Syrie, 170.000 kilomètres carrés, 1.200.000 habitants, avec Damas pour capitale (227.000 habitants) et Alep pour ville principale ; Liban, 10.500 kilomètres carrés, 630.000 habitants, avec pour capitale Beyrouth (124.000 habitants); Etat des Alaouites, 6.500 kilomètres carrés, 265.000 habit., capitale Lattaquie (22.000 habit.); Djebel Druse, 6.000 kilomètres carrés, 55.000 habitants. Tous ces Etats ont leur gouvernement particulier, les uns sont soumis au régime constitutionnel avec des assemblées élues au suffrage universel; d'autres sont administrés par des délégués français. La Syrie compte deux cours de cassation, l'une à Damas, l'autre à Beyrouth; elle possède trois cours d'appel, vingt-six tribunaux de première instance et des justices de paix. Quatre cent quatre-vingt-treize écoles officielles et 983 écoles privées dispensent les trois formes de l'enseignement, primaire, secondaire, supérieur. Beyrouth est le siège d'une université française ; il y a une université américaine à Damas. Depuis l'attribution du mandat syrien à la France, en 1922, six hauts-commissaires, MM. Picot, général Gouraud, général Weygand, général Sarrail, M. H. de Jouvenel et M. H. Ponsot se sont succédé. L'administration des pays syriens est rendue très difficile par les antipathies de races et les antagonismes inconciliables qui séparent les ethniques de confessions différentes. Les Chrétiens de Syrie, très remuants et exigeants, sont encore plus intraitables que les musulmans. De leur côté ceux-ci se partagent en Sunyites, Shiites, Ismaéliens et Juitiatiques. La diversité des conceptions religieuses, les haines entre Schismatiques et Orthodoxes et l'amour de la chicane, inhérent à ce tempérament sémite, font qu'aucun acte administratif ne peut être décidé sans que les uns ou les autres ne l'interprètent aussitôt comme une brimade ou un abus de pouvoir favorisant tantôt les Chrétiens aux dépens des Musulmans et tantôt les Musulmans aux dépens des Chrétiens. Le généal Gouraud y fut accusé de faire triompher la croix sur le croissant; le général Sarrail eut des difficultés sans nombre avec les Maronites du Liban, les plus grands disputailleurs du monde, et M. H. de Jouvenel, malgré ses talents de diplomate et d'orateur préféra abandonner la partie. Il en résulte que le rôle réalisateur que la France aurait voulu remplir se trouve considérablement gêné et que notre action est réduite au minimum par les prétentions de ces groupes antagonistes, dont aucun, en fin de compte, ne se déclare satisfait de nos tentatives pour instaurer la paix, faire régner l'ordre avec la prospérité et le travail. L'équilibre politique est précaire; il faudra vraisemblablement de longues années pour l'établir et il n'est nullement prouvé que la France sera récompensée ne serait-ce que moralement de la lourde tâche et des constants sacrifices qu'elle consentit pour ramener dans les voies de la civilisation cette terre anarchique et désolée. La chicane constante qu'il nous faut débattre laisse peu de temps au travail utile de revivifier la terre et de l'outiller. On doit d'autant plus le regretter que la Syrie, à peu près réduite à l'état de désert par une longue suite de destructions systématiques et de massacres, pourrait récupérer son ancienne prospérité d'une manière relativement courte et facile. Quelques barrages sur l'Euphrate, fleuve énorme dont le débit est en hiver de plus de 5 millions de mètres cubes à la minute, permettraient la fertilisation du désert (coton et blé, palmiers et oasis) et en reboisant le Liban dévasté par l'incurie des hommes et la dent des chèvres dont nous n'avons pas su débarrasser le pays comme les Anglais firent à Rhodes, on referait de ces pentes et de la dépression centrale un de ces vergers enchanteurs et bénis que Barrès décrivit dans son « Jardin sur l'Oronte ». Un proche avenir ne tardera point à préciser ces possibilités ou à infirmer ces espoirs. Quoi qu'il en soit, l'agriculture actuelle est défectueuse, l'irrigation insuffisante. On produit des céréales dans le Nord et au Djebel Haman; du coton, du tabac chez les Alaouites et au Liban, du chanvre. Les arbres fruitiers prospèrent dans le Liban et pourraient prêter à une florissante industrie; dans le désert qui regarde vers l'Euphrate paccage un troupeau de moutons évalué à 1.500.000 têtes et le Liban est infesté de chèvres qui le ruinent beaucoup plus qu'elles ne l'enrichissent, mais fournissant aux besoins immédiats les plus sommaires de populations apathiques.et satisfaites de peu. Des gisements de fer, de chrome, de lignite, de bitume et de pétrole ont été reconnus. L'industrie est représentée par quelques filatures et tissages, des fabriques de tapis, des tanneries, des fonderies et ateliers de dinanderie. On compte aussi quelques usines de transformation. Le mouvement général du commerce est d'environ 1 milliard 200 millions. Pays déficitaire, la Syrie achète plus qu'elle ne vend : 800 millions aux importations et 400 aux exportations. Le seul grand port est Beyrouth, mais des travaux sont projetés à Alexandrie et à Tripoli. L'outillage économique est encore rudimentaire, le réseau ferré comprend 934 kil. de voies ; le réseau routier n'est pas plus développé. La Syrie a des beautés naturelles qui pourraient prêter à une industrie touristique ; elle possède aussi des ruines antiques (Palmyre, Byblos, Balbeck et Sidon), des ruines médiévales et des villes d'art musulmanes (Alep et Damas). Enfin, dans le désert syrien peuplé de 300.000 bédouins rattachés, on pratique l'élevage du cheval arabe universellement réputé. Telle s'affirme la Syrie, ancien berceau de civilisation qui pourrait retrouver son antique splendeur à la double condition d'y rediscipliner la nature redevenue sauvage et, tâche plus ardue encore, d'y amender les hommes. - M. Pierre Alype, Commissaire. - Intérieur du Pavillon. (Photo H. Manuel) | |
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:27 | |
| page 65 - M. Jore, Gouverneur de Tahiti. - M. Ducet, Commissaire. - Le Pavillon de l'Océanie. M. Ernest Billecocq, architecte. (Photos Henri Manuel) Le Pavillon de l'OcéanieLes visiteurs qui pénètrent dans l'Exposition par la porte de Neuilly et l'avenue des Colonies françaises aperçoivent, dès l'entrée à droite, abritée par une futaie formant un fond de rideau pittoresque et verdoyant, une construction en bois exotiques (troncs de cocotiers, bambous et roseaux) très agréable à l'œil, élevée sur pilotis et recouverte de feuilles de pandanus tressées. Ce pavillon de 270 mètres carrés environ de superficie et de près de 10 mètres de hauteur sur 26 mètres à peu près de façade latérale a été édifié sur les plans de MM. Billecocq père et fils, architectes, par les soins de l'entreprise de construction Rolland frères. Il loge l'exposition spéciale des produits et collections officielles et privées des Etablissements français de l'Océanie, dont le Gouvernement abrite, sous notre pavillon tricolore, 121 îles ou îlots, répartis en 5 groupes sensiblement parallèles, orientés du Sud-Est au Nord-Ouest et séparés par des fosses de plus de 4.000 mètres de profondeur. Au centre du pavillon a été installé un petit salon d'honneur entièrement composé et orné de bois des plus riches essences coloniales françaises par les soins de MM. Saddier et ses fils. Ce salon est consacré à la mémoire des grands Français, navigateurs et marins, dont les explorations et les efforts patriotiques ont amené la découverte de nos îles polynésiennes et leur réunion pacifique à la France, ou bien en ont fait connaître au monde le charme et la beauté, ainsi que des indigènes qui ont sacrifié leur santé ou leur vie pour la défense de notre pays, et dont deux cartouches en bois précieux rappellent le dévouement. Sachant combien le public s'intéresse au développement et au progrès de notre influence civilisatrice et protectrice sur les populations confiées à notre tutelle — surtout lorsque, comme c'est le cas en l'espèce, elles se sont données volontairement et librement à nous et ont sollicité leur réunion à notre pays — l'autorité locale a tenu à exposer les produits du travail manuel des élèves des écoles de la Colonie. Plus de 200 objets (chapeaux, coussins, paniers, corbeilles, colliers, ornements divers, éventails, services à thé, robes, petites pirogues, etc.) fabriqués par eux en fibres tressées, noix de cocos sculptées, bois du pays, etc. font ressortir leur goût artistique, leur intelligence et leur ingéniosité naturelle. La Colonie a également fait appel au concours obligeant d'amateurs éclairés résidant dans nos îles enchantées, qui ont bien voulu lui confier leurs collections pour l'avantage des visiteurs de son pavillon. C'est ainsi qu'on peut admirer sous vitrines des collections de nacres perlières et de perles aux différents stades de leur formation (grenailles, chicots, soufflures découpées et non découpées, etc.) prêtées par M. Hervé, chef du Service d'Ostréiculture; le R. P. Rougier et le Dr Noël. On sait que les Tuamotu sont l'un des gîtes perliers les plus renommés du monde par la qualité et la variété de ses perles, toutes naturelles. C'est dans les lagons de Hikueru, notamment, qu'on trouve les « pipi » de Tahiti, ainsi que les perles grises et noires. Il serait fastidieux d'énumérer les diverses présentations de produits naturels et fabriqués de nos Etablissements polynésiens qui sont présentés aux visiteurs, quoiqu'il ne soit pas inutile d'indiquer aux gourmets qu'ils pourront déguster l'excellent vin d'oranges dont la préparation leur est présentée par M. Liot, colon à Raiatea et inventeur d'un procédé industriel d'extraction à froid qui conserve aux jus concentrés de fruits ainsi produits le goût naturel des fruits frais et leur richesse en vitamines. Un des fleurons de la couronne impériale de la France, assez peu connu de nos concitoyens — sinon par les récits captivants des voyageurs et des écrivains que leur destin ou leur fantaisie ont conduits jusqu'à lui et qui ont été séduits par sa beauté pittoresque et son charme — existe dans les immensités océaniennes du Pacifique, sentinelle avancée de notre pays en Polynésie Orientale, presque aux Antipodes, éloignée de 4.000 kilomètres au moins de tout continent. L'ensemble desdits groupes, qui possèdent chacun un caractère géographique différent, est placé sous l'autorité du Gouverneur des Etablissements Français de l'Océanie, lequel réside à Papeete dans l'île de Tahiti, la plus importante de ces terres lointaines. Tahiti appartient à l'Archipel des Iles de la Société comprenant les Iles du Vent, au Sud-Est, et les Iles Sous le Vent, au Nord-Ouest. - M. Jore, Gouverneur de Tahiti. - M. Ducet, Commissaire. - Le Pavillon de l'Océanie. M. Ernest Billecocq, architecte. (Photos Henri Manuel)
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:28 | |
| page 66 - Le Pavillon de la Nouvelle-Calédonie. MM. Saacké, Bailly et Montenot, architectes. - Type de chefs indigènes. - Vue générale de Nouméa. - Un coin des quais. (Photos Manuel) Le Pavillon de la Nouvelle-CalédonieLes pavillons des Etablissements français du Pacifique Austral : Nouvelle-Calédonie et Dépendances, Nouvelles-Hébrides, Iles Wallis restituent les antiques habitations des grands chefs des tribus indigènes. Grâce à l'heureuse évolution de ces tribus sous l'influence française, évolution accomplie dans le cadre de leurs traditions et le respect de leurs coutumes, l'habitation canaque d'aujourd'hui a elle-même évolué dans le sens de la construction européenne qui assure aux indigènes plus de confort et d'hygiène. Il a néanmoins paru intéressant de reproduire l'habitat original de ces populations réputées les plus primitives du monde, lesquelles, en Nouvelle-Calédonie, se sont affinées, mais qui cependant existent encore à l'état primitif dans le condominium des Nouvelles-Hébrides. C'est ainsi que l'ensemble de la composition destinée à évoquer nos Etablissements du Pacifique Austral comprend trois pavillons édifiés sur les plans des architectes Saacké, Bailly et Montenot : celui de la Nouvelle-Cadédonie au centre, celui des Iles Wallis à droite et celui des Nouvelles-Hébrides à gauche. La décoration de ces pavillons, sous la direction de son commissaire, M. André, emploie des éléments empruntés à l'art canaque; bois et os sculptés représentant des faces humaines curieusement expressives, des coquillages, des entrelacs de lianes, des mâts décorés et ornés de trophées et à l'extérieur se trouveront les tams-tams et totems. A l'intérieur des pavillons sont présentés des dioramas, des vitrines, des photographies, des cartes et des graphiques exposant au public l'effort agricole, industriel et commercial de nos colonies. Notons encore une exposition rétrospective de la vie indigène. La Nouvelle-Calédonie, l'une des plus grandes île du Pacifique, se développe sur une longueur de 500 kilomètres et une lageur moyenne de 50 kilomètres. Sa superficie correspond environ à trois fois celle de la Corse. Son climat est exceptionnellement salubre et doux. C'est un pays de peuplement, de colonisation libre, véritaible province française qui compte de nombreux citoyens français, environ 17.000, juxtaposés à des collectivités indigènes (20.000) et asiatiques (12.000) avec lesquelles ils vivent en parfaite harmonie. Découverte en 1774, l'île fut occupée une première fois, en 1849, par une mission catholique, puis définitivement, en 1853, par l'Amiral Despointes, au nom de la France. - Le Pavillon de la Nouvelle-Calédonie. MM. Saacké, Bailly et Montenot, architectes. - Type de chefs indigènes. - Vue générale de Nouméa. - Un coin des quais. (Photos Manuel)
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:30 | |
| page 67 - M. Joseph Guyon, Gouverneur Général. - Plantation de caféiers. - La place des Tabous. - A PORT-VILA. — Marchands de bananes ravitaillant le courrier.Contrée essentiellement minière et agricole, les ressources de la Nouvelle-Calédonie sont nombreuses. Peu de pays réunissent, sur un espace aussi restreint, une production aussi variée. En dehors de l'industrie minière largement représentée, on y pratique avec succès l'agriculture, l'élevage, l'exploitation des forêts riches en bois d'industrie, la pêche de la nacre, etc... Les principaux produits d'exportation sont : le nickel traité sur place et exporté sous forme de mattés à 77% de métal pur (près de 6.000 tonnes annuellement) ; le minerai de chrome exporté à raison d'une moyenne annuelle d'environ 56.000 tonnes; le café dont la principal variété « l'Arabica » est particulièrement appréciée en raison de son arôme, comparable aux meilleures qualités connues, le Bourbon et le Moka (900 tonnes); le coton d'une qualité supérieure comparable aux meilleurs cotons égyptiens (coton de laine : 350 tonnes, graines de coton : 1.700 tonnes); le coprah (6.000 tonnes); les conserves de viandes (250 tonnes); les peaux brutes (380 tonnes); les coquillages de nacre (400 tonnes); les bois (6.000 tonnes); le guano (10.000 tonnes), etc.... Le mouvement commercial de la Nouvelle-Calédonie, tant à l'exportation qu'à l'importation, est d'environ 250 millions de francs. Le développement constant de la colonisation, tant agricole que minière, exige une amélioration des moyens de transport et des débouchés maritimes. Aussi, un programme de grands travaux, élaboré par l'actif Gouverneur de la Colonie, M. Guyon, se montant à 110 millions , a été voté par le Conseil général en 1930. Ce programme est financé, d'une part, par les prestations en nature jusqu'à concurrence de 15 millions et, d'autre part, par un emprunt de 95 millions que le Parlement français a autorisé et garanti en février 1931. Ce programme comporte la construction d'un réseau de routes, l'amélioration du port de Nouméa, l'assainissement de cette ville, le doublement de l'adduction d'eau, l'extension du réseau télégraphique et téléphonique, ainsi que le développement des services d'hygiène, d'assistance et de protection de la santé publique et des établissements scolaires. L'exécution de cet ensemble de travaux donnera, à bref délai, à la Nouvelle-Calédonie les moyens de réaliser les perspectives que lui promettent ses incomparables richesses et sa laborieuse population; elle étendra son rayonnement économique et son activité entraînante sur tout le Pacifique Austral où elle occupe une situation privilégiée. - M. Joseph Guyon, Gouverneur Général. - Plantation de caféiers. - La place des Tabous. - A PORT-VILA. — Marchands de bananes ravitaillant le courrier.
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:31 | |
| page 69 - M. Roger Delord, Commissaire. - Le Pavillon de la Guadeloupe. M. Tur, architecte. (Photo Henri Manuel) Le Pavillon de la GuadeloupeLa Guadeloupe, l'une des plus pittoresques îles du magnifique groupe des petites Antilles, est située aux environs du 15e degré de latitude Nord et du 63e degré de longitude Ouest. Cinq dépendances politiques sont rattachées à la Guadeloupe : les îles de Mairie-Galante, de la Désirade, des Saintes, de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin (dont une partie est hollandaise). La superficie totale de la colonie est de 178.000 hectares. Sa population s'élève à 243.243 habitants. Pointe-à-Pître est le principal port de la colonie. Des travaux pour le transformer en un port moderne et bien outillé sont commencés et poussés activement. La principale culture de la Guadeloupe est celle de la canne à sucre. Cette plante trouve, en effet, dans l'île le climat chaud et humide dont elle a besoin pour prospérer. La culture de la canne à sucre s'étend sur environ 28.000 hectares et alimente de nombreuses sucreries et distilleries qui font la richesse de la colonie. La Guadeloupe possède environ 7.OOO hectares plantés en café, qui produisaient annuellement avant 1928, 800.000 kilos de café. Le 12 septembre 1928, un cyclone qui ravagea toute l'île a endommagé considérablement les plantations et la production s'en ressentira pendant plusieurs années. Le cacao de la Guadeloupe est très renommé. La production, qui était en 1928 de 800.000 kilos, a subi une forte diminution à cause du cylone. La culture de la banane est en train de prendre dans l'économie de la Guadeloupe une place prépondérante. On estime à 300 hectares en culture pure et à 2.500 hectares en cultures variées les superficies occupées par le bananier. En 1927, la production était de 1.500.000 kilos de bananes. La culture du vanillier se fait exclusivement dans la Guadeloupe proprement dite. Le cyclone de 1928 a endommagé fortement les plantations qui produisaient annuellement 30.000 kilogrammes de vanille ou vanillon. La culture du coton, longtemps abandonnée à la Guadeloupe, a été reprise depuis quelques années. La variété cultivée, dite « longue soie », fournit un des meilleurs cotons. La production annuelle était, avant le cyclone de 1928, d'environ 30.000 kilos. L'élevage est assez prospère. Au 1™ janvier 1931, il existait dans la colonie 5.000 ânes, 7.000 moutons, 15.000 chèvres, 6.000 chevaux, 50.000 porcs, 3.000 mulets et 35.000 bovins. Les mers qui entourent l'archipel guadeloupéen sont extrêmement poissonneuses. Et cependant la pêche n'a pas encore été envisagée comme un des facteurs essentiels de la prospérité du pays. Les pêches fructueuses qui pourraient être faites seraient susceptibles d'alimenter plusieurs fabriques de conserves. Les richesses minérales de la Guadeloupe sont à peine connues. Les premières prospections laissent entrevoir qu'elles sont considérables. Un projet de réglementation minière est actuellement à l'étude. Il facilitera dans une large mesure les recherches à venir. Parmi les industries les plus intéressantes, il faut citer : 18 sucreries qui produisent environ annuellement 30.000 tonnes de sucre. La production des usines à sucre et des 87 distilleries de la Guadeloupe est d'environ 15.000.000 de litres de rhum par an; une chocolaterie produit du chocolat pour la consommation locale. Il existe deux fabriques d'huile de bois d'Inde et de Bay-rhum. Un établissement à fonctionnement intermittent prépare du jus concentré de citron et du citrate de chaux. Un autre, assez important prépare des liqueurs telles que : crème de cacao, de bananes, d'ananas, de fine orange, etc... Le mouvement commercial de l'île se fait surtout par le port de Pointe-à-Pître et un peu par celui de Basse-Terre. Elle importe des Etats-Unis, du Canada, de l'Angleterre, des colonies anglaises et hollandaises les marchandises suivantes : farine, bois, houille, huile et essence de pétrole, ciment, fûts, viandes salées, riz, etc... Elle exporte en presque totalité vers la France, les produits suivants : sucre, rhum, café, cacao, vanille, banane, coton, roucou, etc... Avant le cyclone de 1928, les exportations étaient supérieures aux importations, indice d'une prospérité certaine. Le cyclone a amené quelques perturbations dans le mouvement commercial, perturbations qui seront d'ailleurs de courte durée. Relevé des importations et des exportations de 1927 à 1929 : Années 1927 Importations : 157.590.795 fr. Exportations : 182.299.044 fr. 1928 Importations : 152.989.346 fr. Exportations : 178.243.843 fr. 1929 Importations : 231.314.100 fr. Exportations : 134.509.918 fr. - M. Roger Delord, Commissaire. - Le Pavillon de la Guadeloupe. M. Tur, architecte. (Photo Henri Manuel)
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:32 | |
| page 70 - Le Pavillon de la Martinique. M. Wulfleff, architecte. - Le Pavillon de la Guyane. M. Oradour, architecte. (Photos Manuel) - Le Pavillon de Saint-Pierre et Miquelon. La MartiniqueLe long de l'avenue des Colonies françaises, au centre de la partie réservée à nos plus anciennes possessions d'outre-mer, le pavillon de La Martinique attire le regard par la blancheur de ses murs qui surgissent d'un écrin de verdure; sa coupole semi-sphérique contraste avec les paillettes d'alentour et sa décoration extérieure d'or et de vert pâle, un peu désuète dans le cadre très moderne de l'Exposition Coloniale, fait songer à ces toilettes des dimanches chères aux habitants des « Mornes ». Par de larges baies s'ouvrant sur les « vérandas », une lumière douce pénètre dans la salle d'honneur et vient faire vivre les belles Martiniquaises de cire qui étalent, aux quatre coins de la pièce, avec une pointe d'orgueil, les couleurs chatoyantes et vives de leurs riches costumes; c'est avec un orgueil plus viril que notre vieille colonie rappelle, par deux panneaux en relief encadrant la porte d'entrée, qu'elle a donné à l'Histoire des noms à jamais immortels et les noms inconnus de ceux qui modestement ont versé leur sang pour la France au cours de la grande guerre; mais c'est avec timidité, avec une sorte de pudeur même, que La Martinique montre aux visiteurs l'hommage artistique que la ville d'Etain, reconstituée par ses soins au sortir de la tourmente, s'est fait honneur et devoir de lui rendre publiquement. Et si le regard curieux aime à suivre la rotondité de la coupole qui surplombe la salle d'honneur, il s'arrêtera surpris sur les charmants sous-bois de l'île et leur ardente arborescence chantée par Bernardin de Saint-Pierre et stylisée en quatre tableaux; par les peintres Germaine Casse, Doris, Bailly et Marise. La rotonde, qui prolonge lai salle de l'entrée, est consacrée à la ville de Fort-de-France, dont un diorama reproduit le site et la couleur. Et tandis que les pièces qui s'ouvrent sur le flanc droit nous offrent la minutieuse beauté des travaux à l'aiguille des écolières martiniquaises, les productions artistiques ou techniques des lycées et des ateliers, en même temps que les efforts de la France pour le mieux-être de la population, une cellule modeste, sobrement meublée d'un lit étroit et bas à baldaquin, d'un divan de repos, d'une console aux lignes rigides reproduit l'austérité de la chambre de jeune fille de Joséphine de Beauharnais et replace dans son cadre originel celle que l'on ne connût que dans le luxe fastueux de la Cour impériale. Il n'est guère possible de s'attendrir longuement sur le sort de la jeune créole, car la foule pressante veut avidement voir et l'on se trouve soudain, en dépit de soi-même, dans le domaine de la canne à sucre et des liqueurs renommées de la Martinique. De forts beaux dioramas nous montrent les usines de la « Rivière salée » et des plantations « Saint-James » et, sur les étagères en quinconces, dans des bouteilles de toutes formes, de toutes dimensions, brille le précieux liquide aux teintes brunes dont la dégustation est organisée par les exposants et par le Commissariat. Mais l'île possède d'autres beautés, d'autres reliques, d'autres savoureuses productions qui exigeraient que l'on y prêta l’attention du collectionneur pour ses bibelots d'art; tels sont ces fruits superbes de la flore des tropiques, ces curieux poissons des mers chaudes; tels sont ces ornements religieux mêchés par les laves, trouvés dans les ruines de la Cathédrale de Saint-Pierre après l'éruption de la Montagne Pelée. La GuyaneCette terre, qui vaut le sixième de la France en superficie, n'a que 47.000 habitants. La littérature a beaucoup exagéré les dangers de ses forêts et de ses fleuves : stylisation et artifice poussés trop loin au sujet de ce pays déjà décrié par le bagne. Et pourtant, c'est une terre d'espoir. C'est autre chose que la terre des forçats et des excès politiques : c'est un sol riche, inviolé — ses pâturages sont immenses, mais trop dénués de bétail, alors que tout près de là, au Brésil, à l'embouchure de l'Amérique, la seule île de Marajo nourrit des troupeaux de bœufs par milliers — quant à ses forêts, elles recouvrent des richesses plus grandes encore qui dorment entre leurs racines. Le Pavillon de la Guyane le montre bien ; des bois somptueux le décorent ; ce ne sont que cèdres gris et rouges, amarante, bois de rosé, ébène. Ses vitrines contiennent de l'or, de la gomme balata. C'est une des terres du rhum et du sucre. La vanille y pousse à l'état sauvage, la canne à sucre sans engrais, et le caféier y trouve un climat de prédilection. Il sera nécessaire de vaincre une répugnance populaire qui ne se justifie pas pour permettre la fécondation merveilleuse d'un sol à peine questionné. Saint-Pierre et MiquelonBien qu'un Gouverneur y réside, Saint Pierre et Miquelon, est bien, plutôt qu'une colonie, une parcelle de notre France côtière. Quatre mille habitants sont fixés sur les deux îlots et reçoivent à la saison 8.000 pêcheurs venus de France sur le banc de Terre-Neuve. La richesse monotone que crée chaque année la pêche des morues anime périodiquement les habitants des îles, avant qu'ils ne retombent dans la torpeur des longues nuits glaciales de l'hiver. Le Pavillon est une simple maison de pêcheur, ayec ses doris sur le lac, et son phare aux feux multiples qui rallie les hommes dispersés en mer. C'est aussi une parcelle, ou plutôt une larme de notre ancien empire nord-américain qui nous garde toutefois une consolation : de voir que nos coloniaux des XVIIe et XVIIIe siècles surent marquer de notre empreinte les rives du Saint-Laurent, où l'on entend toujours, à côté de la langue anglaise, le parler français de l'époque. - Le Pavillon de la Martinique. M. Wulfleff, architecte. - Le Pavillon de la Guyane. M. Oradour, architecte. (Photos Manuel) - Le Pavillon de Saint-Pierre et Miquelon.
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:33 | |
| page 76 - Le Palais des Etats-Unis. M. Bryant, architecte.Palais Étrangers Le Pavillon des Etats-Unis La Commission fédérale des Beaux-Arts ne pouvait envoyer à Vincennes une représentation des destinées coloniales des Etats-Unis d'Amérique plus grandiose et plus simple, plus familière et plus nationale à la fois que la maison même du fondateur, Georges Washington. Le choix qui a été fait de Mount-Vernon est de ceux qui rallient tous les suffrages. C'est la maison d'un planteur de cette époque qui précède la guerre de l'Indépendance et qu'on appelle dans l'histoire américaine « l'Epoque Coloniale ». C'est là que vécut Washington ; c'est là qu'il y mourut le 14 décembre 1799. Par l'impression qu'elle donne de son isolement dans la campagne immense, par la simplicité de ses lignes qui se prolongent sur des plans horizontaux et par certaines de ses dispositions, telle l'horloge ronde de la façade, qui évoquent le XVIIIème siècle français, elle nous oblige à faire, dans le temps passé, un bond fantastique de 150 années, et à nous souvenir des apports que notre pays a fait au creuset prestigieux d'où devait jaillir un jour une race forte et belle. On y a reproduit avec soin tous les détails intérieurs de la résidence de Mount-Vernon. Les chambres de Washington et de Lafayette, au premier étage, ont été reconstituées dans l'état même où elles se trouvent sur les rives du Potomac. Rien ne manque : les salons, la bibliothèque, les chambres de la famille, la salle de musique qui entendit les chants et la musique de notre Europe, Les jardins qui l'entourent reproduisent les jardins d'Outre-Atlantique, décorés de fleurs du pays. Au rez-de-chaussée, sont exposés les portraits, les estampes, les documents, les souvenirs qui illustrent l'histoire des relations de l'Amérique avec la France, avant, pendant et après la Révolution américaine. Deux maisonnettes flanquent le bâtiment central auquel elles sont réunies par des galeries ouvertes : l'une est la cuisine ; l'autre, le bureau de Washington où la riche Alaska étale ses trésors. Les autres bâtiments sont des additions au plan de Mount-Vernon ; leur style est une variante du style néo-classique anglais du XVIIIème siècle où le bois tient une grande place. Ils abritent l'exposition du Gouvernement des Etats-Unis et celles de leurs territoires extérieurs : Porto-Rico et les Iles Vierges de la mer des Caraïbes, les Iles Hawaï, les Philippines, les Iles Samoa, dont la musique qui parvint presqu'en Europe, après la guerre, a su nous faire goûter, par ses lentes et tristes mélopées, le charme engourdissant et profond du Pacifique. Après avoir constaté que la Vie habite les plus minuscules coins de notre globe et que son souffle anime et féconde les immensités qu'il transforme, il fait bon s'asseoir à l'ombre des portiques de la blanche maison, et l'on ne peut s'empêcher de songer à la belle semence que le Destin, aveuglément, a dispersée sur une terre féconde. - Le Palais des Etats-Unis. M. Bryant, architecte.
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:34 | |
| page 77 - Le Palais de l'Italie. M. Brosini, architecte. - La porte principale. (Photos Henri Manuel) Le Palais de l'ItalieLe Pavillon principal de l'Italie surprend tout d'abord : il paraît si peu colonial... Puis il s'impose tout de suite, quand on s'aperçoit qu'il est la reproduction d'un des plus beaux monuments coloniaux italiens : la Basilique de Leptis Magna, que l'empereur Septine Sévère, au IIème siècle, avait fait ériger dans l'enceinte de son palais, au centre de cette ville d'Afrique où il était né. Le monument s'inspire donc de la pensée architecturale de Rome, au moment où la gloire de l'Empire brillait avec le plus d'éclat sur le continent africain. Autour du Pavillon principal, divers pavillons aux dimensions plus réduites exposent les diverses phases de l'histoire coloniale italienne. Celui de Rhodes, la belle île méditerranéenne, est une sévère manifestation de ce Moyen Age héroïque et mystique qui portait l'empreinte de Rome. Les vieilles auberges de France et d'Italie à Rhodes y sont reproduites, asiles hospitaliers des deux grandes puissances méditerranéennes. L'Ile d'Egée y montre sa vie. Une petite cour représente l'intérieur du Bastion des Sept Tours qui symbolisait l'union des sept langues parlées à Rhodes au temps de l'occupation des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Ce bastion fut, pendant des siècles, le boulevard avancé de la civilisation latine en Orient. Un troisième pavillon, sur la gauche, sert de restaurant. Enfin, entre la Basilique et le lac, une fontaine monumentale et moderne symbolise encore l'expansion italienne, à côté de deux marabouts à coupole, souvenirs des dominateurs qui donnèrent à l'Afrique septentrionale les passions militaires et religieuses de l'Islam. Revenez maintenant à la Basilique. Des statues célèbres, la Vénus Anadyomène, les Trois Grâces, le Jupiter Olympien, vestiges d'art retrouvés en Libye, en Cyrénaïque et en Tripolitaine, y sont reproduites d'après les chefs-d'œuvre de la statuaire antique. Le véritable domaine colonial italien est en Afrique. Tout ce que contient le Pavillon principal est donc africain : expositions agricoles, agrémentées par des scènes de cultures, de récoltes et par des échantillons ; costumes indigènes de chaque colonie, dont la reproduction concourt à l'étude ethnographique ; collections de produits méthodiquement groupés. Sur le lac Daumesnil, qui fait face au Palais, voguent des « zambuchi » ou « samboucs » qui sillonnent encore « la vaste plaine liquide », la « mer inclémente », comme aux temps anciens. Sur les rives du lac, se dressent les tentes des nomades bédouins qui contrastent avec le bel édifice de marbre et de pierre. - Le Palais de l'Italie. M. Brosini, architecte. - La porte principale. (Photos Henri Manuel)
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:35 | |
| page 78 - M. Henri Carton, ancien Ministre des Colonies, Commissaire général. - L'Entrée de la Section belge. - La Section belge. Le Palais de la Belgique
Le visiteur, qui suit la route de ceinture du lac, arrivé à la hauteur de la Section Belge et tournant le dos au Lac Daumesnil, se trouve, dès l'entrée, devant une porte de clôture qui évoque immédiatement l'aspect du village indigène. La décoration de cette clôture évoque le souvenir des coutumes indigènes, des fêtes, des marchés, des camps, des luttes de tribus à tribus. Au fond de l'enclos, formé à gauche et à droite par deux pavillons, se dresse le pavillon d'honneur, construction à la fois pittoresque et imposante qui, par ses proportions, par ses trois coupoles monumentales dont la plus importante a 23 mètres de hauteur, évoque l'ampleur de l'œuvre belge, mais, qui, par le choix des matériaux et la ligne architecturale rappelle le centre africain. Pavillon principal de la Section Belge, le Pavillon du Congo est destiné à recevoir les collections et les divers objets qui formeront la participation de l'Etat belge et en même temps à donner une idée générale de l'œuvre accomplie jusqu'ici non seulement au point de vue social, mais encore au point de vue économique. Le sol de la rotonde est artistiquement recouvert d'un pavement bleu provenant des Verreries de Fauquez et sur lequel se détache l'Etoile du Congo: les couleurs de la Colonie sont ainsi reproduites au cœur même de la Section Belge. Au centre de la coupole, dans un isolement accentuant son caractère de grandeur, s'élève le monument destiné à rappeler le rôle important joué par la dynastie belge dans la fondation de notre Colonie. La galerie circulaire du salon d'honneur comporte de nombreuses vitrines remplies d'objets faisant partie des collections du Musée Colonial de Tervueren (dont Paul Morand a donné une remarquable description). Dans la partie de cette galerie circulaire opposée à l'entrée et à la terrasse où l'on accède quand on vient des jardins, est disposé un énorme diorama : celui de l'agriculture congolaise. Il représente une vue des hauts-plateaux de Kivu, région la plus récemment ouverte à l'agriculture et qui laisse entrevoir pour l'avenir les plus belles espérances. On sait que toutes les rives du Lac Kivu sont maintenant territoire belge, grâce à l'annexion du Ruanda-Urindi, provinces mises sous mandat belge par les traités de paix. Les initiatives prises depuis lors par la Belgique, et notamment celles tendant à augmenter les moyens de communication dans cette région et avec le Lac Tanganika, ont singulièrement développé ce district riche en bétail, dont la population est relativement nombreuse et dont le sol se prête admirablement aux cultures les plus variées. Quand le visiteur, entrant dans le pavillon d'honneur, se dirige vers la droite et qu'il entreprend la visite de toute cette aile du pavillon principal, surmonté d'une des coupoles latérales, il se trouve dans la partie réservée aux industries extra-actives et aux ressources minières de la Colonie. De nombreux dioramas, des maquettes montrent l'étonnant effort réalisé par la Belgique pour développer la mise en valeur de ces richesses. Au fond de cette aile du pavillon, un diorama représente Elisabethville, chef-lieu de la province du Katanga, de la province du cuivre où s'étendent les vastes installations de l'Union Minière. Les gisements aurifères de Kilo-Moto, le radium du Katanga, l'étain de la Géomines, d'autres métaux encore, tels que le cobalt, enfin les diamants de la Forminière et les pierres précieuses, tous occupent une place en vue dans cette aile du pavillon. Dans l'aile gauche du pavillon, on s'arrêtera avec intérêt devant les panneaux et les objets si variés formant la représentation des efforts fournis au Congo Belge dans les domaines éminemment civilisateurs de l'enseignement, des missions catholiques et protestantes, de l'hygiène et de l'assistance, de l'administration et de la politique indigène, de la justice, de la défense territoriale.
Le grand pavillon des industries belges. Ce pavillon, d'une façon générale, comprend la participation des industries du transport, de la grande industrie métropolitaine, des industries chimiques, de l'alimentation, des tabacs et, en outre, celles de quelques industries spécialement congolaises.
Le petit pavillon des industries belges. Il comprend, d'une manière générale, les participations des industries de luxe, l'ameublement, les cristaux, la bimbeloterie, les pierres précieuses, les arts graphiques, les livres, les tissus et fils, les vêtements et les autres accessoires de la toilette. Ce troisième pavillon est situé à droite de l'axe de la Section Belge, allant de l'entrée au centre du pavillon d'honneur, en s'inscrivant à l'avenue principale de la section. La disposition de ce pavillon, symétrique celui-ci, est parallèle à cet axe. De nouveau, large entrée, colonnade et portique entourés de nombreuses et larges vitrines comprenant les objets de la participation de l'industrie du vêtement : tous les vêtements employés aux colonies depuis les bottes-moustiques, les casques, les tissus spéciaux, les smokings blancs jusqu'aux objets les plus familiers à nos climats européens. Les cristalleries du Vail Saint-Lambert nous font admirer, dans un magnifique ensemble, les superbes cristaux de table destinés en partie au Palais du Gouverneur général du Congo à Léopoldville. Dans la partie hémisphérique de gauche : les fils et les tissus, l'importante industrie cotonnière et linière de Gand avec ses filatures et ses tissages. La longue galerie opposée à l'entrée du pavillon comprend l'ameublement en ce qu'il y a de colonial, c'est-à-dire non seulement les meubles fabriqués en bois du Congo par l'industrie belge, mais encore tous les objets de provenance métropolitaine et destinés à la Colonie : meubles, tapisseries, etc. Au centre du pavillon : les arts graphiques et le livre; les imprimeurs et graveurs belges se sont réunis pour apporter à Vincennes une participation spécialement intéressante par le fait de l'étroite collaboration de tous ces genres de métiers. Ce stand central est entouré, à droite et à gauche, par des équipements coloniaux. L'ensemble de ce pavillon ne peut manquer de laisser aux visiteurs l'impression voulue du bon goût, vraie caractéristique des industries de luxe belge.
- M. Henri Carton, ancien Ministre des Colonies, Commissaire général. - L'Entrée de la Section belge. - La Section belge.
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| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:36 | |
| page 79 - Le Palais du Portugal. M. Paul Lino, architecte. - Un des Pavillons historiques. Le Palais du PortugalMissionnaires de la civilisation, les navigateurs portugais furent les premiers à partir à la découverte des mondes inconnus ; ils n'eurent, pour les seconder dans leur tâche hardie, que leur ambition et que leur audace ; et, non contents d'avoir multiplié la surface de l'Europe, ils donnèrent à l'humanité une qualité qui lui manquait : le génie colonisateur. Les deux premiers pavillons du Portugal évoquent ce lointain passé de gloire. L'un s'inspire des constructions portugaises du XVe siècle dans lesquelles l'art des Maures subsiste encore, mélangé à la rudesse austère de l'infant Dom Henri le Navigateur ; il rappelle les plus anciennes expéditions portugaises, sous les règnes de Dom Alphonse V et de Dom Jean II, et montre les reliques provenant des Indes, de la Chine et de l'Océanie: c'est là la colonisation à l'aube des temps modernes. L'autre, est consacré au Grand Alphonse d'Albuquerque, mort au début du XVIe siècle après avoir donné à son pays les premiers points d'appui maritime d'un empire immense : Ormuz, Goa, Malacca. Il fut recréateur de cette tradition coloniale qui exige du colonisateur la connaissance de la langue et des mœurs des populations, lointaines par leur terre et lointaines par leur civilisation, qu'il veut attirer à lui pour les développer et les élever. C'est en partant de ces principes, c'est en suivant la foi de ses aventuriers généreux que le Portugal occupe, à l'époque contemporaine, un empire colonial dont la surface égale vingt et une fois celle de son territoire d'Europe. En Afrique, c'est l'Angola et le Mozambique, les Iles du Cap Vert, la Guinée portugaise, les Iles de San-Tomé et de Principe ; en Asie, c'est l'Etat de l'Inde avec Goa et Macao, en Chine ; en Océanie, c'est Timor ; et, compris dans les provinces européennes du Portugal, ce sont encore les îles enchantées des Acores et de Madère... Mais la trace dont le Portugal sait marquer ses possessions d'outre-mer n'est pas seulement perceptible sur ces îles et sur ces territoires ; elle subsiste encore, profondément gravée, dans les pays que durent abandonner leurs premiers possesseurs ; et un grand voyageur a pu dire : « lorsque de passage à Cintra, je visitai le fameux château dynastique perché sur le rocher, je pus lire dans les soixante-douze caissons du plafond d'une salle royale les noms des familles portugaises qui formaient le cœur de la nation. Comme je les avais entendus partout dans la ceinture du monde, entre les deux tropiques, je conçus alors ce qu'avait été et ce qu'est encore l'empire colonial portugais - Le Palais du Portugal. M. Paul Lino, architecte. - Un des Pavillons historiques.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931 Mer 30 Déc - 17:36 | |
| page 80 - Le plan de l'Exposition. - Le Palais de La Réunion. M. Henry-Léon Bloch, architecte. Le plan de l'Exposition Le Palais de la RéunionLa Réunion est représentée à l'Exposition Coloniale Internationale de Paris 1931, par un élégant pavillon conçu, dans son ensemble, d'après l'une des plus jolies habitations du pays : la « Villa du Chaudron », elle-même inspirée du 18e siècle et traitée dans le style du Petit-Trianon. Il a été édifié sur les plans du jeune et distingué architecte du Commissariat : M. Henry-Léon Bloch. Il s'agissait, tout en ménageant la note artistique, de réaliser le type même de la demeure coloniale adopté dans l'île et spécialement agencé pour se préserver, à l'aide de points d'ombre et de points d'eau judicieusement disposés, de l'action directe des rayons solaires et de l'influence d'une chaleur parfois excessive : condition essentielle d'existence normale sous ces latitudes. On devait donc, pour satisfaire à cette conception, adopter l'organisation en péristyles, colonnades, galeries, couvertes, vérandas (varagues dans le langage du pays), fontaines, bassins, etc., qui caractérise l'aménagement des notables habitations locales. Ledit pavillon, construit sur ces bases, est un carré de 20 mètres de côté. Il est surélevé de quelques marches formant perron sur toute sa largeur et comporte, en son milieu, une cour intérieure : le patio. Un bassin rectangulaire, de 20 m. X 10 m., le précède, dont l'onde immobile et claire réfléchit les fines colonnes d'une élégante façade, créant ainsi, dès l'entrée, avec son cadre de végétation exotique, une délicieuse impression de fraîcheur qui invite au repos... à la rêverie... Pendant les premières journées de l'Exposition, les visites ont été très nombreuses. L'Ile de la Réunion compte une population de 186.637 habitants, dont 180.000 citoyens français. La principale culture est celle de la canne à sucre, puis celles des essences (géranium, vetyver), le manioc, la vanille, l'aloès vert. Tous les fruits des pays tropicaux y sont récoltés. Le cheptel y est insuffisant et cela nécessite des importations de bœufs et de moutons. Les exportations ont été, en 1929, de 142.543.045 francs pour un tonnage de 51.000 tonnes, et représentées par le sucre, rhum, vanille, tapiocas, essence à parfums. Les importations ont atteint, la, même année, 157.991.178 francs. Ce fut surtout des objet manufacturés et des produits de première nécessité. - Le Palais de La Réunion. M. Henry-Léon Bloch, architecte. ********** Fin de la revue : COLONIES, PROTECTORATS ET PAYS D'OUTRE-MER EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE DE PARIS 1931NUMERO SPECIAL DE L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE JUILLET 1931
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