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 L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC.

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC.   L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 EmptySam 20 Sep - 6:48

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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 07-f_020

— EN HAUT : le batardeau amont du chantier de Bin el Ouidane et la prise d'eau des deux galeries de dérivation de l'oued El Abid, longues de 550 m. et capables d'évacuer 600 m2 seconde (Ph. Belin).
— AU CENTRE: construction des silos à ciment et du poste de concassage secondaire, a, la fin mai 1950. (Ph. Gillot).
— EN BAS : l'ensemble de l'installation de compensation prête à fonctionner. A droite le tapis transporteur, long de 500 m., qui amène les agrégats à raison de 300 tonnes à l'heure ; au fond, les deux silos à ciment de 1.000 m3 chacun, dominant de 200 mètres le fond de la gorge de Bin el Ouidane (Ph. Belin).


... élecirificaiion autrement importante que celle primitivement prévue et réalisée.
Ces deux facteurs imposèrent au gouvernement l'établissement d'un programme d'équipement hydraulique s'échelonnant sur plusieurs années. Ce programme établi en 1938 et réajusté après la guerre en 1945, devra être achevé en 1955 si rien ne vient entraver les réalisations encours.
Si l'irrigation constitue le souci majeur, la production de l'énergie électrique n'en demeure pas moins partie fondamentale de ce programme d'équipement Aussi tout naturellement les regards se portèrent-ils d'abord sur le fleuve le plus important du Maroc, l'Oum-er-Rebia, dont le débit d'étiage est généralement supérieur à 25 mètres-cubes seconde. Plusieurs barrages retiendront ses crues et tout en permettant l'irrigation de vastes périmètres, ses eaux feront tourner les turbines de plusieurs usines électriques. Il en sera ainsi à Kasba Zidania, à Im Fout, à Daourat et à Si Saïd Machou.
Cependant un des affluents de l'Oum-er-Rebia retint tout particulièrement l'attention des experts, en raison de sa situation géographique exceptionnelle.
En effet l'Oued El Abid, sur une partie de son cours, coule parallèlement à l'Oum-er-Rebia, à une distance de 10 kilomètres environ à vol d'oiseau de la plaine du Tadla, mais à l'altitude de 225 mètres au-dessus de celle-ci. D'où la conception de l'équipement de l'Oued El Abid qui comprend essentiellement un barrage à Bin El Ouîdane, où la vallée se resserre étroitement dans des bancs calcaires donnant ainsi la possibilité d'une vaste retenue, et une dérivation à quelques kilomètres en aval, à Ait Ouarda amenant les eaux de l'oued à 225 métrer au-dessus de la plaine du Tadla. à Afourer. Elles seront turbinées dans des usines électriques avant d'être livrées à l'irrigation d'une région particulièrement déshéritée.
Les travaux entrepris sur l'Oued E! Abid concernent tout un système de barrages, d'usines électriques et de canaux d'irrigation extrêmement délié. Ils sont d'une telle ampleur que c'est à ce « complexe hydraulique » que nous donnerons la priorité dans cet exposé.
Outre que l'on espère, lorsque ces travaux seront terminés, fertiliser d'une façon complète toute une région, plus de 100.000 hectares, dont le caractère quasi désertique était connu de longue date, les usines nouvelles produiront 500 millions de kilowatt-heures par an, doublant ainsi la production effective totale du Maroc en 1950.


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Pierre AUBREE
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MessageSujet: L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC.   L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 EmptySam 20 Sep - 8:25

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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 08-f_020

Avant de décrire les chantiers, tels qu'ils se présentent à l'aube de l'année 1951, et de donner les caractéristiques des ouvrages lorsqu'ils seront terminés, nous esquisserons ci-dessous les grandes lignes de l'aménagement de l'Oued El Abid.
Cet aménagement comprend au confluent de l'Oued El Abid et de l'Oued Ahansal, au lieu dit Bin el Ouidane, l'édification d'un barrage voûte de 135 mètres de haut, sur une largeur de 260 mètres, et retenant 1 milliard 500 millions de mètres cubes étalés sur une superficie de 3.800 hectares. Le débit sera régularisé par ce barrage à environ 26 mètres cubes-seconde.
Une usine électrique, établie au pied même du barrage, aura une puissance maxima de 120.000 kW et une production annuelle de 150 millions de kilowatt-heures.
A quelques kilomètres en aval, à Aït Ouarda, un barrage de prise et de compensation à retenue de 2.500.000 mètres cubes permettra la dérivation des eaux de l'oued dans une galerie souterraine de 10 km. 500 de longueur, traversant le massif du Tazerkount, vers la plaine du Tadla.
Après une chute de 225 mètres en conduites forcées, les epux seront turbinées à nouveau dans une usine construite au pied de la montagne, à Afourer, dont la production annuelle sera de 350 millions de kilowatt-heures.
Ainsi les usines de Bin el Ouidane et d'Afourer, utilisant une chute totale de 335 mètres, produiront en un an 500 millions de kilowatt-heures, évacués par des lignes à 150.000 volts sur Casablanca, principal centre de consommation d'une part, et Fès, Oujda et éventuellement l'Algérie d'autre part.
Le principal avantage de cet aménagement consiste dans le fait que la totalité des eaux turbinées de l'Oued El Abid seront intégralement restituées dans les canaux d'irrigation qui, se dirigeant vers l'ouest et vers l'est, assureront la fertilisation de la région des Béni Amir et des Béni Moussa. L'excédent rejoindra le cours de l'Oum-er-Rebia et contribuera à régulariser son débit.
Lorsque l'on saura que le débit maximum observé sur l'Oued El Abid fut de 1.000 mètres cubes-seconde (1942) et que son débit minimum observé fut de 3 mètres cubes-seconde (1946), on saisira tout l'intérêt pour l'irrigation de la régularisation du débit à 26 mètres cubes-seconde assurée par le barrage de Bin El Ouidane.

LES TRAVAUX PRELIMINAIRES
Les travaux préparatoires de l'aménagement de Bin el Ouidane et d'Afourer, ont commencé au début de l'année 1946. Pour en comprendre toutes les difficultés il est bon de se souvenir que ces deux points se trouvent à plus de 250 kilomètres de Casablanca et à 150 kilomètres de Marrakech, dans une région montagneuse particulièrement aride. L'Oued El Abid coule dans une étroite vallée., à 700 mètres d'altitude, entre des sommets de 1.500 à 1.800 mètres, qui constituent les premières chaînes du Haut-Atlas.
Pour l'installation des chantiers en une telle région, il fallut d'abord construire des routes de montagne, dont la pente ne devait pas excéder 7,5 % en raison des lourds charrois à prévoir, et dont la longueur totale atteint une cinquantaine de kilomètres. Il fallut créer de toutes pièces des cités pour loger le personnel, comprenant un grand nombre de spécialistes européens, une trentaine d'ingénieurs et plus de quatre cents techniciens, contremaîtres et ouvriers qualifiés. Les travailleurs marocains, dont le nombre atteignit parfois 6.000 sur les différents chantiers, durent être eux aussi logés. Il fallut aussi installer des groupes électrogènes en attendant l'arrivée des lignes de transport de force en 22.000 volts puis en 60.000 volts, assurer les communications téléphoniques, construire les tronçons de routes remplaçant ceux qui sont appelés à être immergés lors de la mise en eau, etc...
A Bin el Ouidane, comme à Aït Ouarda. les travaux préliminaires consistèrent en l'établissement d'une dérivation. A Bin el Ouidane il fallut percer la montagne de deux galeries cimentées, larges de 7 mètres et longues de 550 mètres, pouvant évacuer chacune, en cas de besoin, 300 mètres cubes-seconde, puis mettre en place, à l'amont et à l'aval, deux batardeaux. A Aït Ouarda, un canal de dérivation, susceptible lui aussi d'assurer l'évacuation de 600 mètres cubes-seconde, fut construit et deux batardeaux semblables édifiés dans le lit de l'oued.
En même temps que s'effectuaient ces travaux, toutes dispositions étaient prises pour le percement du souterrain Aït Ouarda-Afourer. La configuration du terrain ne permettant ou'une seule attaque intermédiaire, située d'ailleurs au lieu dit Talaat N'Tadout à 800 mètres seulement de l'extrémité aval du souterrain d'une longueur totale, nous l'avons dit, de 10 km. 500, des moyens extrêmement puissants durent être mis en œuvre.
Tous ces chantiers furent installés au fur et à mesure des moyens disponibles. La route qui relie Afourer à Bin el Ouidane (25 km.) et escalade le col d'Imin Ishka, était entièrement goudronnée le 3 janvier 1949. Dès janvier 1948 le premier poste d'Afourer était, mis sous tension et en février 1951 arrivait le courant à 60.000 volts. Et c'est en fait au milieu de décembre 1950 que furent achevés les travaux nréliminaires du barrage de Bin el Ouidane. la première coulée de béton ayant eu lieu le 17 décembre dernier.
Pour tous ces travaux préliminaires il fut fait appel aux habitants de la région. Malgré leur inexpérience initiale les tribus berbères fournirent des milliers de travailleurs robustes. Actuellement l'ensemble des chantiers de Bin el Ouidane, Aït Ouarda, Talaat N'Tadout et Afourer emploie près de 4.000 Marocains et 5 à 600 Européens.

UNE VISITE AUX CHANTIERS


L'aménagement de l'Oued El Abid comprend donc :
1° l'édification d'un barrage de retenue à Bin el Ouidane au pied duquel sera construite une première usine de production. C'est à l'association « Société Générale d'Entreprises — Entreprise Fougerolle » qui a pris le nom d' « Entreprise de Construction de l'Usine et du Barrage de Bin El Ouidane (E.C.B.O.) » qu'est confiée la réalisation de cet ouvrage ;
2° l'édification d'un barrage de prise et de compensation à Aït Ouarda où s'ouvre le souterrain traversant la montagne du Tazerkount, lequel fut attaqué sur le versant nord par une fenêtre à Talaat N'Tadout. Cet ouvrage est confié à l'Entreprise Fougerolle (E.F.T.P.) ;
3° la construction d'une seconde usine au pied de la montagne, à Afourer, à 230 mètres environ en dessous de la sortie du souterrain, construction confiée à la Société Auxiliaire de Travaux Publics d'Afrique du Nord (SATPAN).
Etant donnée la situation géographique de ces différents chantiers, c'est par Afourer que l'on accède à ce territoire, Afourer, cité modèle créée de toutes pièces par l'Energie Electrique du Maroc au pied du Tazerkount, à 6 kilomètres de la route de Kasba-Tadla à Marrakech.
La plaine du Tadla en venant mourir contre la muraille de la montagne présente à cet endroit une légère déclivité marécageuse à l'origine. Des drains eurent vite fait d'assainir le pays et, profitant de l'humidité relative du lieu, des plantations furent entreprises autour des bâtiments qui s'édifièrent en quelques mois. Ainsi lorsque le visiteur franchit la barrière qui ferme cette route d'accès, dite « sans issue » mais qui conduit bien au royaume secret des Titans modernes, il a l'impression de pénétrer dans une oasis.
Les bâtiments d'habitation, les bureaux, les garages, la coopérative, le bureau de poste, toutes les constructions enfin sont disséminées dans la verdure, entourées souvent de jardins et de fleurs. Fait caractéristique, l'architecture s'inspire de celle des Berbères de cette région. Chaque construction ressemble à ces habitations indigènes que l'on rencontre sur la route de Kasba-Tadla et que l'on découvre mieux encore dans la montagne, aux flancs des gorges sauvages de l'Atlas. Même coloris rouge brique, les maisons étant construites en argile séchée, même inclinaison des murs vers le toit plat dont le chaume a été remplacé par le béton souligné d'une mince ligne blanche, même absence de larges ouvertures. De grandes portes vitrées donnent sur des patios, des cours ou des renfoncements de la façade ; seules apparaissent d'étroites fenêtres. Ainsi la cité d'Afourer se mêle au décor sans choquer les regards du voyageur épris de ce paysage typiquement marocain.
Toutes ces habitations disposent de l'électricité et de l'eau courante et de nombreux aménagements ont été mis, par l'Energie Electrique du Maroc, à la disposition de son personnel ...

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MessageSujet: L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC.   L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 EmptySam 20 Sep - 8:38

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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 09-f_020

— CI-DESSUS : la gorge de Bin el Ouidane, a l'emplacement du barrage, vue d'aval. On aperçoit le batardeau amont et, sur le flanc de la montagne, à gauche, la cabine de commande des blondins dont on distingue les premiers câbles dans le ciel. Le barrage fermera cette gorge sur 135 m., soit une hauteur représentant deux fois celle de l'immeuble « Liberté » à Casablanca.
— CI-CONTRE: vue générale du chantier, prise de la station de concassage primaire. Au premier plan le tapis-transporteur rejetant les stériles ; plus loin, les cabines de commande des blondins et l'installation de concassage. Sur l'autre versant de la vallée, la circulaire des blondins dominant la nouvelle route d'Azilal, qui empruntera le couronnement du barrage dont l'emplacement est marqué d'un X. (Ph. Belin).


... afin de compenser par un réel bien-être l'éloignement de tout grand centre : terrains de sports, piscine, écoles, infirmerie, etc... Tout a été fait afin que la cité se suffise à elle-même et que ses habitants s'y trouvent bien.
Délaissant le chantier de l'usine électrique, qui vient d'être ouvert il y a quelques semaines et que nous retrouverons à la fin de notre visite, nous emprunterons tout de suite la magnifique route qui, franchissant audacieusement le Tazerkount par le col d'Imin Ishka à 1.400 mètres d'altitude, relie Afourer à Bin el Ouidane et Ait Ouarda. A vol d'oiseau la distance qui sépare Afourer de Bin el Ouidane ne dépasse pas 15 kilomètres, mais ce premier point est situé à 480 mètres d'altitude tandis rue le col à franchir culmine à quelque 1.400 mètres, ouvrant la voie à Bin el Ouidane,, niché au creux de la vallée de l'Oued El Abid à 700 mètres.
Ces quelques précisions suffiront à souligner l'importance de la construction de cette route, réalisée par l'Entreprise Fougerolle.
Le premier ravin qu'elle escalade conduit aux chantiers de Talaat N'Tadout puis, par des virages impressionnants, elle s'élève sur le flanc du Tazerkount révélant peu à peu l'immensité de la plaine du Tadla où s'inscrivent déjà, en larges saignées, les canaux principaux d'irrigation destinés à amener l'eau aux Béni Amir et aux Béni Moussa, et, sur la droite, les magnifiques aspects du Djebel R'Nim aux sommets couverts de neige.
La route, entièrement goudronnée, est assez large pour permettre le croisement des lourds camions de matériaux appelés à circuler dans les deux sens, et ses virages ont toute l'ampleur désirable pour le passage des remorques supportant les pièces imposantes et indémontables nécessaires à une usine de production électrique. Plus tard, lorsqu'elle sera ouverte à la circulation publique vers le lac artificiel de Bin el Ouidane, aussi vaste que le lac d'Annecy, et vers Azilal au pied du Haut Atlas, cette route aura une valeur touristique incontestable.
Mais voici le col où des écharpes de neige s'attardent sur le sol aux rayons du soleil. La sombre et étroite vallée de l'Oued El Abid apparaît. C'est maintenant la descente, au-dessus des chantiers d'Aït Ouarda, d'où s'échappent les méandres de la rivière resplendissante sous la lumière.
Voici, accrochés au flanc de la montagne, les bâtiments de la cité de Bin el Ouidane. Là encore, tout a été fait pour rendre moins austère le séjour de ceux qui construisent ce ...


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... magnifique ouvrage. Nous retrouvons des terrains de sports, nous apercevons un cinéma et passons devant une infirmerie qui dispose d'une installation radio et d'un cabinet dentaire.
Le site a été respecté autant que faire se pouvait, et c'est parmi les oliviers et la végétation de la montagne que s'éta-gent les constructions.
Au lieu de descendre jusqu'au creux de la vallée, continuons notre chemin sur cette route dont l'aboutissement sera bientôt la crête même du barrage, à 115 mètres au-dessus de l'oued. Nous l'apercevons sur l'autre versant de la gorge, disparaissant sous un tunnel et allant rejoindre, à quelques kilomètres de là, la route d'Azilal dont une partie est appelée à être immergée sous les eaux du lac de retenue. (Une dizaine de kilomètres reconstruits pour une vingtaine immergés).
Un nouveau paysage s'ouvre à nos yeux : la vallée amont de l'Oued El Abid, au confluent de l'Oued Ahansal, semés de quelques douars épars, sur lesquels veille parfois un ksar aux tours d'angle pointues, est dominée par la chaîne toute blanche de neige du Haut-Atlas. Le spectacle est grandiose, mais au premier plan se dressent soudain des constructions métalliques impressionnantes : c'est le chantier du barrage, les silos à ciment, les bétonnières, les tapis roulants aériens charriant les agrégats qui se déversent à grand bruit, les câbles des blondins où circulent les bennes emplies de béton...
Nous montons de nouveau, en larges lacets, vers le ksar de Foucauld qui semble monter la garde à l'entrée de cette gorge sauvage. Et nous arrivons à la carrière. Nous sommes à 990 mètres d'altitude.

LE CHANTIER DE BIN EL OUIDANE
La carrière est ouverte depuis peu et la montagne à peine entamée. Faisons confiance aux wagons-drill et aux pelles mécaniques Kœring d'un m3 200 qui, sans interruption, creusent et chargent les énormes camions Euclide de 15 tonnes qui viennent chercher la matière première destinée au bétonnage. Bientôt une large plaie sera béante au flanc de la montagne.


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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 11-f_020

- L'estacade aval  (Et. Boussiron)  de la circulaire des blondins de Bin el Ouidane en construction   (22-3-50)   (Ph. Gillot).
- Le fond de fouille du barrage vue d'aval (26-1-50).
- Une pelle équipée en butte au travail sur le fond de fouille du batardeau amont (Entr. Fougerolle) au chantier d'Aït Ouarda (1-12-49).
(Ph.  Gillot).

De ce point de vue nous dominons l'ensemble du chantier : à quelques centaines de mètres, c'est la station de concassage primaire, d'où s'échappe une passerelle métallique supportant un premier tapis transporteur qui déverse les agrégats en un tas majestueux. Plus bas, un second transporteur aérien mène à la station de concassage secondaire. Dominant encore la gorge de près de 200 mètres, cette station comprend les silos à ciment et les bétonnières. De là s'élancent dans l'espace les bennes des blondins, commandées d'une cabine de manœuvre située sur ce promontoire. Au creux de la gorge enfin, protégé par les batardeaux, on aperçoit le fond de fouille, creusé à 25 mètres au-dessous du niveau du lit de l'oued. Les hommes et leurs machines évoquent irrésistiblement une colonie d'insectes s'affairant autour de leur nid. Curieuse et saisissante vue plongeante à 300 mètres de dénivellation !
Suivons la marche normale des roches arrachées à la montagne. Le camion qui les a chargées les déverse à la station de concassage primaire. Un concasseur vibratoire V.P. 65 Neyret-Beylier de 200 tonnes-heure et un concasseur giratoire Allis-Chalmers n° 8 les débitent en agrégats de 0 à 180 mm.
Un tapis-transporteur Almacoa avec courroie Kléber-Colombe, large de 80 cm., assure leur écoulement vers un stock établi à 120 mètres de là, tandis que les stériles sont rejetées sur les côtés.
Ce stock de matériau préconcassé de 25.000 m3 se dresse au-dessus d'une galerie de reprise équipée de deux extracteurs à courroie. Les agrégats sont véhiculés à nouveau sur une courroie-transporteur de 500 mètres celle-ci, d'abord en souterrain puis sur une passerelle métallique d'autant plus élevée au-dessus du sol que la pente de la montagne est plus rapide. Ils parviennent ainsi à la station de concassage secondaire et de compensation, où le criblage et la mise en silos sont assurés à raison de 200 t.-h.
Cette station, en deux installations jumelles, comprend deux concasseurs vibratoires Neyret-Beylier VP35 de 80 t.-heure, trois concasseurs vibratoires Neyret-Beylier VIO de 20 t.-h., deux broyeurs-marteaux de 800-1.000 à 22 t.-h. et deux broyeurs-marteaux de 600-800 à 8 tonnes-heure.
L'installation de fabrication du béton est composée de deux files jumelles de bétonnage constituées chacune par des doseurs à agrégats automatiques et les tapis d'alimentation de la bétonnière. Ainsi deux bétonnières Almacoa 56 S. de 1 m3 50 sont installées sous les deux silos à ciment de 1.000 m3 chacun.
Toutes les manipulations du ciment se font par pompage pneumatique (pompes Fuller).
Précisons que les silos à agrégats, de 3.700 m3 de volume utile, classent ceux-ci en cinq catégories : de 0 à 3 mm., de 3 à 10 mm., de 10 à 30 mm., de 30 à 70 mm. et de 70 à 180 mm.
L'approvisionnement en ciment posait un problème qui a été résolu de la façon suivante. Au terminus de la voie de chemin de fer à Oued-Zem, un épi est consacré aux besoins des chantiers. Dès l'arrivée d'un train de ciment, garé sur cet épi, les camions de la C.T.M. viennent charger et transportent le ciment jusqu'à pied-d'œuvre, soit sur une distance d'environ 150 kilomètres, franchissant le Tazerkount par la route que nous avons décrite. Au plus fort de l'activité des différents chantiers, on prévoit le transport de 300 tonnes par jour, la quantité totale du ciment nécessaire aux différents ouvrages représentant plus de 150.000 tonnes.
Deux blondins Monzies de 15 tonnes assurent l'amenée de la gâchée de béton aux coffrages du barrage. La portée des câbles est de 400 mètres. Le chemin de roulement des blondins mobiles, ou circulaire est en partie creusé dans le roc au centre, et en partie édifié sur une estacade de béton, de part et d'autre du rocher, estacade construite par les Etablissements Boussiron, sous-traitant d'ECBO.
La manœuvre des blondins, nous l'avons dit, est commandée par des cabines installées sur un encorbellement rocheux à la hauteur des bétonnières. C'est de là, à près de 200 mètres au-dessus du fond de fouille, que ces bennes de 15 tonnes sont guidées le long des câbles et descendues jusqu'aux coffrages. Une liaison téléphonique en poste à poste fonctionne du fond de fouille aux cabines, et l'ouverture des bennes est assurée au sol par un système pneumatique. La benne représente 4 m3 50 de béton.
En même temps que le bétonnage du barrage, qui a été commencé le 17 décembre 1950, on procède à l'établissement du voile d'étanchéité non seulement au-dessous des fondations, mais aussi de part et d'autre du barrage, prolongeant ainsi celui-ci d'une centaine de mètres sur chaque versant.




Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 21 Sep - 8:45, édité 1 fois
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page 40

L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 12-f_022

- Fond de fouilles du barrage de Bin el Ouidane, vue d'aval. Coulage des plots. On aperçoit dans le fond le batardeau amont qui préserve le chantier (Ph. Belin).
- Fond de fouilles du barrage de Bin el Ouidane. Descente d'une benne de 4 m3 50 de béton par le blondin sur un plot (janv. 1951). On remarquera les coffrages Blaw-Knox qui seront employés pour l'ensemble du barrage (Ph. Belin).


Le nombre de ces forages sera considérable, et l'on pense que 10.000 à 15.000 tonnes de ciment devront être injectées à travers les roches (marnes et calcaires) pour les rendre aussi imperméables que possible.
En passant signalons les conduites d'eau et les stations de pompage qui ont été installées depuis le cours de l'oued jusqu'aux parties les plus élevées du chantier, œuvre extrêmement importante de tous les points de vue et qui assure notamment l'alimentation des bétonnières, grandes consommatrices d'eau.
Sur le fond de fouille et dans la carrière, ont été employées ou le sont encore, quatre pelles Kœring 605 de 1 m3 200 de capacité. Les engins de roulement, mis à part les camions de différents types, sont constitués par dix Euclide 49 FD de 15 tonnes.

LE CHANTIER D'AIT OUARDA
Par une route de service, traversant la cité de Bin el Ouidane, gagnons le chantier d'Aït Ouarda, situé à environ 4 kilomètres en aval. C'est là que sera édifié le barrage de dérivation et de compensation, c'est là que s'ouvre l'attaque sud du souterrain qui amènera les eaux de l'Oued El Abid au-dessus de la plaine du Tadla, à Afourer.
Le chantier du barrage est installé depuis peu, de part et d'autre de l'oued, en raison de l'étroitesse de la gorge. Un canal de dérivation a été construit sur la rive gauche et deux batardeaux encadrent le fond de fouille entamé. Là aussi il faudra creuser jusqu'à vingt - cinq mètres en - dessous du lit de l'oued pour trouver la roche susceptible de servir d'assise à l'ouvrage. On s'y emploie activement et les terrassements s'achèvent. Le bétonnage devait commencer en mars, et l'on pense que le barrage sera terminé avant l'achèvement du souterrain prévu pour 1953.
Une carrière a été ouverte sur la rive gauche de l'oued en amont. A peu de distance de celle-ci se trouve la station de concassage. Agrégats et ciment sont véhiculés par une voie électrique sur la rive gauche jusqu'au blondin où se trouve l'installation de bétonnage du barrage, ou bien franchissent l'oued sur une passerelle pour être ensuite introduits dans le tunnel qui s'ouvre sur la rive droite. Sur cette rive se trouvent le poste de compression et le poste de transformation, ainsi que les bureaux et magasins de l'E.F.T.P.
La galerie souterraine Aït Ouarda-Afourer traverse le Tazerkount sur toute sa largeur. Sur 3 kilomètres, le tracé du souterrain franchit des calcaires bleus lités avec intercalations de marnes du lias moyen. Sur ce parcours la galerie aura une pente ascendante de 0,0005, ceci afin de faciliter une évacuation rapide des eaux en cas de besoin, sans compromettre les travaux. Sur 7 kilomètres la galerie aura une pente descendante de 0,0017 en direction du versant nord.
La perforation et le chargement des déblais sont assurés de la façon suivante :
Un échafaudage type « Jumbo », équipé de six à huit marteaux perforateurs, installés sur trois ou quatre étages, est avancé sur le front de taille, grâce à la voie ferrée, en partie électrifiée qui pénètre dans le tunnel.
Pour forer et charger d'explosifs les trous de mines qui ont de 2 m. 50 à 3 m. 50 de profondeur, il faut environ trois ou quatre heures à un poste de quatorze mineurs. On utilise des marteaux de 25 kg à 7 kg de pression et des explosifs à faible teneur de nitroglycérine. Le « Jumbo » est alors reculé et le tir exécuté électriquement.
La pelle chargeuse, électrique type Conway 75, est avancée. Elle rejette les déblais soit 50 m3 à l'heure sur un tapis roulant qui les déverse dans un wagonnet de 4 m3 50 de capacité. Suivant le modèle des pelles employées, ce chargement a lieu en trois ou cinq minutes.
Un tracteur électrique emmène le wagon plein et en présente un vide, le croisement des rames ayant lieu sur un aiguillage dit « californien ».
Les wagonnets de déblais sont retirés du souterrain et, franchissant la passerelle que nous avons signalée plus haut, s'en vont en aval du barrage déverser leur contenu.
Pour l'exécution de ces travaux, trois conduites ont été posées dans la galerie : une conduite pour l'air de ventilation de 70 centimètres de diamètre, une conduite d'air comprimé à 7 kilos de 15 centimètres de diamètre et une conduite d'eau à 5 kilos de 10 centimètres.
L'avancement de la perforation de la galerie est de 5 à 6 mètres par jour. A la fin de l'année 1950, 1 km. 700 avait été percé par le chantier d'Aït Ouarda.

LE CHANTIER DE TALAAT N'TADOUT
Abandonnant à regret la vallée sauvage de l'Oued El Abid, franchissons à nouveau le Tazerkount et arrêtons-nous cette fois aux attaques intermédiaires du souterrain, à Talaat N'Ta-dout. Il a suffi de creuser quelques mètres dans le fond d'un Ballon pour arriver à l'altitude prévue du souterrain, et deux attaques furent aussitôt entreprises, l'une en direction d'Aït Ouarda, ...


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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 13-f_021

LE CANAL DE DÉRIVATION PROVISOIRE D'AIT OUARDA
— EN HAUT et à gauche : le modèle réduit qui a permis l'étude de l'écoulement maximum du débit nécessaire à obtenir, avec au premier plan le batardeau amont et la prise d'eau rive gauche. A droite, le batardeau amont en construction et les terrassements en cours (7-6-50).
— EN BAS : travaux de terrassements et tête amont de la dérivation prise dans son axe. Ces deux vues sont à rapprocher de la photographie du modèle réduit, reproduite ci-dessus. (Ph. Gillot).


... l'autre d'Afourer. Malheureusement, comme nous l'avons signalé plus haut, cette fenêtre d'attaque se trouve à 757 mètres seulement de la sortie nord du souterrain.
Nous ne reviendrons sur les terrains que traverse la galerie que pour signaler que de ce côté de la montagne le tunnel est creusé d'abord dans de la dolomie, sur une assez courte distance puis à travers des marnes et argiles noires et rouges à gypse du lias inférieur, pour ensuite pénétrer à nouveau dans la dolomie.
Le chantier est établi en partie dans un talweg, curieusement fertilisé par l'évacuation des eaux d'une nappe rencontrée au cours des travaux de percement, et en partie sur les déblais du tunnel que l'on accumule à dessein sur les pentes de la montagne, en direction de la sortie réelle du souterrain où sont édifiées la cheminée d'équilibre et la chambre des vannes des conduites forcées.
Sur la plate-forme constituée par ces déblais sont donc installés un certain nombre de hangars et la station de concassage. Une voie ferrée est posée qui s'enfonce dans la partie du tunnel de 750 mètres et sert actuellement à l'évacuation des déblais de la cheminée d'équilibre. Elle sera prochainement remplacée par une route qui donnera accès aux chambres des vannes des conduites forcées.
Un silo à ciment a été creusé dans la montagne. Il s'ouvre sur un tunnel qui aboutit à la station de concassage. Le ciment dosé automatiquement pour chaque gâchée, rejoint dans des wagonnets la quantité correspondante d'agrégats. En effet, la bétonnière est ici une bétonnière mobile oui fonctionne à plus de deux kilomètres de là, au cœur de la galerie souterraine qui, par une pente de 0,0017, se dirige à la rencontre de l'attaque d'Aït Ouarda.
En pénétrant dans cette galerie, nous ne décrirons pas les installations qui sont les mêmes. Cependant une conduite supplémentaire à grande section a dû être posée pour évacuer les eaux de la nappe rencontrée au point kilométrique 2.550, et dont nous parlons plus loin.
La perforation et le chargement des déblais s'opèrent comme nous l'avons écrit, mais le bétonnage s'effectue en même temps à quelque distance. L'échafaudage mobile qui assure cette opération comprend une grue pour remonter les bennes à ciment et les bennes à agrégats amenées par le train de bétonnage, construit par Ernault Thomazeau. Ces bennes sont conduites par un tapis roulant jusqu'à un culbuteur-transbordeur qui les déverse dans la bétonnière.
La gâchée à la sortie de la bétonnière est déversée par une trémie dans un « Johny » à partir duquel le béton est poussé par des chasses d'air comprimé dans une tuyauterie souple jusqu'au coffrage télescopique Blaw-Knox. La galerie est entièrement bétonnée au fur et à mesure de l'avancement de la percée, à l'exception du radier dont le bétonnage sera effectué en reculant, lorsque les deux fronts d'attaques, Aït Ouarda et Afourer, se seront rencontrés.
Cette solution a été rendue nécessaire par la grande distance à parcourir. Il est bien évident que si le béton était fait à l'extérieur de la galerie, il serait pris avant de parvenir au lieu de son emploi. Cette double opération, perforation et bétonnage, pose un grave problème de circulation qui est résolu chaque jour par un véritable chef de gare, en raison de l'importance des trains de déblais à refouler à l'extérieur et des trains de ciment à avancer vers l'échafaudage mobile. La traction de ces trains est assurée par des tracteurs électriques.
Le tronçon de 750 mètres, entre la fenêtre de Talaat N'Tadout et la sortie d'Afourer, est terminé. Sur 446 mètres sa pente s'accentue à 0.0148. A peu de distance de la sortie s'ouvre la cheminée d'équilibre dont le diamètre intérieur, une fois l'ouvrage achevé, sera de 30 mètres et se présentera ainsi comme un simple puits doté de chicanes ou cônes de compensation, destinés à ralentir la descente de l'eau et amortir ainsi les « coups de bélier » qui pourraient être redoutables lors de l'arrêt brusque du débit et sa reprise (voir schémas p. 38).
Enfin on procède actuellement aux terrassements destinés à supporter la chambre des vannes et la culotte qui distribuera le débit aux deux conduites forcées et à la conduite de décharge.
Nous avons dit qu'il avait fallu équiper la galerie d'une conduite supplémentaire d'évacuation pour les eaux rencontrées subitement au cours de la perforation. Cet incident, prévu par ...


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- Vue générale amont du chantier d'Aït Ouarda, prise en décembre 1950, avec le canal de dérivation et les batardeaux achevés. Sur la rive gauche, la voie de décharge qui évacue en aval les déblais du souterrain, et l'emplacement de l’installation de bétonnage (Entr. Fougerolle). (Ph. Gillot).

LE SOUTERRAIN AIT-OUARDA -AFOURER.
- De gauche à droite : cintre de soutènement dans un passage difficile du tunnel (Ph. Belin) ; coffrage métallique avec son chariot mobile et galerie d'essai bétonnée, au chantier de Talaat N'Tadout (Ph. Gillot).


... les géologues, s'est produit au moment où le front d'attaque dépassa la zone des marnes pour pénétrer au creux d'une cuvette de dolomie.
Une nappe d'eau devait fatalement s'accumuler à cet endroit et s'il y eut surprise, elle ne fut provoquée que par l'importance relative du jaillissement. Ce jaillissement devait gêner considérablement les travaux, on le conçoit aisément, et il fallut parer au plus pressé, c'est-à-dire assurer l'évacuation des eaux de telle manière qu'elles cessent d'entraver la circulation normale dans le souterrain.
En même temps que l'on exécutait ces travaux les ingénieurs mettaient en œuvre tous les moyens appropriés pour poursuivre la perforation sans danger, et pour refouler les eaux de la nappe vers l'amont afin d'en diminuer la pression. Grâce à une installation spéciale., le débit de cette source est journellement surveillé. Toutes dispositions sont prises pour vaincre cette difficulté de même nature que celles rencontrées dans les percements de souterrains divers en France.

LE CHANTIER D'AFOURER
Avant de redescendre vers Afourer, que les chantiers de Talaat N'Tadout dominent de 200 mètres, un rapide coup d'œil sur la plaine du Tadla permet de se rendre compte de l'importance des travaux entrepris pour l'implantation de l'usine d'Afourer d'une part et l'irrigation des Béni Moussa et Béni Amir d'autre part.
Au pied même de la pente, extrêmement abrupte, puisque les conduites forcées n'auront que 565 mètres de long pour une chute de 230 mètres, la Société SATPAN procède aux terrassements qui intéressent l'usine électrique et le poste de transformation qui s'étendra sur une longueur de 200 mètres et une largeur de 80 mètres, le bassin de restitution qui couvre 6,5 hectares pour une capacité de 25.000 m3. et l'amorce des canaux d'irrigation. Pelles Kcehring et camions-bennes s'affairent à remuer la terre, tandis que s'élève peu à peu la digue du bassin.
A l'ouest et au nord-est, rayant le paysage de deux larges saignées rouges, les canaux d'irrigation principaux se dirigent, l'un vers Kasba Zidania (43 km), l'autre à travers la région des Béni Moussa comprise entre le cours de l'Oum er Rebia et la montagne (15 km). Les terrassements sont achevés et les canaux attendent leur revêtement. Après leur mise en eau, non seulement ils fertiliseront cette plaine semi-désertique constituée par des dépôts d'alluvions quaternaires extrêmement riches, mais ils redonneront, dans les limites des débits y affluant, une certaine importance à l'usine hydroélectrique de Kasba Zidania dont la presque totalité des eaux qu'elle pourrait turbiner sont livrées actuellement à l'irrigation des Béni Amir.
Nos lecteurs trouveront plus loin, dans l'étude que nous consacrons aux périmètres d'irrigation, une vue générale des chantiers et des constructions d'Afourer.
En marge de la coquette cité de l'Energie Electrique du Maroc s'est édifié tout un quartier d'habitations, de bureaux et de hangars, domaine de la SATPAN.
Outre l'usine elle-même, l'entreprise doit construire les ouvrages supportant les conduites forcées dont la réalisation a été confiée aux Etablissements Bouchayer et Viallet de Grenoble ; les ouvrages des postes de transformation ; enfin le bassin de restitution.
L'usine proprement dite mesure 50 m. de long, 18 de large, et s'élèvera à une vingtaine de mètres au-dessus du niveau du hall de décuvage. Elle abritera les deux groupes de 52.000 kVA. Deux ponts roulants de 80 tonnes la desserviront.
Un bâtiment annexe abritera les galeries des câbles, les salles des pompes, le hall des tableaux de commande.
Les postes de transformation seront situés à l'ouest de l'usine et sur la même plateforme.



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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 15-f_019

- La bétonnière mobile du chantier de Talaat N'Tadout, qui assure le bétonnage du souterrain au fur et à mesure de l'avancement des travaux de oercement. (Ph. Gillot).

Pour l'édification de ces divers bâtiments et des ouvrages annexes, on a prévu l'exécution de :
— Terrassements : 120.000 m3.
— Bétons et bétons armés  : 20.000 m3.
— Acier pour béton armé : 500 tonnes.
A coups de mines, la montagne est attaquée afin de permettre la construction de cette usine au bas de la pente abrupte qui soutiendra les conduites forcées.
Ayant achevé ce tour rapide des chantiers de l'ensemble Bin el Ouidane-Afourer, voyons maintenant les caractéristiques des ouvrages en cours d'édification.

CARACTERISTIQUES DES OUVRAGES



Le barrage de Bin el Ouidane. — La hauteur totale du barrage type voûte mince de Bin el Ouidane sera de 135 mètres au-dessus des fondations profondes de 25 mètres, son épaisseur maxima à la base étant de 32 mètres.
Appuyé sur le rocher calcaire, l'ouvrage aura, en couronnement une longueur développée de 260 mètres, le rayon de la courbure en crête (parement aval), étant de 105 mètres. Le volume de maçonnerie sera de près de 450.000 mètres cubes.
Le voile d'étanchéité prolongeant le barrage sur les deux versants et rejoignant la couche étanche inférieure, constituée par des marnes colorées, comprend un grand nombre de forages de 100 à 200 mètres de profondeur, couvrant une surface totale prévue de 190.000 mètres carrés.
L'évacuation de la crue maxima ou « crue millénaire », de 3.500 mètres cubes-seconde laminée à 2.600 mètres cubes-seconde, par remontée du plan d'eau de la retenue, sera assurée par un déversoir sur la rive droite grâce auquel les eaux seront restituées à l'oued par saut de ski.

L'usine de Bin el Ouidane. — L'usine hydroélectrique de Bin el Ouidane comprendra trois groupes principaux turbines-alternateurs d'une puissance maxima limitée à 40.000 kW, alimentés par trois prises et trois conduites forcées distinctes. Chaque groupe équipé d'une turbine Francis à axe vertical (250 t/m) et d'un alternateur de 8.500 volts, sera associé à un transformateur et à une ligne à 150.000 volts reliant Bin el Ouidane à Afourer. Deux groupes auxiliaires de 400 kVA assureront l'alimentation des services de l'usine.
La longueur des conduites forcées sera de 55 mètres avec un diamètre de 3 m. 80. Le plan d'eau amont variant entre 810 mètres et 770 mètres, et la restitution dans la retenue d'Aït Ouarda variant entre 704 mètres et 709 mètres, la hauteur de chute nette sera comprise entre 104 mètres et 59 mètres.
La puissance maxima de chaque groupe sera limitée à 40.000 kW au-delà de 89 mètres de chute nette et descendra à 20.700 kW pour la chute minima de 59 mètres. Ainsi la puissance maxima de l'usine sera de 120.000 kW et sa production annuelle de 150.000.000 de kWh.

Le barrage d'Aït Ouarda. — Le barraçe d'Aït Ouarda doit permettre la compensation entre le fonctionnement de l'usine de Bin el Ouidane équipée à 160 mètres cubes-seconde, et celui de l'usine d'Afourer équipée à 43 mètres cubes-seconde. La cote de la retenue a été établie de façon à disposer d'une réserve utile de 2.500.000 mètres cubes.
Le barrage s'appuie sur des calcaires lités, avec intercalations marneuses du lias moyen. Le rocher de fondation est situé à 25 mètres au-dessous du niveau de l'oued. La hauteur du barrage, au-dessus des fondations, est de 45 mètres. Il est du type voûte mince a parements cylindriques et à épaisseur constante de 5 mètres. Son développement en crête est de 120 mètres avec un rayon de 60 mètres. Ls volume de béton sera de 20.000 mètres cubes.
L'équipement de ce barrage comprend cinq vannes segments de surface de 7 m. 50 sur 10 m. 50 et trois vannes levantes de fond de 4 mètres sur 4 mètres munies de batardeaux, l'ensemble, fourni par les Etablissements Neyret Beylier, permettant l'évacuation du débit de 2.600 mètres cubes-seconde, qui peut être évacué par Bin el Ouidane en cas de crue millénaire.
La prise d'eau, au voisinage de l'encastrement rive droite de la voûte est équipée avec des grilles fines. Elle comporte une vanne de garde susceptible d'être commandée depuis Fusine d'Afourer.

Le souterrain d'Afourer. — Une fois achevée la galerie d'amenée d'Afourer aura une longueur totale de 10 km. 570, en deux tronçons seulement, l'un de 9 km. 813, l'autre de 757 mètres. La section circulaire du souterrain revêtue a un diamètre intérieur de 4 m. 50, la charge maxima variant de 36 mètres à l'extrémité aval à 16 mètres à l'extrémité amont.
Une cheminée d'équilibre établie en tenant compte de l'arrêt brusque du débit total, soit 48 mètres cubes-seconde, et d'une prise en charge atteignant 50 % de la puissance de l'usine, est située à l'extrémité nord de la galerie. Elle est constituée par un puits de 30 mètres de diamètre, équipé de diaphragmes ralentissant la descente de l'eau et amortissant ainsi les « coups de bélier ».

L'usine d'Afourer. — Deux conduites forcées, protégées en tête par des vannes papillons de garde, alimentent chacune individuellement chacun des groupes de l'usine. Leur longueur totale sera de 565 mètres avec un diamètre de 2 m. 60. Leur débit individuel sera de 24 mètres cubes-seconde. Elles seront réalisées par la Maison Bouchayer et Viallet de Grenoble.
Une conduite de décharge de 1 m. 50 de diamètre assurera la restitution des eaux aux canaux d'irrigation en cas d'avarie survenue à un groupe ou à une conduite forcée. Ainsi l'arrêt partiel de l'usine ne nuira en aucune façon à l'irrigation.
L'usine d'Afourer comportera deux groupes principaux turbines alternateurs de 46.000 kW à axe vertical (turbines Francis tournant à 427 tours-minute, alternateurs de 52.000 kVA, 8.500 volts, 50 périodes) et deux groupes auxiliaires (turbines Pelton de 690 CV, alternateurs de 500 kVA, 380 volts). Sa puissance totale sera de 92.000 kW et sa oroduction annuelle de 350.000.000 de kWh.
Enfin le poste de transformation comprendra trois parties :
1" la partie 150.000 volts, avec deux transformateurs triphasés associés à chacun des groupes de l'usine auxquels ils seront reliés par des jeux de barres installés dans une galerie. Cinq arrivées sont prévues en 150.000 volts : deux pour les transformateurs et trois pour les lignes venant de Bin el Ouidane. Sept départs en 150.000 volts : deux sur Casablanca (Tit-Mellil), deux sur Fès, et trois réservés.
2" la partie 60.000 volts, interconnectée avec le réseau général ;
3" la partie 22.000 volts pour la distribution locale et rurale.
La Quasi totalité des fournitures électromécaniques a été confiée à la Maison Alsthom.

Le bassin de resiilution. — L'ensemble d'Afourer comprend ...

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PLAN   DE   L'ENSEMBLE  D'AFOURER   :  USINE,   POSTE   DE   TRANSFORMATION  ET   BASSIN   DE   RESTITUTION.

L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 16-f_017

- CI-DESSUS : coupe transversale de l'usine d'Afourer suivant l'axe d'un groupe. — EN HAUT DE LA PAGE : vue en plan de l'ensemble de l'usine, du poste de transformation 150.000 volts et du bassin de restitution (25.000 m3) qui amortira les ondes provenant des irrégularités du fonctionnement de l'usine et à partir duquel se fera la répartition entre les canaux d'irrigation (branche Est, branche Ouest).

... également un bassin de restitution. Les eaux turbinées seront évacuées dans ce bassin qui amortira les ondes provoquées par les irrégularités de fonctionnement de l'usine. Sa capacité sera de 25.000 mètres cubes. Deux canaux assureront l'écoulement des eaux : l'un se dirige vers l'est avec un débit de 25 mètres cubes-seconde, pour compléter l'irrigation des Béni Amir assurée en partie par les eaux de l'Oum-er-Rebia, l'autre se dirige vers le nord-ouest avec un débit de 23 mètres cubes-seconde pour l'irrigation des Béni Moussa.
La capacité d'accumulation de ces canaux permettra de dissocier le régime journalier discontinu de l'usine de celui de l'irrigation qui doit demeurer constant.

La pelle Conway au travail
La pelle Conway, qui a fait ses preuves dans la réalisation de grands tunnels aux Etats-Unis, est apparue récemment au Maroc pour assurer l'évacuation des déblais dans les souterrains à grande section, tels celui d'Aït Ouarda à Afourer et celui d'Im Fout.
Fabriquée par la firme Goodman, cette robuste chargeuse électrique à grand débit horaire (50 m3) peut, par la grande capacité de son godet et par l'important rayon d'action de son bras chargeur, déblayer une volée de longueur moyenne de 2 m. 50 en deux heures environ, lorsqu'elle est bien secondée par les moyens appropriés, par exemple des wagons à grande capacité (4 à 5 m3.)
Puissante par son moteur de 75 cv, stable en raison de son poids de 15 tonnes et roulant sur une voie métrique, la pelle Conway est un facteur capital pour l'avancement rapide des travaux.
Voici brièvement décrit son fonctionnement : le conducteur, juché sur une petite. plate-forme située à droite de l'engin, appuie sur la pédale de commande de la marche en avant. La pelle déplaçant ses quinze tonnes enfonce son godet dans les déblais. Le godet disparaît dans la masse des blocs jusqu'à ce que ceux-ci arrêtent sa marche en avant.
C'est le moment où le conducteur va opérer le relevage du godet. Dans un bruit de chaînes s'enroulant sur leur tambour, le bras du godet se dresse, laissant glisser sur la courroie transporteuse les déblais qui s'entrechoquent en tombant dans le wagon accroché à l'arrière de la pelle.
La pelle recule alors et le bras s'abaisse à nouveau au niveau des rails pour reprendre son mouvement en avant. Pendant ce temps le wagon de déblais est reculé par un treuil jusqu'à l'aiguillage californien tandis que d'un mouvement symétrique un wagon vide est avancé vers la pelle chargeuse où il est attelé.
Une telle manœuvre permet le chargement de huit à dix wagons à l'heure. Lorsque quatre wagons ont été remplis, un tracteur les entraîne vers l'entrée du tunnel où un autre les conduit vers la décharge où ils déversent leur contenu.




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page 45

L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 17-f_017

- A. F. R. A., Casablanca.
- Société RATEAU, Casablanca.



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page 46

L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 18-f_016

- Société Marocaine des Entreprises GAGNERAUD, Casablanca.


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MessageSujet: L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC.   L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 EmptySam 27 Sep - 7:44

page 47

L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 01-f_023

- CI-DESSUS, l'épi spécial d'Oued Zem et le hall en béton armé où le ciment est déchargé par gravité dans 15 silos de 60 tonnes chacun. — CI-CONTRE : le silo aérien de 150 tonnes où le ciment neut être refoulé par pompes Fuller depuis la cuve cie 250 tonnes située sous le hall, à droite de notre cliché (Entr. Gagneraud). (Ph. Gillot).

LE PROBLEME DES TRANSPORTS

pour l'approvisionnement des chantiers

Dans notre description des chantiers de Bin el Ouidane; nous avons évoqué la façon dont avait été résolu le problème de l'approvisionnement en ciment pour l'ensemble des chantiers de l'aménagement de l'Oued El Abid. Mais étant donnée l'importance de l'œuvre entreprise, l'approvisionnement continu et sans à-coups est une œuvre vitale qu'il importait d'assurer d'une manière aussi rationnelle que possible.
Plus de quatre mille ouvriers, en effet, travaillent sur ces chantiers et le moindre retard dans l'approvisionnement en matériel ou en matériaux aurait des conséquences fâcheuses qui pourraient se chiffrer par des pertes de plusieurs centaines de mille francs.
Voici donc comment l'Energie Electrique du Maroc a résolu la question de l'approvisionnement des chantiers de Bin el Ouidane, Ait Ouarda, Talaat N'Tadout, Afourer, en le confiant à une société qui a fait ses preuves au Maroc depuis longtemps, la C.T.M., dont les 150 camions sillonnent le réseau routier marocain, apportant une aide précieuse aux transports par chemin de fer.
Chacun, au Maroc, connaît suffisamment le rôle de la C.T.M. pour qu'il ne soit pas besoin d'insister sur l'expérience technique de cette société. Au problème de l’approvisionnement des chantiers de l'Oued El Abid, se joignait tout naturellement celui des usines et chantiers de Fqih ben Salah et de
Sidi Aïssa pour les aménagements de l'irrigation des Béni Amir et des Béni Moussa, que nous traiterons dans une autre partie de cet ouvrage. La C.T.M. a organisé toutes ses opérations à partir de Casablanca, soit au départ du port lorsqu'il s'agit de matériel d'importation, soit des Roches Noires lorsqu'il s'agit du ciment des usines Lafarge.
Nous avons signalé que lorsque les chantiers seront en pleine activité, c'est 350 tonnes de ciment qui seront véhiculées par jour, auxquelles doivent s'ajouter les quelque 60 tonnes de matériel nécessaires aux travaux de construction et d'aménagement et cela sur une distance de 300 kilomètres.

LE TRANSPORT DES CIMENTS
Sauf pour les ciments spéciaux importés de France en sacs, le transport du ciment se fait en vrac. Les services techniques de la C.T.M. ont décidé de procéder de la façon suivante :
1" De Casablanca à Oued-Zem le transport a lieu par voie ferrée, procédé plus économique que le transport routier. Le ciment est chargé à l'usine des Roches Noires dans des wagons trémies type « phosphates » qui le mettent à l'abri des intempéries et de l'humidité.
2" A Oued-Zem, point terminus de la ligne, les wagons sont garés sur un épi spécial dans un hall en béton armé où le ciment est déchargé par gravité dans 15 silos de 60 tonnes chacun où il est stocké. En outre un autre hall abrite une cuve d'une capacité de 250 tonnes d'où le ciment peut être refoulé dans un silo aérien de 150 tonnes à l'aide de pompes Fuller. L'ensemble assure une réserve de 1.300 tonnes suffisante pour parer à une difficulté momentanée d'approvisionnement à Casablanca. et il garantit ainsi aux entreprises un ravitaillement continu.
3" D'Oued-Zem aux lieux d'utilisation, le ciment est transporté par camions. Ceux-ci, grâce à un plan incliné, se présentent sous les trémies et chargent uniquement par gravité.
Quinze véhicules spéciaux sont affectés à ce transport. Ils assurent une rotation permanente sur 129 kilomètres par l'itinéraire suivant : Oued-Zem. Fqih ben Salah, Sidi Aïssa et, par une bretelle partant de Souk-es-Sebt, Afourer, Talaat N'Tadout. Bin el Ouidane. Sur ces quinze véhicules, il y a onze semi-remorques de 15 tonnes, tracteurs Latil 110 CV Diesel. Les bennes, spécialement conçues pour cet usage par les services de la C.T.M., ont été exécutées par les Bennes Marrel de Saint-Etienne. Les dimensions de ces bennes sont de 6,59 sur 2,36 et 2,50 de haut. Elles sont fermées par des panneaux étanches commandés automatiauement. Arrivées à pied-d'œuvre les bennes basculent sur le côté droit. Un système de trois vérins maintient la benne et évite tout travail du châssis qui ...


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page 48

L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 02-f_021

- Un des quinze véhicules spéciaux affectés au transport du ciment entre Oued-Zem et Bin el Ouidane, semi-remorque de 15 tonnes, benne Marrel, tracteur Latil 110 CV Diesel.

... pourrait entraîner des déformations. Ainsi les opérations de chargement et de déchargement sont-elles faites avec un minimum de personnel.
Quatre camions-bennes, basculant par l'arrière, des Etablissements Briffe de Casablanca, Berliet ou Mack de 12 tonnes, complètent ce matériel de transport des ciments.

LE PARC AUTOMOBILE
Pour le transport des différents matériels d'équipement, du ravitaillement du personnel et des matériaux autres que le ciment, nécessaires aux différents chantiers., la C.T.M. dispose de 22 autres véhicules ainsi répartis : 7 camions Saurer de 8 tonnes : 5 semi-remorques Panhard de 15 tonnes ; 4 camions de 13 tonnes Panhard nour le ravitaillement ; 2 semi-remorques Bernard 150 CV de 15 à 20 tonnes, pouvant transporter des grandes longueurs ; 2 camions Bernard de 10 tonnes ; 1 tracteur Matador avec remorque de 20 tonnes., spécialisé pour les transports de matériaux de poids unitaire élevé ; 1 semi-remorque de 120 tonnes nour le transport des transformateurs 150.000/60.000 volts de 40.000 kVA (poids démonté 85 tonnes), des turbines et autres pièces lourdes destinées à l'équipement des usines de production hydro-électrique. Ce dernier engin appartient à l'E.E.M.

LA CITE C.T.M. D'OUED-ZEM
Afin d'assurer le bon fonctionnement de cette véritable gare régulatrice, créée de toutes pièces à Oued-Zem, la C.T.M. a dû monter un atelier de mécanique et édifier des locaux pour abriter les services administratifs qui comprennent treize spécialistes et seize exploitants. Six logements ont été prévus et construits pour les cadres, et une vingtaine de chambres pour le personnel subalterne des ateliers et les conducteurs de camions.
En outre, à Afourer et à Bin el Ouidane, plusieurs chambres d'hôte sont réservées au personnel de passage.

LE COMPLEXE HYDRAULIQUE DE L'OUED EL ABID ET SES INCIDENCES
Les incidences de la mise en service du complexe hydraulique de l'oued El Abid ne peuvent être que bienfaisantes pour tout le cours inférieur de l'Oum er Rebia. En fonction des débits obtenus à ce moment-là et mis à la disposition des turbines des usines hydro-électriques et de l'irrigation, seront décidées l'importance et l'opportunité de la surélévation du barrage d'Im Fout.
En effet, les projets initiaux de construction du barrage d'Im Fout prévoyaient en deuxième étape une surélévation du dit barrage, ce qui aurait créé une retenue de neuf milliards de mètres cubes, régularisant de façon complète le débit de l'Oum er Rebia.
Actuellement, un projet plus restreint préconise une surélévation de 30 mètres, donnant une accumulation de 1,2 milliard de mètres cubes, et les fondations de l'ouvrage actuel ont été faites pour pouvoir supporter le surcroît de charge oui en résulterait. De même, une plate-forme a été réservée à l'extrémité amont de l'usine, pour l'installation d'un troisième groupe, dont la galerie d'amenée a été amorcée. Enfin, l'irrigation complète du périmètre des Abda-Doukkala a été envisagée en fonction de cette surélévation.
Il semble donc bien que celle-ci fasse partie de « l'économie » du barrage. Elle ne poserait d'ailleurs pas de problèmes trop considérables, exigeant seulement, en dehors des travaux proprement dits, la surélévation des ponts routiers et ferroviaires des voies Casablanca-Marrakech.
Ainsi, il apparaît que les travaux considérables entrepris n'auront pas seulement pour effet d'assurer l'irrigation complète des plaines des Béni Amir et des Béni Moussa et de doubler la production d'énergie électrique actuelle du Maroc, mais ils permettraient en outre de faciliter l'irrigation des Abda Doukkala.
En régularisant le débit du cours inférieur du fleuve, ils contribueront à rendre possible une augmentation de la retenue d'Im Fout, après restitution à l'Oum er Rebia des eaux non utilisées par l'irrigation.
Mais, avant de songer à modifier quoi que ce soit au barrage réalisé, les techniciens attendent sagement de connaître exactement les incidences de la mise en service des ouvrages de l'oued El Abid que nous venons d'évoquer
.


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- Le pylône de 40 mètres de haut supportant les deux miroirs du relais passif, dressé sur le Tazerkount, et qui permettent la liaison par « câble hertzien » entre Afourer et Bin el Ouidane. (Ph. Gillot.)


UN SYSTÈME DE TÉLÉCOMMUNICATION VRAIMENT MODERNE

Les difficultés des communications téléphoniques dans une région aussi accidentée, enneigée une partie de l'hiver et soumise à des vents de sable parfois violents, a amené la direction de l'Energie Electrique du Maroc à faire procéder à l'installation d'une liaison par « multiplex radioélectrique » ou câble hertzien, dont la nouveauté au Maroc et ses caractéristiques spéciales qui en font un exemple unique au monde, nous a incités à lui consacrer une étude particulière.

LE MULTIPLEX RADIOÉLECTRIQUE

II ne saurait être question d'entrer très avant dans la technique bien particulière de ces appareils. Bornons-nous à en signaler deux classes caractérisées : les multiplex à « transposition de fréquence » et les multiplex « à impulsions ».
La reproduction d'une conversation exige la transmission d'une certaine bande de fréquence : 300 à 3.000 périodes-seconde pour fixer un ordre de grandeur.
Nous avons un certain nombre de ces conversations à transmettre. Transposons les fréquences de la première de façon à la loger entre 12.000 et 16.000 c/s par exemple. La deuxième également transposée occupera la bande 16.000-20.000 c/s et ainsi de suite. Modulons notre émetteur par l'ensemble de ces fréquences transposées. Recevons à l'autre extrémité, amplifions, extrayons la modulation, opérons les transpositions inverses de celles de départ et voici notre communication multiplex établie suivant la première technique citée. La modulation de fréquence est généralement adoptée pour ce type de câble hertzien.
Dans la deuxième catégorie de multiplex, l'émetteur n'est pas en action de manière continue. Il envoie des « impulsions » très brèves (d'une fraction de millionième de seconde à quelques millionièmes), séparées par des intervalles de repos relativement longues. Une de ces impulsions correspond à une première conversation, la suivante à une deuxième, et ainsi de suite jusqu'à épuisement du nombre de canaux téléphoniques dont dispose le système. Un signal de synchronisation apparaît alors. L'impulsion suivante est de nouveau affectée à la première conversation et le processus se poursuit. Chacun a la parole à son tour pendant un très bref moment. A la grandeur instantanée du courant de conversation est liée l'amplitude, la durée ou la position de l'impulsion correspondante, suivant le système de modulation adopté.
A la réception, processus inverse : amplification et détection des impulsions, puis distribution des impulsions afférentes à chaque canal, grâce au signal de synchronisation convenablement traité. Vient ensuite la restitution des courants de conversation que des dispositions appropriés permettent de rétablir sans discontinuité.

LIAISON AU RESEAU TELEPHONIQUE
Sur une ligne à deux fils, les conversations circulent dans l'un et l'autre sens. Le système radioélectrique par contre, comprend nécessairement un sens aller avec un émetteur à une extrémité et un récepteur à l'autre, et un sens retour avec les dispositions inverses : l'équivalent en somme, pour chaque canal du multiplex, de quatre fils formant deux circuits à sens unique. Le passage du circuit à deux fils au circuit à quatre fils est effectué au moyen d'un dispositif déjà ancien : le transformateur différentiel oui permet d'effectuer l'aiguillage ins difficulté à chaque station terminale.
Un autre problème se pose : celui de la transmission des appels. Voici une solution : les courants d'appel transmis par la ligne téléphonique actionnent un relais. Celui-ci aopliaue au canal correspondant une modulation à fréquence bien déterminée. A la réception, un filtre prélève cette fréquence. Un relais est mis en œuvre qui envoie en ligne le courant d'apoel approprié au système téléphonique Qu'il soit à batterie locale, à batterie centrale ou même automatique.

EMPLOI DES ONDES ULTRA-COURTES
Un multiplex occupe nécessairement une bande de fréquence considérable. Il est donc nécessaire d'opérer sur des ondes très courtes, correspondant à des fréquences très élevées.
Plus la fréquence croît et plus ces ondes se rapprochent des ondes lumineuses. Elles peuvent de mieux en mieux se concentrer en faisceau, se réfléchir ou se réfracter au moyen d'organes de dimensions raisonnables jouant le rôle de miroirs ou de lentilles.
Cette possibilité de concentration de l'énergie vers le correspondant permet de ne mettre en jeu que des puissances minimes et rend les brouillages plus difficiles. Les systèmes de modulation employés assurent d'ailleurs par eux-mêmes une bonne protection contre les parasites de toutes natures.
La propagation quasi rectiligne des ondes les plus courtes utilisées impose la « visibilité » au sens géométrique du terme entre deux stations. Les plus longues peuvent, grâce à une diffraction plus marquée sur le bord des obstacles, s'accomoder de trajets en non-visibilité plus ou moins accentuée. Pour lui permettre de porter au-delà de l'horizon, l'onde peut être captée, amplifiée et émise de nouveau par un « relais actif » dont l'aérien verra le relais suivant.
Pour les ondes ultra-courtes, une simple feuille métallique à peu près plane est un miroir relativement bon. Un relais sans apport d'énergie extérieure, un « relais passif » peut être constitué à l'aide de ces miroirs.

LIAISON AFOURER-BIN EL OUIDANE
Tous ces principes ont été mis en oeuvre dans la liaison réalisée entre Afourer et Bin el Ouidane.
Ces deux points sont séparés par un massif montagneux dont l'altitude est voisine de 1.800 mètres. Afourer est au pied même de ce massif et Bin el Ouidane dans la vallée très profonde de l'Oued El Abid.
Une rame téléphonique eût été particulièrement vulnérable tant aux intempéries en raison de l'altitude de la région traversée, qu'aux déprédations toujours possibles. Un câble enterré n'eut pas évité entièrement ces derniers aléas et son ...


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-Le miroir parabolique de 10 m2 de Bin el Ouidane et le cornet du poste émetteur d'essai. (Ph. Gillot)

... établissement eut été très onéreux. Ces raisons ont milité en faveur d'une liaison radioélectrique multiplex, solution dont le modernisme était d'ailleurs bien en accord avec l'ensemble des travaux.
Du point de vue radioélectrique, le problème s'avérait particulièrement difficile. Il n'était pas question d'établir sur la montagne un relais actif. On y a placé un relais passif, formé de deux « miroirs » plans de 10 m2 inclinés de façon convenable et jouant un peu le rôle d'un périscope placé horizontalement. Ces miroirs, feuilles métalliques garnissant deux cadres rigides peuvent pivoter de quefques degrés, l'un autour d'un axe horizontal, l'autre autour d'un axe vertical. Le faisceau finalement réfléchi peut être ainsi réglé en direction et en hauteur. Un pylône de 40 mètres supporte le tout.
Mais ce seul relais passif n'eut pas suffi pour atteindre Bin el Ouidane au fond de sa vallée. Un autre miroir, simple plan de 10 m2 a donc été dressé sur la crête dominant la rive sud de l'oued, et renvoie les rayons sur la cité de Bin el Ouidane.
Cette disposition était particulièrement audacieuse. Au moment de l'établissement du projet, de rares essais de relais passifs avaient été faits, mais aucune exploitation régulière n'en utilisait. Depuis, certaines réalisations ont vu le jour, mais la succession de deux relais passifs et leur disposition originale reste, semble-t-il, unique au monde.
Du fait de cette originalité, une expérimentation était nécessaire pour vérifier les calculs purement théoriques des ingénieurs de la Société Française Radio-Electrique. Un dispositif de faible puissance (1 watt) fut construit et servit au réglage de la liaison. L'expérimentation confirma de bout en bout les prévisions du calcul. Ne comportant qu'un canal téléphonique, ce matériel fut néanmoins mis en service et a fonctionné pendant un an. De nombreuses personnalités ont pu se rendre compte de l'excellence des communications ainsi réalisées.
Il est maintenant remplacé par un matériel définitif à six voies, d'une puissance d'ailleurs plus grande. Ce multiplex du type à impulsions modulées en position utilise des ondes de 9,5 centimètres environ.
A Afourer comme à Bin el Ouidane, un cornet envoie ces ondes sur un miroir parabolique de 10 m2. Le faisceau concentré comme dans un phare d'automobile, se réfléchit successivement sur les trois miroirs placés sur le trajet et atteint l'autre station. Une faible partie en est finalement recueillie par un miroir parabolique identique à celui d'émission et concentrée sur le cornet d'entrée du récepteur. La perte sur le trajet est bien entendu considérable. La puissance reçue est de l'ordre de 5 milliardièmes de watt pour 100 watts émis par le matériel définitif (100 fois moins pour le matériel provisoire). Mais cela suffit malgré tout à assurer les communications dans de bonnes conditions.
Aucun « fading » n'est perceptible. Les orages n'ont aucune influence, pas plus que la neige, la pluie ou la poussière.
La consommation totale de la station est inférieure à 1 kVA. En cas de coupure du secteur, il est prévu un dispositif automatique mettant en route un convertisseur alimenté sur accumulateurs. Une autonomie de quelques heures est ainsi réalisée. Si l'interruption doit se prolonger, un groupe électrogène à essence peut être mis en route.

L'AVENIR DU CABLE HERTZIEN
Le câble hertzien Afourer-Bin el Ouidane est un exemple des possibilités fort étendues offertes par ces nouveaux dispositifs. Des problèmes ardus peuvent être ainsi résolus : liaison avec des îles, traversées de bras de mer, d'estuaires, de régions difficiles à pénétrer ou peu sûres. La vulnérabilité est faible et surtout concentrée en un petit nombre de points. Grâce aux systèmes de modulation utilisés, il n'y a aucune atténuation des niveaux de conversation, quelle que soit la distance. Des chaînes très étendues peuvent être constituées. Leur établissement est relativement peu onéreux. Quant au nombre de conversations possibles, il croît sans cesse avec les progrès techniques.
De nombreux câbles hertziens de fabrication française sont déjà en service ou en cours d'installation tant en France qu'à l'étranger. En France, la première exploitation établie, reliant le continent à la Corse, fonctionne régulièrement depuis plus de trois ans. Verrons-nous bientôt au Maroc le câble hertzien Afourer-Bin el Ouidane véritable précurseur, rejoint par toute une famille de liaisons d'un type analogue ?

LE   GENISSIAT   MAROCAIN
L'importance des travaux et des réalisations que nous venons de décrire sommairement étant comparable et ayant été effectivement comparée à celle des travaux exécutés à Génissiat, nous croyons intéressant de présenter ici un tableau justifiant cette comparaison.

Génissiat
Hauteur du barrage.......... 104 m.
Longueur     a u    couronnement.......... 104 m.
Volume de béton.......... 720.000 m3
Hauteur de chute utilisable.......... 60 à 69 m.
Débit  moyen.......... 800  m3-sec.
Retenue   utilisable.......... 12.000.000 m3
Production    annuelle    prévue.......... 280.000  kW
Puissance installée.......... 1.500   millionsde kWh

Bin  El  Ouidane-Afourer
135  m.
260   m.
600.000   m3
285  à  325  m.
26  m3-sec. 1.100.000.000 m3
212.000  kW
500 millions de   kWh.

On remarquera que pour des ouvrages comparables par leur importance, la production de Bin el Ouidane-Afourer atteindra le tiers de celle de Génissiat, alors que le débit moyen de l'Oued El Abid ne représente que 3 % de celui du Rhône. Ce résultat remarquable sera atteint grâce à l'énorme retenue accumulée qui permettra de turbiner toute l'eau s'écoulant en un an par l'Oued El Abid.
D'autre part l'importance économique de ces travaux apparaît dans le fait que la mise en route des usines de Bin el Ouidane et d'Afourer doublera la production d'énergie électrique du Maroc, tandis que Génissiat n'a fait qu'augmenter de 7 % la production d'énergie électrique française.




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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 05-f_021

- COMPTOIR DES MINES ET DES GRANDS TRAVAUX DU MAROC, Casablanca.


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L'Hydraulique et l'Electricité au MAROC. - Page 2 06-f_021

- SOCIÉTÉ GÉNÉRALE D'ENTREPRISES, Paris.





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- Vue aérienne de Kasba Zidania. Au premier plan : l'usine hydro-électrique dominée par la cheminée d'équilibre. En pointillé : la conduite forcée (69 m.) et la conduite d'amenée (335 m.). Au second plan : le bassin de retenue (90.000 m3). Au fond, le canal tête morte venant de Kasba Tadla. (Ph. Flandrin.)

L’AMÉNAGEMENT DE L'OUM ER REBIA


C'EST en 1925 qu'a commencé l'aménagement de l ' Oum-er-Rebia par la mise en chantier du barrage et de l'usine hydroélectrique de Si Saïd Machou.
Fait caractéristique, c'est sur le cours inférieur de l'oued, et non pas sur les plus fortes pentes au débouché de la montagne, qu'a été réalisé le premier ouvrage destiné à capter la puissance hydraulique du cours d'eau. Une des raisons de ce choix réside sans doute dans le fait qu'à l'époque le cours supérieur de l'Oum-er-Rebia se trouvait encore dans une zone d'insécurité.
La seconde réalisation fui la mise en service d'une usine hydroélectrique à Kasba Zidania. Elle utilise la dénivellation entre le canal d'amenée d'eau au périmètre d'irrigation des Béni Amir et le lit du fleuve. C'est actuellement l'ouvrage situé le plus loin de l'embouchure de l'Oum-er-Rebia, ei c'est donc par lui que nous allons commencer la description des barrages et des usines de production électrique qui y sont rattachées.
En descendant le cours de l'Oum-er-Rebia, on rencontre successivement l'ouvrage de Kasba-Tadla et l'usine hydroélectrique de Kasba Zidania, puis, sur le cours inférieur, le barrage d'Im Fout, son usine électrique et sa dérivation destinée à l'irrigation des Abda Doukkala, le barrage-usine de Daourat, achevé en 1950, enfin le barrage et l'usine de Si Saïd Machou, en service depuis 1929.
C'est donc dans cet ordre que nous présenterons à nos lecteurs l'aménagement de l'Oum-er-Rebia.

L'USINE HYDRO-ELECTRIQUE DE KASBA ZIDANIA


L'IRRIGATION des Béni Amir n'est pas un problème  nouveau.  Dès  1925  le  Protectorat  entreprenait d'irriguer cette plaine du Tadla en faisant établir un barrage sur l'Oum-er-Rebia à  Kasba-Tadla.  Une  prise  d'eau,  sur la  rive gauche de l'oued, alimente un canal qui conduit les eaux  destinées  à  l'irrigation  à  une trentaine de kilomètres de là, le long du cours aval de la rivière mais les terrains à irriguer se trouvant sur la rive droite, il fallut que le canal traversât l'oued par un siphon au lieu dit Kasba Zidania.
Le niveau du canal étant alors à 35 mètres au-dessus du lit de l'oued, l'Energie Electrique du Maroc songea à profiter de cette situation pour établir une usine hydroélectrique.
Les travaux d'édification de cette usine furent menés à bien de 1934 à 1936. Dès 1937 l'usine produisait 39 millions de kilowatt-heures se classant ainsi immédiatement après l'usine ...




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... de Si Saïd Machou. Les prélèvements pour l'irrigation ayant considérablement augmenté depuis cette époque, l'usine de Kasba Zidania produit actuellement moins de 30 millions de kWh par an.
Les aménagements hydroélectriques de l'Oued El Abid, loin de diminuer son importance — car il est vraisemblable qu'elle sera incluse dans l'ensemble comme unité d'appoint et de secours — permettront peut-être, dans la limite du surplus des eaux de l'Oued El Abid acheminées par le canal principal d'irrigation, d'augmenter ses possibilités.
Les aménagements se composent d'un bassin, réalisé par les Travaux Publics., capable d'une retenue de 90.000 m3, et des ouvrages d'amenée d'eau, réalisés par l'Energie Electrique du Maroc, qui comprennent une conduite d'amenée de 335 mètres de longueur en béton armé coulé sur place, d'une section intérieure circulaire de 3 mètres. Elle repose sur un radier de gros béton dans le fond d'une tranchée comblée après travaux.
La cheminée d'équilibre domine l'oued du haut d'un promontoire. Construite en béton armé, elle mesure elle-même 11 mètres de haut avec un diamètre intérieur de 9 mètres.
Une conduite forcée de 69 mètres de long descend directement de la cheminée d'équilibre vers l'usine. Elle est prolongée par un collecteur métallique se raccordant aux vannes des turbines. Son diamètre est de 2 m. 80 ; elle est en béton armé avec enveloppe d'étanchéité métallique noyée dans le béton.
L'usine elle-même est disposée sous la cheminée d'équilibre en bordure de l'oued où se fait immédiatement la restitution de l'eau usinée.
En raison des conditions particulières de climat de cette région, tous les murs de l'usine., ainsi que sa toiture, sont à double épaisseur avec matelas d'air intermédiaire, et la façade ouest, la plus exposée aux fortes chaleurs, est pourvue d'une véranda. Enfin, afin de résister aux affouillements éventuels du sous-sol, le bâtiment a été conçu comme un solide indéformable en béton armé.
La centrale est équipée de deux groupes turbines-alternateurs comprenant chacun une turbine à axe horizontal, à roue double, tournant à 500 tours-minute, conçue pour absorber 11,6 m.3 seconde sous une chute nette de 36 m. 60. Un alternateur à courant triphasé de 4.450 kVA sous 5.500 volts est accouplé directement à la turbine. Deux transformateurs-élévateurs 5.500/60.000 volts de 4.500 kVA complète l'installation qui dispose en outre de tout un matériel électro-mécanique permettant l'utilisation de l'usine en fonctionnement automatique.
Le poste de transformation comprend un appareillage de 5.500 volts, un jeu de barres 60.000 volts sur lequel est branché un départ reliant l'usine au réseau général, un transformateur triphasé 60.000/22.000 volts de 2.500 kVA'alimentant le réseau du Tadla, Beni-Mellal et de la région des Béni Moussa.
C'est de Kasba Zidania que vient le courant à 22.000 et à 60.000 volts nécessaire aux chantiers d'Afourer, Aït Ouarda et Bin el Ouidane dont nous parlons d'autre part.

LE BARRAGE D'IM FOUT


Un premier ensemble de réalisations hydro-électriques avait vu le jour au lendemain de la première guerre mondiale, aboutissant à une production électrique annuelle de 145 millions de kWh, dont 115 d'origine hydraulique et permettant d'amorcer l'irrigation des périmètres de Sidi Slimane, du N'Fis et des Beni-Amir.
Les barrages ainsi construits étaient, dans l'ordre de leur mise en service, ceux de Si Saïd Machou, Fès, El Kansera, Kasba Zidania et Lalla Takerkoust, la principale usine thermique étant celle des Roches-Noires à Casablanca.
Peu à peu la montée de la consommation de courant amenait à envisager de nouvelles installations, tant thermiques qu'hydrauliques, celles-ci rendues possibles grâce aux ressources de l'Atlas, ce « château d'eau » du Maroc. Installations d'autant plus désirables que la constitution d'importantes réserves d'eau restait la condition de l'extension des périmètres irrigués, qui sont à la base du développement agricole du Maroc, entravé en général par l'insuffisance et l'irrégularité des pluies.
Dans cette recherche d'un emplacement favorable, l'attention des techniciens devait une fois de plus se porter sur l'Oum-er-Rebia, déjà utilisé en deux points, à Kasba Zidania et à Si Saïd Machou. C'est en effet le cours d'eau le plus important du Maroc, par sa longueur (540 km.) et son débit d'une très grande régularité, puisqu'il oscille entre 24 m3-s. à l'étiage (comparable de l'étiage de la Seine à Paris), et 2.500 m3-s. aux plus fortes crues, avec une moyenne de 100 m3-s., les volumes annuels roulés par l'oued variant d'un milliard et demi environ à plus de 7 milliards de mètres cubes, (à titre d'exemple le débit de l'Oum-er-Rebia en 1950, année sèche, a été de 1.816.000.000 m3, soit un débit moyen de 57,5 m3-s.).
D'autre part, à proximité du cours d'eau, d'importants secteurs de bonnes terres ouvraient d'intéressantes perspectives à l'irrigation.
Ce fut finalement le site d'Im Fout, reconnu dès 1927, qui fut retenu. En effet la production de 130.000.000 de kWh annuels qu'il permettrait, était à l'échelle des besoins prévisibles à cette époque ; de plus, son emplacement en bordure de la plaine et à proximité de l'artère Casablanca-Marrakech, facilitait l'accès, le rattachement au réseau de distribution et aussi l'irrigation d'une partie importante des Abda-Doukkala. Enfin, les conditions géologiques assuraient une exécution dont les difficultés ne dépassaient nullement une hornête moyenne, et la configuration des lieux réservait l'avenir, en permettant d'envisager d'intéressantes possibilités de surélévation puisque celle-ci pourrait assurer une régularisation presque totale de la rivière.
L'œuvre est aujourd'hui achevée, dans sa première phase du moins. Disons ce que sont ses caractéristiques, son aspect, et aussi son histoire.
LES CARACTERISTIQUES DE L'OUVRAGE
Tel qu'il est réalisé actuellement, l'aménagement d'Im'Fout se présente donc ainsi, vu « en chiffres » :

Eléments hydrologiques :
Surface du bassin versant : 27.000 km2.
Pluviométrie moyenne  : 350 mm.
Débit maximum observé (février 1942)  : 2.500 m3-s.
Débit minimum naturel observé : 20 m3-s.
Débit moyen annuel (de 1918 à 1946 inclus)  :  100 m3-s.

Retenue :
Cote de l'oued à l'étiage : 151,50.
Cote de la retenue : 190.
Limite inférieure d'utilisation de la retenue : 183 tionnellement : 181,50.
Surface de la retenue : 875 ha.
Volume total de la retenue : 84.000.000 m3.
Capacité utilisable de la retenue entre les cotes 190 et 183 : 46.000.000 m3.

Barrage :
Barrage poids en béton : fruit amont 0,05 ; fruit aval 0,75.
Couronnement à : 192,50.
Déversoir arasé à la cote : 181,75.
Hauteur maximum au-dessus des fondations  : 50 mètres.
Largeur maximum, y compris le coursier : 58 mètres.
Longueur du couronnement : 200 m. environ.
Volume de béton : 130.000 m3.
Vannes : 1" cinq vannes à secteur, non-automatiques, de 8,25/12 m., permettant l'évacuation de 3.500 m3-s., avec revanche de 1,00 m. pour les corps flottants ; 2" une vanne de vidange de fond évacuant 50 m3/s. à la cote du seuil des grilles de la prise d'eau.

Prise d'eau d'irrigation :
Située rive gauche, seuil à 183,00.

Prise d'eau de l'usine et galerie d'amenée :
Situées rive droite, surface totale de la grille : 192 m2.
Cote de la base de la grille : 171,50.
Cote du sommet de la grille : 181,50.



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- COUPE TRANSVERSALE DU BARRAGE D'IM FOUT SUR UNE PASSE DÉVERSANTE : le plan d'ensemble des ouvrages d'Im Fout, barrage, usine et poste de transformation. En pointillé, les batardeaux et la dérivation provisoire, et, en haut, la prise d'eau d'irrigation et l'amorce de la conduite souterraine se dirigeant vers le périmètre, des Abda Doukkala.

- COUPE SCHÉMATIQUE DE LA DÉRIVATION ET DE l'USINE D'IM FOUT : coupe de la prise d'eau de la galerie d'amenée d'une longueur totale de 146 mètres, y compris les conduites forcées.


Débit maximum admis par la galerie d'amenée en charge : 150 m3-s.
Longueur de la galerie, de la vanne de prise d'eau à la vanne de garde des groupes : 246 mètres.
La partie amont commune de 134 m. de longueur, a un diamètre intérieur de 6 m., enduits finis. Au-delà, chaque groupe est alimenté par une conduite d'un diamètre de 3 m. 70, munie d'un gaînage armé, jusqu'à 30 mètres à l'amont de la cheminée d'équilibre, et ensuite chemisée avec des conduites forcées métalliques enrobées.
Cote de l'axe de la galerie à l'entrée des turbines : 151,25.

Cheminées d'équilibre :
Deux cheminées (une par groupe) en béton armé avec étranglement, adjacentes à l'usine, leurs axes étant à 15 m. 50 à l'amont des axes des groupes, arasées à la cote : 196.
Diamètre : 9.

Usine :
Equipée avec deux groupes turbines-alternateurs à axe vertical.
Etablissement d'un 3" groupe réservé.
Hauteur de chute brute maximum : 38 m. 75.
Turbines type Kaplan, tournant à 214 t-m.
Débit maximum absorbé par groupe : 50 m3-s.
Alternateurs : tension 5.500 v.
Puissance maximum par groupe : 15.000 kW.

Poste de transformation :
Adjacent à l'usine ; le courant produit en 5.500 v. est transformé en 150.000, 60.000 ou 22.000 v.
Poste 150.000 v. : 4 transformateurs monophasés 13.500 kVA dont un de rechange ; 3 départs : Tit-Mellil, Daourat, Réservé.
Poste 60.000 v. : 1 transformateur triphasé 18.000 kVA, réglable en charge ; 3 départs : Sidi El Aïdi, Mechra-ben-Abbou, Réservé.
Poste 22.000 v. : 2 transformateurs triphasés 2.000 kVA ; 3 départs chantiers, cité d'Im'Fout, Barrage.
Poste auxiliaire basse tension (200-115 v.) : 2 transformateurs de 300 kVA, 5.500 v. basse tension. Départs vers moteurs auxiliaires, éclairage, commandes de l'usine, etc...

Sociétés participantes :
— Société   Marocaine    d'Etudes   Techniques   :   Ingénieur-conseil.
— Société Générale d'Entreprises.
— Société de Sondages, Injections, Forages (travaux d'injections)  : Génie Civil.
— Société Marocaine de Constructions Métalliques : Charpentes métalliques.
— Ateliers   Neyret-Beylier    et    Piccart-Pictet   (Alger-Grenoble) : Vanne et matériel divers de l'usine provisoire. Essais sur modèle réduit.
— Compagnie Electro-Mécanique : Alternateurs.
—     Alsthom-Charmilles : Turbines.
—     Jeumont : Appareillage et Transformateurs.
— Schneider   et   Cie   :  Ponts   roulants ;  vannes   de   prise d'eau ; vannes secteur ; batardeaux du canal de fuite
Tel est le squelette de données et de chiffres que découvre le technicien à une installation comme celle-ci. Mais son aspect coloré et vivant, son « visage », si l'on peut dire, ainsi que l'ont modelé la nature, les matériaux amenés, et la peine des hommes, est aussi une « réalité ».


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UNE VISITE A IM'FOUT

A environ 100 km. de Casablanca, après avoir quitté la grande artère Casablanca-Marrakech, nous prenons sur la droite une route qui aborde en lacets les hauteurs des Rehamnas. Le barrage est là, à quelques minutes, prenant appui sur deux hautes collines aux sommets arrondis, entre lesquelles la rivière a profondément creusé son cours sinueux.
Un arrêt au milieu du pont-route que porte le couronnement du barrage, va nous permettre de détailler la physionomie de l'ensemble.
En amont la retenue, comportant de nombreux bras morts, disparaît entre les montagnes. Les cinq vannes abaissées retiennent l'eau, dont le niveau, après la sécheresse de l'été, remonte peu à peu vers la cote maxima de 190 mètres. On aperçoit, sur la rive gauche, les premiers travaux de mise en place du batardeau qui doit permettre l'installation de la prise d'eau d'irrigation. Sur la rive droite, à l'endroit où le barrage rejoint la berge, la prise d'eau de l'usine n'est perceptible que par le léger tourbillon qui anime la surface de l'eau.
Au pied du barrage, quelques ouvriers armés de marteaux-piqueurs travaillent à faire disparaître ce qui fut la plateforme de l'usine provisoire, afin de mettre en place le dispositif de vidange, qui permettra à la fois de « purger » le fond de la retenue, et aussi le cas échéant de mettre hors-d'eau la prise et la galerie d'amenée de l'usine.
Celle-ci se dresse, à deux cents mètres d'ici, sur la rive droite ; éclatante de blancheur, harmonieuse dans ses proportions et ses lignes, et dominée par les deux cheminées d'équilibre hexagonales, hautes de plus de trente mètres.
Nous nous y rendons, passant devant les silos à matériaux et à ciment, en cours de démolition eux aussi. Et voici, à flanc de coteau, les villas de la cité, dont une partie restera, pour abriter la colonie permanente. Celle-ci compte onze Européens, dont le directeur M. Canu. et son adjoint, M. Pépin, qui nous guide dans notre visite, et une trentaine de Marocains.
L'usine s'ouvre par une porte monumentale, sur la vaste salle des machines, longue de 50 mètres, et haute de 15, dont la première travée sert de plateforme de démontage, et où actuellement des ouvriers procèdent à la révision d'un transformateur, en s'aidant de l'un des deux ponts roulants de 60 tonnes. Les deux autres travées sont occupées par les groupes de 15.600 kVA, tous deux en action. Nous apercevons la partie supérieure des alternateurs, grosses masses de plus de 8 mètres de diamètre.
L'air des alternateurs circule ici en circuit fermé, sous une double bâche, ce qui évite d'avoir recours aux filtres encombrants ; il est refroidi par une circulation d'eau de 60 l-s.
A l'étage au-dessous, c'est la salle des turbines. Celles-ci, fournies par Alsthom-Charmilles (ainsi que les régulateurs), sont du type Kaplan, à pales orientables, ce qui permet une plus grande constance de rendement, même lorsque les hauteurs de chute varient.
Descendons encore plus bas, là où l'escalier est remplacé par une échelle de fer, encastrée dans le béton massif, et où se trouvent les mécanismes de commande des vannes d'arrêt de 3 m. 50 de diamètre, équipées de leur bi-pass ; et, par la porte de visite entr'ouverte, nous apercevons la courbure ventrue de l' « escargot » (bâche spirale), bardé de ses brides d'acier, et dans lequel bondit l'eau, entraînant les pales de la turbine.
Le poste de transformation, du type extérieur, est situé sur un terre-plein à l'aval de l'usine. Il comprend trois types de transformateurs : tout d'abord le poste 5.500-150.000 v., ligne de Tit-Mellil, mise en service en mars 1950, et ligne de Daourat, mise en service en mai 1950, évacuant la majorité du courant, et comprenant quatre transformateurs monophasés (dont un en réserve) ...


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... de 13.500 kVA, pesant chacun, avec le plein d'huile, 56 tonnes. Un transformateur triphasé de 18.000 kVA, 5.500-60.000 v., avec départs sur Sidi El Aïdi et Mechra ben Abbou. Deux transformateurs triphasés 5.500-22.000 v., de 2.000 kVA, alimentent le barrage, la cité d'Im Fout et les chantiers du canal d'irrigation.
Enfin deux transformateurs basse tension, 5.500-200-115 v. de 300 kVA, assurent les besoins internes de l'usine : moteurs auxiliaires, éclairage, commandes, etc...
Revenons maintenant au « tableau », d'où est dirigée et contrôlée toute la marche de l'usine, car, pratiquement, nous avons affaire ici à une installation du type automatique puisque deux hommes suffisent à assurer la marche normale : un machiniste aux turbines et le chef de quart au tableau, au milieu des cadrans de contrôle et des tirettes de commande, et qui embrasse du regard, d'un côté la salle des machines et de l'autre le poste de transformation.
De la salle du tableau, 2 des 5 vannes à secteur peuvent être commandées, les 3 autres l'étant individuellement depuis les cabines de treuil au sommet des piles du barrage.

LA RÉALISATION DIFFICULTUEUSE D'UNE ŒUVRE SIMPLE
Comme on le voit, il s'agit là d'une honnête réalisation, ne présentant a priori rien d'exceptionnel. C'est bien ainsi qu'on l'entendait, lorsque, en 1939, les travaux commencèrent. Mais il suffit d'évoquer la période qui suivit cette date, et d'ajouter que pas un seul instant le chantier ne fut arrêté, pour que se devinent les difficultés sans nombre qui vinrent assaillir l'entreprise à peine commencée : pénurie de matériaux, bois, acier à fleurets, courroies, pneumatiques, pièces de rechange de toute sorte ; ralentissement puis rupture des relations avec la France entravant l'arrivée du matériel ; difficultés de logement et de ravitaillement du personnel ; soins médicaux et lutte préventive contre les épidémies (paludisme et typhus en particulier) ;
raréfaction de la main-d'œuvre aussi, sur un chantier que l'on avait prévu peu mécanisé, à cause même de l'abondance de bras à cette époque, et appel aux prisonniers de guerre italiens et allemands.
Le chantier démarrait en février 1939, peu mécanisé, nous l'avons dit, et occupant un personnel important, puisque les travaux de génie civil exigèrent un effectif de 50 Européens et de 1.200 Marocains.
Les travaux proprement dits débutaient par l'exécution d'une dérivation longue de 200 mètres, et permettant d'évacuer 475 m3-s. ; puis des deux batardeaux amont et aval en maçonnerie. Et l'on entama les fouilles du barrage.

DÉBLAIS ET FONDATIONS
La perforation s'effectuait à l'aide de marteaux pneumatiques de 27 kg. à rotation lente. Le grave problème fut, de 1942 à 1944, celui des pièces de rechange, d'autant plus que la quartzite, roche dure, provoquait une usure rapide des fleurets ; dans certains cas, au bout de quelques centimètres. Il fallut donc demander à l'industrie locale, non équipée pour cela, d'exécuter des pièces de rechange délicates (pistons, douilles de rotation) qui, sans être parfaites, permettaient du moins la poursuite des travaux.
Un obstacle important mais naturel se manifestait aussi sous la forme de crues brutales et imprévisibles, fréquentes de 1940 à 1942, qui noyaient les fouilles et les remplissaient d'une boue argileuse difficile à extraire. Du moins, un système d'annonce de crues, grâce à des stations installées sur le haut Oum-er-Rebia, l'Oued El Abid, et la Tessaout, permit, en avertissant le chantier une vingtaine d'heures à l'avance, de ne cesser le travail qu'au dernier moment, et aussi d'assurer à temps l'évacuation d'un matériel irremplaçable.


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 - VUE D'ENSEMBLE  D'IM FOUT  AVEC  LE POSTE  DE TRANSFORMATION,  L'USINE  HYDRO-ELECTRIQUE ET  LE  BARRAGE  SUR  L'OUM-ER-REBIA. (Ph. Belin)



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- Arbre d'une turbine, couronné de son servo-moteur, fosse de la turbine et régulateur hydraulique, à l'usine d'Im Fout. (Ph. Belin)
- La salle du tableau à l'usine d'Im Fout.


D'autre part, à chaque fois qu'une surface de fondation de quelque importance était réalisée, on y coulait le béton, et, dans la mesure du possible, on montait celui-ci à une cote le mettant à l'abri de l'envasement.
La structure diaclasée des quartzites nécessitait l'établissement d'un voile d'étanchéité, exécuté a partir de la galerie de visite. Les forages primaires étaient espacés de 3 m. 30 et profonds de 30 mètres, et les injections de ciment faites à des pressions allant de 6 kgs à la partie supérieure, à 30 kgs au bas des forages. Une partie de ceux-ci dut être exécutée à la grenaille, le diamant faisant défaut. De plus, le manque de bouchons d'étanchéité en caoutchouc obligea à abandonner le procédé du forage total suivi d'injections par tranches de 5 m. en remontant : on injecta le ciment au fur et à mesure de la descente du trou, en reforant après chaque injection.
Des drains de contrôle, tous les sept mètres, partent également de la galerie, et dans certains cas des injections secondaires ont été effectuées. Au total on procéda à 3.600 mètres de forages, et 450 tonnes de ciment furent injectées.

LE BÉTONNAGE
Le bétonnage posa d'abord le problème des matériaux. Une carrière fut ouverte sur la rive droite, dominant le chantier ; les quartzites extraites fournissaient, après concassage et tamisage sur place, les éléments de 2 mm. et au-dessus.
Une autre carrière, distante de 4 kms. fournit le calcaire nécessaire a l'obtention des éléments fins. Le sable et le ciment provenaient de Casablanca par voie ferrée, avec transbordement en camion à la « gare d'Im'Fout ».
Les travaux se poursuivant sans encombres nouvelles — hormis les problèmes déjà signalés, et quotidiennement présents —, le 17 mai 1944, le barrage était mis en eau, par obturation des pertuis, grâce à des vannes en béton de 20 tonnes, celles-ci étant descendues avec des palans, et libérées sur le dernier mètre de leur course, par rupture simultanée des suspentes (à la mélinite), afin d'obtenir à coup sûr une obturation complète.

L'USINE PROVISOIRE
Pourquoi cette mise en eau, intervenant avant la fin des travaux, et en particulier avant l'achèvement de la partie haute du barrage, avant le montage des vannes, et l'exécution de la prise d'eau ?
C'est que les retards provoqués par les difficultés inouïes au milieu desquelles se débattait et progressait le chantier, joints à la situation nouvelle créée après 1942, et à l'augmentation constante des besoins du pays en électricité, rendaient souhaitable une mise en exploitation, même partielle, aussi rapide que possible.
Tandis que l'on coulait le béton du barrage, une usine provisoire était montée au pied même de celui-ci, en utilisant comme galerie d'amenée la conduite de vidange, cependant que des vannes provisoires étaient pratiquées dans le bloc 9, permettant un contrôle relatif du niveau de la retenue.
Bien entendu, il n'était pas question de se procurer, pour cette usine provisoire, un groupe neuf : après étude de divers projets, on s'était décidé au transfert de l'un des groupes d'El Kanséra, ce qui ne diminuait pas la production de cette dernière centrale, où le groupe restant pouvait pratiquement turbiner les débits disponibles (l'usine perdant seulement son rôle d'usine de pointe). Le groupe fut démonté, à partir de juillet 1943, et ses éléments transportés sur des porte-chars américains, par un itinéraire détourné de 450 kms, où les ouvrages d'art permettaient le passage. Puis, il était remonté à Im'Fout, le tout sans incident.
Un pont roulant de 40 tonnes était pris à l'usine de Lalla Takerkoust, et tout l'appareillage prélevé sur des installations existantes, ou fabriqué par l'industrie marocaine et algérienne.
Le 20 mai 1944, trois jours après la mise en eau du barrage, l'installation provisoire débitait sur le réseau.

. . . ET L'USINE DEFINITIVE
Faisant mentir le quasi-proverbe, ce « provisoire » n'allait durer que cinq ans.
Car les travaux se poursuivaient, évidemment compliqués par cette mise en exploitation précoce. C'est ainsi qu'il fallut établir un batardeau voûte à l'abri duquel s'édifia la prise d'eau définitive. Des échafaudages reposant sur les piles permirent la finition du couronnement et la mise en place particulièrement délicate des vannes à secteur.
Cependant ces opérations, ainsi que la construction de l'usine, à une époque où peu à peu le matériel redevenait moins rare, furent de ce fait plus aisées.
Là aussi, un ordre d'urgence fut établi, et l'on poussa d'abord les travaux nécessaires à la mise en route du premier groupe, qui eut lieu le 24 décembre 1947.
Le deuxième groupe, enfin, fut mis en service le 26 mai 1949.
On entreprit alors le démontage de l'usine provisoire, et le groupe qui l'équipait refit en sens inverse le trajet accompli six ans auparavant .
A la date du 30 octobre 1950, Im'Fout avait fourni au réseau un total de 447.000.000 de kWh, dont près de 150.000.000 par l'usine provisoire, dont la création éphémère se trouvait ainsi entièrement justifiée. Quant à l'installation définitive, c'est une moyenne de 140.000.000 de kWh qu'elle produit annuellement.


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- S. I. F., Société Chérifienne Sondages Injections Forages, Casablanca.


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