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| LE MAROC | |
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Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Dim 1 Juil - 8:40 | |
| page 154 - Intérieur de la mosquée Karouïne. Il n'est pas de ville au monde qui abrite autant de lieux de prière. Vers l'an 1200 où commença la splendeur de la cité, Fez comptait 785 mosquées ou oratoires et 42 lieux d'ablutions. Depuis cette époque, la quantité s'est réduite pour faire place à la qualité, aux édifices vastes et imposants. Les oratoires privés ont peu à peu disparu et il ne reste qu'une centaine de mosquées. Après celle de Moulay Idriss, mosquée mère, la plus importante est Karouïne, centre de la vie intellectuelle. Karouïne fut fondée il y a près de mille ans et l'édifice s'est sans cesse accru. Il n'était, au début, qu'un oratoire de trente mètres de côté, édifié au IXe siècle par la femme d'un sultan originaire de Kérouin. Au Xe siècle, elle devint une véritable mosquée avec le minaret qu'on voit encore aujourd'hui au centre de l'édifice. Cependant elle ne prit toute son importance qu'au ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Dim 1 Juil - 8:42 | |
| page 155 - Intérieur de la mosquée Karouïne. ... XIe siècle, époque où les sultans en firent ce qu'elle est aujourd'hui, un immense édifice avec seize nefs de 21 arcs chacune, avec ses 270 colonnes, son dédale de couloirs, de cours parsemées de vasques aux eaux bondissantes. Lieu de prière, elle peut contenir 20.000 personnes, lieu d'étude, elle voit accourir des étudiants de tout le monde islamique. Une bibliothèque de plusieurs milliers de livres constitue son inappréciable richesse. Karouïne. Asile de paix où rêvent les arabes, c'est là que se façonnent les âmes des chefs, des guerriers et des savants. C'est là que les roguis, les insurgés, depuis Bou Hamara, l'homme à l'ânesse jusqu'à Abd-el-Krim, le Prophète du Rif, vinrent appuyer leur soif d'autorité et leurs ambitions sur le livre sacré. Le souvenir des beaux jours que les Arabes passèrent en Espagne, souvenir d'une domination glorieuse, est commémoré par la mosquée ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Dim 1 Juil - 8:43 | |
| page 156 - Mosquée Karouïne. ... des Andalous. Située sur une colline, on la voit de très loin avec son beau minaret vert et ses portes imposantes, ornées de baldaquins de cèdre et des multiples dentelles de plâtre bariolées aux couleurs du Prophète où domine le vert de l'espérance. Après Moulay Idriss, après Karouïne, c'est la mosquée préférée des habitants de Fez pour son luxe, pour ses souvenirs, pour la superbe proportion de ses nefs. L'Arabe participe à la vie de la mosquée qui est le centre de son existence. Plusieurs fois par jour, en passant pour se rendre à ses occupations, il s'arrête sur le seuil, gravit une marche, quitte ses babouches qu'il prend à la main et pénètre dans le saint lieu. Il se dirige d'abord vers la vasque aux ablutions où l'eau murmure continuellement. Là, il répand sur ses pieds l'onde courante qui emporte en chantant les fautes des mortels et qui donne, à qui en use, un baptême nouveau. Ainsi purifié, l'homme peut se mettre en présence de Dieu et s'adresse à lui.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Dim 1 Juil - 8:44 | |
| page 157 - Mosquée des Andalous.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:19 | |
| page 158 - Fez. Mosquée de Sidi Ahmed Ech-Chaoui. Les horloges. Il s'incline vers la niche vide qui, dans tous les édifices sacrés, indique aux fidèles l'orientation de la Mecque, centre de la prière des fils de Mahomet. Par trois fois, il s'agenouille et se relève, les mains ouvertes à hauteur du front, les yeux fixés au ciel. Par trois fois aussi, il prononce les mots rituels qui constituent par la reconnaissance de la puissance d'Allah, l'hommage de l'homme au créateur : « Allah Ackbar !... Dieu seul est grand. » C'est la prière universelle, du pacha et du criminel, du pauvre et du riche, du savant et du laboureur. Ensuite, accroupi dans un coin, les jambes pliées sous lui, l'homme commence une rêverie sans fin qui l'enlève à ses préoccupations, à ses affaires, à la tristesse de la vie. Entre ses doigts passent sans arrêt les grains de doum ou d'ambre qui forment les chapelets des confréries. Par la place que la mosquée tient dans la vie musulmane, on ne s'étonne plus de constater le soin avec lequel la piété des Marocains accumule ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:20 | |
| page 159 - Fez. Mosquée Echerabline. ... dans les innombrables sanctuaires d'inestimables richesses. C'est une profusion de décors, d'ex-votos enfantins, des lampadaires de cuivre, des lustres en verroteries importés d'Europe et offerts par les sultans; enfin, les pendules à caisse offertes par les notables font l'orgueil des sanctuaires les plus riches. Pourquoi des pendules dans les lieux sacrés? Simplement parce que leur mouvement donne à ces esprits simples l'impression de mystère, d'incompréhension et d'éternité. Ce n'est pas en tout cas pour marquer l'heure puisque chacune de ces « makinas », de ces machines, indique suivant sa seule fantaisie, la marche du temps. Parmi les richesses qui font la gloire des mosquées, il faut signaler les fameux kiosques de Karouïne, rappelant ceux de la cour des lions de l'Alhambra de Grenade, supportés par d'élégantes colonnes de marbre. Il faut citer, également pour Karouïne, des lustres de bronze datant de 1136, admirablement gravés.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:25 | |
| page 160 - Mosquée de Moulay-Abdallah. Les moindres détails dans les mosquées ont motivé de longs travaux artistiques et tout ce que les Marocains ont réalisé de beau, ils l'ont accumulé dans leurs lieux de prière. Dans les rues à demi obscures, aux murs rapprochés et enchevêtrés, les portes des mosquées jettent une note claire avec leurs dentelles de plâtre, leurs dessins de faïence, le bariolage de leurs zéliges, les marteaux de bronze ciselés, fruits du travail obscur d'artisans inconnus et enfin l'indispensable tronc aux offrandes où les fidèles déposent, depuis des centaines d'années, des cierges, des lettres de prière ou des pièces d'argent. Quand la porte est fermée, le marteau ciselé reçoit l'hommage des passants. Les hommes y appuient leur front tandis que les femmes y attachent des bouts de rubans multicolores. Que de générations il a fallu pour user ces objets de bronze et les marches de marbre des seuils.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:26 | |
| page 161 - Fez. Medersa Bon Anania. - Fez. Une école coranique rue Demnate. Le soir au coucher du soleil, arrêtez-vous loin du tumulte des rues et contemplez les minarets qui complètent harmonieusement les mosquées. Tantôt gracieux et aériens, aux couleurs vives, tantôt massifs et gris, ici éclatants neufs, là rongés par les siècles, ils surgissent, piqués au hasard dans la ville sainte. Ils se détachent en avant du Zalard, grande montagne sombre qui domine l'agglomération. A leur sommet, ils abritent, à côté des cigognes fidèles, les mueusins, cloches vivantes de l'Islam, qui, cinq fois par jour, du haut de leurs balcons aériens, les mains assemblées en porte-voix, clament aux quatre coins de leur tour, la prière sainte. En entendant leur émouvant appel, Loti a pu dire : « Ecoutez les mueusins, entendez la continuité de leur supplication.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: Le MAROC Lun 9 Juil - 8:28 | |
| page 162 - Un marabout dominant Fez. Leur prière signifie que nous sommes les hôtes d'un peuple qui croit et qui prie. » Chanter est le propre des peuples primitifs ou simples. Tout est chanson à Fez ! Depuis l'aurore presque toujours tiède et embrumée jusqu'au coucher du soleil, spectacle incomparable dans son bariolage, on ne peut circuler dans les rues, s'asseoir sur les murs des tombes dans un cimetière, se retirer dans sa chambre sans entendre les chants particuliers de l'Islam. Tout d'abord, il est une voix que rien n'arrête, qui vous poursuit jusqu'à l'obsession, dans les demeures et dans les rues, dans les masures et les palais, dans la haute et dans la basse ville, c'est la voix de l'eau. L'Oued-Fez est, dans la cité, une grande personne morale, mêlée à la vie liturgique dans les mosquées et dans les Médersas, à la vie familiale dans toutes les maisons sans exception, à la vie sociale enfin dans les moulins innombrables et dans les édifices publics.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:30 | |
| page 163 - L'Oued de Fez à Bab Dekakène. L'Oued-Fez constitue la richesse essentielle de la capitale du Nord. Son débit toujours égal a permis à la ville de naître, de grandir et de prospérer. A l'entrée et à la sortie de l'agglomération, c'est un fleuve mais, à son passage dans la cité, ce n'est plus qu'un réseau de ruisseaux aux multiples canalisations apparentes ou souterraines. Ces milliers de veines animent la ville comme le sang le corps humain. Fez étant bâtie en amphithéâtre la même eau cascade cent fois, mille fois dans les fontaines étagées, depuis les vasques du palais du sultan jusqu'aux quartiers éloignés et reculés de Bab Guissa, avant de redevenir un fleuve. Après avoir flâné à travers des jardins enchantés, couverts d'orangers, de citronniers, de plantes grimpantes, parfumés de géraniums géants, l'eau s'en va, par trois grands bras, arroser toute la ville. Son courant actionne d'abord de grandes roues, des roues monstrueuses comme on n'en voit de semblables nulle part. Disséminées dans tous les quartiers, elles élèvent l'eau pour la répartir dans les ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:31 | |
| page 164 - Fez. Pont portugais sur l'Oued M'Tir. - Roue du jardin public de Bou Jeloud. ... jardins et les demeures. Ces roues tournant ainsi depuis des siècles sans une heure d'arrêt, exhalent une plainte triste et sans fin, lugubre presque, une sorte de gémissement ininterrompu, un grincement sinistre et émouvant quand on l'écoute pour la première fois mais nécessaire à l'oreille quand elle s'y est habituée. Les grandes roues pittoresques, couvertes de mousse, tournent en chantant dans tous les coins de Fez, lentement... lentement. Nous sommes dans un pays où la durée des ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:33 | |
| page 165 - Fez. Cascade de l'Oued l'Adhem.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:34 | |
| page 166 - Fez. Cour plantée de bananiers. ... heures compte peu et où les cris humains de la matière ne suivent pas le rythme saccadé des moteurs de chez nous. Après avoir entraîné dans une rotation sans fin ces grandes carcasses de fer et de bois, les grands canaux de l'Oued s'enfoncent en rugissant dans les moulins antiques. Entre des murs noirs et sordides, on perçoit une note furieuse, comme une cascade tombant des altitudes sur un roc profond. Ayant brisé le blé et l'orge, l'eau poursuit son chemin dans la rue où de véritables monuments sont élevés à ses bienfaits. Le Fassi a le culte de l'eau. Au milieu des grandes cours, au centre des cloîtres, dans l'ombre des piliers géants, dans les vasques où elle bondit sur une note majeure et changeante ou dans le canal qui la conduit silencieuse, l'eau devient sacrée par les ablutions rituelles. Sans elle, l'Arabe est impur tandis que son usage le rend digne d'affronter le Tout-Puissant. Dans les demeures enfin, le Fassi met son orgueil à posséder une fontaine superbe. L'eau jaillit au centre de la maison et va, de là, porter ses bienfaits dans tous les coins.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 8:35 | |
| page 167 - Fez. Une fontaine dans une maison particulière. Clairs et riants autels de mosaïques ou de marbre, la vasque déborde en un rire joyeux. Près d'elle, l'esclave noir vient se désaltérer et aussi la grande dame voilée, prisonnière dans sa châsse de bijoux et dans ses vêtements immaculés. Glissant comme une ombre sur les épais tapis où s'enfoncent ses pieds, elle vient s'asseoir sur la margelle de la fontaine. Elle rêve, en entendant l'égouttement des eaux, aux frais ruisseaux du bled à travers lequel elle folâtrait, toute petite. Maintenant, choyée mais captive, elle songe qu'elle ne reverra plus l'Oued bondissant entre les roches colossales... sauvage et libre. Ah ! Qui dira la nostalgie des demeures de Fez où éternellement l'eau passe en murmurant une chanson toujours égale pour bercer les esclaves et adoucir le sort des prisonnières de l'amour.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:08 | |
| page 168 - Un bassin de la Médersa Bon Anania. Sur les places publiques, les mosaïstes ont aussi élevé des autels. Parmi ces fontaines, la plus ancienne doit être la Nejjarine, c'est en tout cas la plus gracieuse. Édifiée au centre de la ville, sur une place célèbre, à côté d'un « fondouk » (I) aussi vieux qu'elle, elle est formée d'un bassin au-dessus duquel le plâtre sculpté, les mosaïques multicolores, un auvent de cèdre gravé et une toiture de tuiles vertes créent un ensemble qui tente les aquarellistes et charme les passants. Si la Nejjarine est la fontaine la plus antique, il n'en est pas, pour nous Français, de plus émouvante qu'une autre toute voisine. Les guides ne la mentionnent pas, elle est perdue au fond d'un quartier populaire et je la ...
(I) Dépôt de marchandises à la fois magasin de vente et lieu de réunion pour les corporations.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:09 | |
| page 169 - Fez. Cour arabe et bassin des ablutions. ... découvris tout à fait par hasard. Elle est simple et ne retient le regard que par son aspect modeste et vétuste. En l'approchant, je vis, au milieu des losanges tracés dans le plâtre, des fleurs de lis disséminées. Quel Français mystérieux, prisonnier peut-être ou compagnon d'un ambassadeur, a gravé, il y a des centaines d'années, sur cette fontaine perdue au fond d'un couloir marocain, les armes de nos rois, la fleur de lis mystique, cet emblème qu'on ne retrouve dans aucun autre monument de l'Empire Fortuné? La chanson des fontaines préside à tous les actes de la vie fassie et accompagne les chœurs innombrables des hommes. Chansons d'Islam! Il faudrait être poète pour dire leur charme infini. Ecoutez la chanson du travail ! Sur les routes, les Arabes, par groupe de dix ou de vingt ont répandu d'épaisses couches de cailloux. Ils les tassent au moyen de blocs de fer adaptés à un manche qu'ils soulèvent et laissent retomber en cadence. Ils arrivent ainsi à empierrer chaque ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Sam 28 Fév - 6:51, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:11 | |
| page 170 - Fez. Intérieur juif. ... jour quelques mètres carrés des routes nationales. Leur travail très lent est mathématique, régulier, admirablement fini. Pour l'exécuter, ils chantent continuellement, groupés en trois chœurs. Chaque ritournelle de quatre notes est terminée par une sorte de soupir sur un son grave qui coïncide avec le bruit du fer tombant sur les pierres. Pendant des heures entières s'élève cette chanson toujours identique, lassante si l'on veut, mais indispensable à ce travail fastidieux et pénible. Plus alerte est la chanson des paveurs de terrasse. Ils ont des instruments plus légers, un dans chaque main, et la cadence est plus rapide. Enfin les artisans, relieurs, graveurs, teinturiers, chantent de longues cantilènes plus savantes et plus variées. Pays merveilleux où chaque labeur est accompagné d'un chant approprié, d'un chant millénaire que se transmettent les générations, d'un chant auquel il serait criminel de changer une note, comme il serait criminel de porter la main sur les richesses d'une mosquée.
Dernière édition par Pierre AUBREE le Sam 28 Fév - 6:54, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:12 | |
| page 171 - Fez. Intérieur juif. Tels sont les chants du travail. Il y a aussi les chants de joie et les chants de douleur. Chants de joie ! A la nuit tombée, dans les rues étroites, des hommes portent sur leurs épaules une grande masse blanche, une statue assise et voilée. A l'allure d'une procession, s'avance la joyeuse théorie. En tête marchent des esclaves porteurs de torches qui donnent aux rues étroites un aspect fantomatique, les enfants tapageurs les suivent et enfin des hommes qui lancent aux étoiles une chanson andalouse. Le cortège s'arrête près d'un seuil. Les porteurs déposent leur fardeau... et alors... étonnante surprise, la blanche statue quitte son trône et descend les marches usées de la maison . C'est un mariage ! La fiancée qui n'a jamais vu celui à qui elle est promise entre, anxieuse et craintive, dans la demeure où l'attendent ses nouveaux parents affairés, ses esclaves empressés, ses invités et les autres femmes de son fiancé. Elle passe très ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:17, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:13 | |
| page 172 - Fez. Intérieur arabe. ... digne, au milieu de tout ce monde qui chante et qui l'acclame. La porte d'entrée, massive et lourde jette un cri de douleur en roulant sur ses gonds. Son triste grincement met un terme à l’exubérance des chanteurs et aux fanatiques youyous des femmes. La fiancée est prisonnière à jamais. Et maintenant voici un autre cortège. Il chante également et sa marche revêt la même majesté. Dans une vaste boîte où manquent les côtés, on distingue un corps étendu, roulé dans un suaire qui laisse deviner les formes d'un mort. Le chant est une prière lente. C'est un Arabe qu'on porte en terre. Autour de la litière que les porteurs tiennent élevée sur leurs épaules, les enfants agitent de grandes palmes vertes. Quand le cortège quitte la maison, les femmes poussent des cris déchirants; elles se griffent le visage jusqu'au sang. Cette manifestation des femmes est la seule triste d'un enterrement car, aussitôt, commencent des cris presque joyeux.
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:21, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:15 | |
| page 173 - Fez. Place et fontaine Nejjarine.
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:22, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:16 | |
| page 174 - Fez. Intérieur à la Makina. La mort n'est-elle pas une délivrance et ces croyants n'ont-ils pas la certitude que l'âme est déjà dans une vie meilleure auprès d'Allah en qui le défunt avait mis sa confiance? Les larmes sont bannies des yeux des hommes et c'est dans un chant qui ignore la douleur angoissée des hymnes chrétiennes que les fils de Moulay Idriss sont enfouis dans la terre, le corps penché à gauche, la tête tournée vers la ville sainte du Prophète où retentiront un jour les trompettes du jugement. Cette assurance de l'autre vie, cette certitude, ont fait des cimetières marocains des lieux de plaisance et des places publiques. Ils forment autour des remparts une véritable ceinture. On dirait que les Fassis ont établi leurs morts autour de leur ville comme gardiens. Il n'est pas de grande porte qui n'ait sa nécropole. Le cimetière arabe n'est pas un lieu sombre. L'indigène est familier avec ses morts, il se ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:26, édité 2 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: Re: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:18 | |
| page 175 - Environs de Fez. La cueillette des olives. ... promène au milieu d'eux, s'assied sur leurs tombes, amène ses animaux paître l'herbe grasse de ce sol sans cesse remué. Souvent même les marchands installent leurs samovars sur les sépultures et vendent du thé aux promeneurs. Le vendredi, les femmes voilées accourent au cimetière, surtout à Bab Ftou. Là, elles bavardent, rient, se content leurs histoires et se passionnent pour les récits des conteurs. Les tombes du bled sont marquées d'un caillou, celles de Fez se distinguent par un petit entourage de briques peintes à la chaux. Seuls les saints de l'Islam, les vieux marabouts dont la vie fut exemplaire, les savants de l'Université qui percèrent les secrets de l'incompréhensible Coran, seuls ces hommes justes aux yeux de Dieu et modèles de vertus ont une « Couba », une chapelle vénérée par les confréries et entretenue par les descendants du mort illustre. Pour les gens qui furent grands par l'intelligence, la science et les vertus, on a édifié des coupoles sur lesquelles pousse l'herbe jamais ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:29, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:19 | |
| page 176 - Fez. Cimetière de Bou Beker. ... enlevée et au pied desquelles leurs fervents déposent les offrandes. Une ou plusieurs fois par an, suivant le degré de réputation du saint, les indigènes accourent par milliers auprès de ces tombeaux pour y venir prendre la « baraka », la bénédiction, qui donne force, courage et espoir en Dieu. Fez, nuit et jour, sous le soleil torride ou la pluie diluvienne, chante ses éternelles chansons, expression de son âme naïve, croyante et primitive.
La campagne autour de Fez est particulièrement triste, grise et monotone. La terre cependant étant fertile, des oasis surgissent partout où apparaît une eau doublement bienfaisante, d'abord parce qu'une végétation luxuriante entoure les oueds, ensuite parce qu'elle porte en elle de puissantes vertus curatives. Ces oasis sont donc à la fois des centres agricoles et des stations thermales; tel au nord, Moulay Yakoub, modeste village berbère ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:32, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:20 | |
| page 177 - Un mausolée au cimetière de Bab-Ftou. ... accroché aux flancs du Zerhoun et réputé pour ses eaux sulfureuses sortant de terre bouillantes. Il en est de même de l'autre côté de Fez, à Sidi Harazem, autre source bienfaisante, murmurant au fond d'une gorge sauvage, dans un nid de verdure formé de palmiers géants dont les racines baignent dans l'eau chaude. Pauvre station thermale, bien digne de faire pendant à Moulay Yakoub, avec, cependant, un peu plus de pauvreté. Auprès de la Kouba du saint vénéré, s'élèvent quelques huttes, lieux de prédilection d'une centaines de cigognes qui descendent des toits de chaume pour jouer avec les enfants des Berbères, dans un des sites les plus beaux du monde, sous la protection de Monsieur Harazem qui dort, bercé par le murmure de l'eau qui sourd, son éternel sommeil. Au sud de Fez, vers l'Atlas dont la chaîne se profile, perpétuellement chargée de neige, Sefrou, au milieu des sources et des vergers abondants, étale ses deux villes jumelles.
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:35, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 9 Juil - 18:22 | |
| page 178 - Sidi-Harazem. A cause de son climat tempéré, de ses richesses naturelles inépuisables, les habitants de Fez appellent Sefrou leur paradis. Pour ma part, j'ai une sincère prédilection pour Sefrou, non seulement pour son charme, pour sa fraîcheur, pour le pittoresque de ses rues, mais aussi parce que j'ai trouvé là les indigènes les plus avenants, les plus ouverts à l'esprit européen, les plus loyaux du Maroc. A trente kilomètres de Fez, plus de trace de l'esprit frondeur de la ville universitaire arabe ! Nous sommes en pleine région berbère, purement berbère. Je ne puis songer, sans me réjouir, que les habitants de Sefrou périodiquement sollicités par les agitateurs du nord et du sud, tiraillés par le Rif ou par la tache de Taza, sont toujours fermement restés Français. Je ne puis oublier que cette région a fourni nos meilleurs partisans, nos meilleurs goumiers, les meilleurs soldats de la division marocaine. On lit la fidélité dans leurs regards, dans la manière dont les enfants vous saluent, dans la grâce que mettent les vieillards quand ils prononcent ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 1 Mar - 7:38, édité 1 fois | |
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