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| LE MAROC | |
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Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 9:17 | |
| page 79 - Marrakech. Souk des marchands de bois ... fois militaire et de plaisance. Il faut pénétrer dans la cour centrale pour découvrir la vie intense de ces demeures. On se trouve alors devant un grand village remuant et bariolé. Sur une des faces, luxueuse et magnifique, se dresse la demeure du maître ou pour mieux dire son palais. Les tapis de haute laine fabriqués sur place, les cuivres, les meubles taillés dans le cèdre odorant en font un véritable musée. Ces chefs de tribus peuvent mobiliser en un jour de véritables armées, des nuées de partisans et de vasseaux. Ils ont sur ces gens tout pouvoir, ils lèvent les impôts, rendent la justice, font la police et en un mot dirigent un véritable état. On devine combien est précieux leur appui pour un gouvernement installé à Fez ou à Rabat. Les sultans de toutes les dynasties se sont assuré leur appui et c'était grâce à eux que le Maghzen — gouvernement du Maroc — arrivait à se faire respecter dans ces régions. Quand, le général Lyautey voulut pacifier le Maroc, il adopta la ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 9:18 | |
| page 80 - Marrakech. La place de France. ... même méthode que les sultans. Il offrit aux grands seigneurs de ne pas les combattre et de leur maintenir leurs prérogatives s'ils faisaient alliance avec lui. En gens avisés, les trois grands caïds vinrent l'un après l'autre témoigner de leur fidélité à la France. Grâce à eux, nous n'avons pas eu besoin d'envoyer dans toute cette région difficile de troupes régulières. Grâce à eux, les indigènes ont accepté notre contrôle sans qu'une goutte de sang ait été versée. Bien plus, ces nouveaux amis nous ont donné le témoignage de la plus grande fidélité puisque plusieurs membres de leurs familles ont versé leur sang sur les champs de bataille pour la cause de la France et du Maroc. Sous le protectorat français, les grands caïds continuent leur vie féodale... sans cependant bouder aux bienfaits de notre civilisation puisqu'ils usent comme moyen de locomotion, à la fois des mules richement équipées, aux selles brodées d'or et des autos les plus confortables fournies par l'industrie française !... Ce sont hommes de progrès. Un vieux proverbe affirme qu'il n'y a pas de sultan si les savants ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:08 | |
| page 81 - Marrakech. Les remparts.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:09 | |
| page 82 - Marrakech. Dar Bahia. La cour. ... de Fez n'ont pas tenu l'étrier du nouveau maître, cérémonie impliquant leur adhésion. On peut dire avec autant de justesse qu'il n'y a pas non plus de sultan si les seigneurs de l'Atlas ne reconnaissent son autorité. Toutes les dynasties marocaines ont successivement éprouvé la vérité de ces deux faits. On le voit donc, il n'y a, à proprement parler, dans l'Empire Fortuné que deux capitales, aujourd'hui sans souverain, mais deux capitales quand même : Fez et Marrakech. Ce sont les deux pôles du royaume ayant chacun leur charme propre, leur vie, leurs coutumes, leurs couleurs, leur ciel, leur allure. Fez est la pureté de l'Islam avec ses savants, ses universités, ses confréries, ses mosquées où l'on complote, ses rues étroites, sombres, tortueuses, vite changées en coupe-gorge, ses murs de prières où se ruent les fanatiques, ville frondeuse, par moments cruelle et farouche. Marrakech est plus accueillante, plus ouverte à l'étranger. Au seuil ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:10 | |
| page 83 - La Koutoubia de Marrakech. ... du désert, au pied de l'Atlas, elle s'ouvre au grand vent qui déferle des hauts plateaux, elle connaît les horizons plus vastes et les pensées plus larges. Ici, l'Islam est tempéré. Bien des Marocains ignorent que Marrakech fut, pendant deux siècles, un évêché catholique. Une semblable institution eut été impossible à Fez. Sur ce point, le chef des services des arts indigènes, M. Ricard, l'un des hommes qui connaissent le mieux le Maroc, a donné les intéressantes précisions que voici : « Les relations de Marrakech avec l'Europe chrétienne remontent à une époque assez reculée. Cinq pères franciscains y arrivèrent en 1219 dans le but de créer un centre d'évangélisation. Ils furent d'abord accueillis avec indifférence, mais comme ils s'étaient enhardis à attaquer publiquement Mahomet, un sultan Almohade donna l'ordre de les diriger sur Ceuta, pour les renvoyer en Espagne. Trompant la vigilance de leurs gardiens, ils revinrent à Marrakech où ils trouvèrent le martyre en 1220.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:12 | |
| page 84 - Marrakech vue de la place Djemma-el-Fna. Cependant la tolérance fut telle à un certain moment que le pape Grégoire IX put créer un évêché à Marrakech vers 1233. Le premier titulaire épiscopal fut le frère Agnelo. « Au début, l'évêché n'eut d'autres biens que les aumônes des fidèles, mais en 1257, peu de temps après la prise de Séville, le roi Ferdinand et ses fils firent don à l'évêché de grands territoires situés à l'embouchure du Guadalquivir et du domaine de Torre blanca. En récompense, le pape concéda au roi d'Espagne le droit de présentation pour l'évêché du Maroc. « Mais si le traité de 1270 qui suivit la croisade de Saint Louis assura aux chrétiens le libre exercice de leur culte, il ne leur accorda pas la faculté de prêcher publiquement l'évangile. Après la Réconquista, le retour en Afrique des familles musulmanes d'Espagne occasionna un sentiment de rancune et de vengeance contre les chrétiens et l'évêché de Marrakech cessa d'exister au XVIe siècle. Le dernier titulaire fut Dom Francisco de Faria, nommé par Urbain VIII en 1639. L'église marocaine n'avait vécu que trois siècles ». Si je me suis permis de citer la brève histoire de l'évêché de Marrakech, c'est uniquement pour prouver la différence de tempérament de la ville du Sud et de Fez où les missionnaires, de tout temps, étaient ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:13 | |
| page 85 ... irrémédiablement massacrés. Le centre de Marrakech est la « Djemma el Fna. » « Djemma » signifie assemblée populaire ou religieuse, place publique. Celle-ci porte un nom sinistre : « El Fna », réunion des trépassés... C'est là que jadis les sultans cruels immolaient leurs victimes, là que la justice du Maghzen exposait au peuple les têtes des criminels ou des insurgés. Aujourd'hui, il ne reste rien de ces cruautés, que le souvenir, que les légendes déclamées ou chantées sur cette même place, par les marchands, les barbiers, les camelots, se bousculant dans un désordre charmant, sous un soleil implacable. Place folle ! ont dit les Tharaud avec raison, car on y entend les cris, les jurons, les appels, les chants, les idiomes de tous les peuples. On y voit de beaux esclaves noirs, des guerriers berbères avec leur chevelure abondante et frisée, des chleus primitifs et dignes dans leurs vêtements en lambeaux, des Arabes solennels, des Juifs pouilleux sous leurs longues lévites noires et leurs petites calottes crasseuses. C'est vraiment une djemma, une assemblée populaire de tout ce que le Maroc compte de races hier opposées et batailleuses, réconciliées aujourd'hui sous la garde française. Dominant la fourmilière humaine, la Koutoubia célèbre porte dans ...
- Marrakech vue de la place Djemma-el-Fna.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:15 | |
| page 86 - Marrakech. Intérieur du palais du Pacha. ... le ciel, au sommet de ses soixante-dix mètres, le souvenir d'une puissante dynastie. De loin, la tour semble normale, bien assise certes, mais de proportions moyennes. De près, elle écrase les mortels sous ses sept étages édifiés en pierre rosé. C'est l'œuvre d'un sultan qui fut à la fois architecte et conquérant, d'un monarque à qui le Moghreb et l'Espagne doivent leurs plus beaux monuments : El Mansour. La Koutoubia est à ce point célèbre qu'on en a reproduit l'aspect sur les timbres-poste du protectorat. C'est un des maîtres monuments de la capitale rouge. Tandis que l'Islam victorieux élevait la Giralda de Séville, ici des milliers d'esclaves chrétiens construisaient ce prestigieux ensemble. En considérant la tour aux sept étages, on devine à peine ce que devait être la salle des prières, la mosquée proprement dite avec ses patios pour les ablutions et les sacrifices. Toute l'histoire de Marrakech ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:22 | |
| page 87 - Marrakech. Le palais du Pacha. ... s'est déroulée autour de la Koutoubia. Jadis mosquée des libraires dont les petites boutiques l'enserraient, elle devint successivement un lieu de pèlerinage pour tous les étrangers et enfin une place de guerre dont on voit encore aujourd'hui les murs crénelés et les remparts. Allah ne l'a d'ailleurs pas abandonnée complètement puisqu'un muezzin l'habite encore pour solliciter la prière des passants. Comme pour tous les sites pittoresques, comme pour toutes les mosquées célèbres, des centaines de légendes courent dans le peuple sur la Koutoubia. Elles formeraient un livre. Recueillies et retransmises amplifiées par les conteurs arabes, leur nombre et leur valeur s'accroît de jour en jour. La Koutoubia est certes une merveille, mais les indigènes n'ont donné ce qualificatif qu'au palais, aujourd'hui ruiné, élevé par un des plus fameux entre les sultans El Mansour. Le palais El Bedi couvrait 50 hectares de ses mosquées, de ses ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:23 | |
| page 88 - Tombeaux des sultans Saadiens. La mosquée. ... palais, de ses écuries. Aujourd'hui il ne reste de la merveille que désert et solitude. Ces lieux ne vivent que par le souvenir qu'ils enferment dans leurs murs rouges. Le grand conquérant dont le nom « Mansour » signifie le victorieux, après avoir libéré son pays de l'emprise étrangère avait porté les couleurs du Prophète en plein cœur du Soudan. Il avait annexé ce pays et le Sénégal à l'empire des sultans. Tout le butin pris aux étrangers en déroute et tout l'or rapporté des expéditions, El Mansour le déposa dans son palais, riche écrin destiné à recevoir le fruit du pillage et de la victoire. Le temps et la main de l'homme n'ont pu enlever complètement au palais du Bedi son allure générale, ils n'ont pu effacer ses étranges proportions. Ils lui ont même laissé quelques colonnes à chapiteaux, quelques vasques, seuls indices de la grandeur passée. Cent ans après sa fondation, le Bedi était déjà une ruine par la volonté de Moulay Ismaël qui, obstiné à dépasser la renommée de Versailles, se servit des matériaux pour édifier le palais de Meknès destiné à subir lui aussi le même sort.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:24 | |
| page 89 - Tombeaux des sultans Saadiens.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Sam 9 Juin - 11:26 | |
| page 90 - Medersa Moulay Ben Yousef (détail des colonnades). Ils ne sont tous deux aujourd'hui que murailles épaisses fondant lentement sous les pluies d'orage mais nous permettant de reconstituer en rêve ce temps des mille et un prodiges où des hommes monstrueux édifiaient, en quarante jours, des merveilles d ' architecture pour les peupler de leurs esclaves, de leurs femmes et de la gloire éphémère de leur destin. La Koutoubia et le Bédi sont magnifiques, imposants, mais le monument essentiel le monument essentiel de Marrakech est assurément la nécropole des sultans Saadiens. Les tombeaux des Mérénides dominent Fez, dressant sur la ville leurs arceaux en ruines, vides comme des orbites d'aveugle. Le temps et les guerres ont anéanti leur beauté. Marrakech a su conserver intact le tombeau des Saadiens qui présente un tout architectural unique.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:27 | |
| page 91 - Medersa Moulay Ben Youssef. La cour. En passant le seuil de la modeste porte, en circulant dans le couloir obscur et tourmenté, on ne se douterait pas de la féerie à laquelle ces sombres voûtes donnent accès. La première cour, de dimensions restreintes, ménage la transition entre la simplicité de l'extérieur et le luxe de la salle maîtresse. Comment décrire cette vaste pièce ? Je jette sur le papier une énumération, incapable d'assembler les mots pour dire l'harmonie totale : Juxtaposez et ordonnez des colonnes de marbre, des zéliges, des mosaïques, des marqueteries, des arabesques, des poutres de cèdre sculpté, des stelles ciselées. Reconstituez, avec toutes ces choses parfaites, le monument le plus proportionné, le plus pur, le plus islamique que vous puissiez imaginer. On n'éprouve pas seulement un sentiment d'admiration devant ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:28 | |
| page 92 -Medersa Moulay Ben Youssef (détail du mur). ... cette œuvre mais une intense émotion car les habitants de ces lieux furent les souverains les plus absolus et les plus puissants du monde. Ils gisent là, sous les marbres exquis, ces conquérants de Grenade et de Séville, ceux qui libérèrent leur pays du joug de l'étranger, ces grands architectes, ces terribles guerriers, ces hommes, les uns cruels, les autres débonnaires, tous glorieux. Mansour le victorieux repose à côté d'Abd Allah le terrible; toute la dynastie sous laquelle le monde trembla n'est que poussière. De sa splendeur, il ne reste que ces quelques pierres merveilleuses dans lesquelles ils ont creusé leurs tombeaux. Il faudrait encore des pages infinies pour dire les belles mosquées, les sanctuaires célèbres, les Médersas d'où l'eau s'échappe, chargée de péchés innombrables, après les ablutions, pour dire les souks, les portes, les remparts — il y en a partout — pour décrire le quartier des lépreux où des êtres qui ont été des ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:29 | |
| page 93 Le Palais de la Mamounia. Aujourd'hui hôtel de la Compagnie Transatlantique. ... hommes présentent des figures plus ravagées que les ruines des palais, pour dire le charme de la foule plus tapageuse qu'ailleurs, pour dire enfin la ville nouvelle, le Gueliz, gardée de tout côté par des batteries, pour célébrer l'effort français, le parc Lyautey, les villas qui débordent de la primitive enceinte, pour vanter comme il convient l'hôtel de la Compagnie Transatlantique, ce palais de la Mamounia qui appartint au sultan et qui est aujourd'hui le domaine où les touristes vivent dans le luxe de ce pays, peuvent rêver, étendus à la mode arabe, les yeux fixés sur d'artistiques plafonds de cèdre semés de fleurs et de lignes harmonieuses. Tout cela c'est Marrakech la Rouge, Marrakech la Belle. Mais il faut vanter un autre aspect de la capitale du Sud qui a fourni à M. Chevrillon le titre d'un ouvrage : «. Marrakech sous les Palmes ». Une palmeraie unique entoure la ville, comptant plus de 80.000 arbres parmi les plus beaux que l'on connaisse.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:30 | |
| page 94 - Dans la palmeraie de Marrakech. Les Arabes qui ne s'illusionnent pas sur le tempérament insouciant de leur race et qui savent leurs sultans incapables d'avoir planté une telle forêt, racontent, quand on leur demande l'origine de cette profusion de palmes, une bien singulière histoire. Au XVIIe siècle, des Filaliens assiégèrent Marrakech. N'ayant guère comme nourriture que des dattes apportées de leur région, ils jetaient les noyaux, dans leurs camps, autour de la ville. Et les arbres poussèrent ! Le hasard fit magnifiquement les choses et ce n'est certes pas une des moindres poésies de la cité Rouge, que cette ceinture faite du vert toujours égal de palmes innombrables.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:31 | |
| page 95 - Mazagan, vue du côté de la plage. VII Mazagan la Portugaise - - Safi, capitale de l'Art -Mogador la tempérée - - Agadir et TarroudantCOMPTANT 17.000 Musulmans, 3.000 Israélites, 900 Français, 270 Espagnols, 100 Italiens, 200 Anglais, Mazagan est une ville portugaise. Le petit peuple européen, trop faible pour occuper les domaines que son audace lui avait acquis, s'est replié sur lui-même, laissant ici les marques les plus visibles de son génie colonisateur. En effet, s'il n'y a plus de Portugais à Mazagan, tout parle de leur domination. Sur les portes, sur les remparts, sur le fort, se perpétue par des écussons aux armes des rois, l'origine de la cité. Mazagan occupe une place importante sur la côte marocaine, au débouché d'une région fertile, dans une baie abritée par de grands rochers, ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:32 | |
| page 96 - Mazagan. La citerne portugaise. ... c'est une fleur posée à l'embouchure de l'Oum er Rebia. A l'aube de notre ère, cette fleur précieuse tenta les romains qui étendirent jusqu'à elle leur domination. Sa beauté actuelle, Mazagan la doit à sa plage très belle certes, mais surtout au travail des Portugais, aux constructions qu'ils ont laissé en héritage au Maroc et qui sont devenus après leur départ, le quartier juif, le mellah. Après cinq siècles de silence, la vieille église de l'Assomption entend à nouveau les chants liturgiques. Les Européens s'émerveillent de la vaste citerne édifiée par la garnison. Avec ses colonnes, ses piliers disposés sur cinq rangées, avec ses nefs aux vastes proportions, c'est une merveille d'art militaire. Dans cette salle moyenâgeuse, l'esprit est reporté vers les luttes féodales de jadis, avec les sièges interminables, les assauts enfantins et meurtriers à la fois, avec les longues veilles des hommes d'armes collés aux créneaux.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:34 | |
| page 97 - Mazagan. Un peu partout, ce sont de vétustes canons, des bombardes rouillées portant, comme les bastions, les armes du petit peuple courageux, hardi, téméraire. Sous les rafales des vents, sous le choc des marées, sous les ruées des berbères, des soldats se cramponnèrent à ces rochers hostiles. Pendant plus de deux siècles, ils arborèrent leur drapeau sur la citadelle construite de leurs mains et ils chantèrent des hymnes de leur pays à leur madone sculptée peut-être dans une ville de chez eux et déposée en cette église de l'Assomption édifiée par leur piété, au cœur de l'Islam dans la cité portugaise du Moghreb.
Safi est une des villes marocaines où l'on compte le moins d'étrangers, aussi, peut-on y constater combien ce pays reste figé dans ses coutumes millénaires. Le port est resté primitif car le protectorat n'y a pas encore apporté ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:35 | |
| page 98 - Safi. ... les méthodes modernes. M. Ricard en décrit en ces ternies l'originalité : « Les manipulations de marchandises y étaient autrefois fort curieuses. Profitant des éclaircies de l'été, on mettait de fines barcasses à l'eau, frêles esquifs qu'on maintenait en dehors des brisants, cependant qu'une soixantaine de portefaix, entrant dans l'eau jusqu'à la ceinture, se faisaient passer de l'un à l'autre, à bout de bras, les lourds sacs de grains ou les caisses volumineuses. Ceux-ci étaient déposés dans les barcasses qui les menaient au navire ancré dans la baie. Pour supprimer le travail dans l'eau, le Makhzen avait établi, en 1908, un warf métallique qui eut malheureusement beaucoup à souffrir, et l'on dut revenir à l'antique manœuvre. » C'est assurément une des originalités du lieu. Ne l'oublions pas, Safi, comme les autres citadelles de la côte a été Portugaise. Elle a gardé de cette domination, un monument caractéristique ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:36 | |
| page 99 - Safi. Un marabout vénéré. - Safi. Le souk des poteries. Près des mosquées, au centre de la vie indigène, on trouve une ancienne chapelle catholique, bien conservée, portant les armes des villes du Portugal. Comment cet édifice chrétien a-t-il résisté à l'injure des hommes et des temps, depuis 1540, ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:37 | |
| page 100 - Jardins entourant Safi. - Safi. Enlumineurs de poteries. ... époque où la ville fut évacuée par les troupes régulières? Mystère... depuis longtemps, une autre église toute voisine n'est plus que ruine ! Ruines également les remparts et tous les vestiges de l'occupation militaire. Seule, la modeste chapelle a survécu. Dans la médina de Safi, commerçante et active, voici les archaïques fabricants de poteries et les immuables vendeurs. Depuis des siècles, les mêmes dessins exquis, les mêmes enluminures, les mêmes couleurs, les mêmes ...
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:39 | |
| page 101 Safi. Le petit souk. ... motifs, sont tracés sur des objets de même forme et fixés par les mêmes méthodes. D'un geste toujours égal, les potiers qui se transmettent depuisdes siècles le secret des arabesques et des couleurs, façonnent sur des tours centenaires, les formes des vases, des chandeliers, des verres et des plats. Non loin d'eux, dans des boutiques sombres, des marchands, assis sur leurs jambes repliées, vendent avec les mêmes gestes et les mêmes rituels marchandages, le travail de leurs voisins. Les poteries portent au loin le renom de Safi. Dans les souks, seule la clientèle a varié car les Européens se mêlent à la foule indigène. Tandis que tel plat s'en va dans le bled, sous la tente, pour recevoir quotidiennement le couscous familial et pour être, avec le tapis et l'indispensable samovar, l'ornement d'un « intérieur » berbère, son voisin s'embarque vers d'autres destinées, pour égayer de ses vives couleurs où domine le vert, une riche demeure de France, d'Angleterre ou de la lointaine Amérique.
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| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:40 | |
| page 102 - Les fortifications de la Scala à Mogador. Aussi vieux que les méthodes des potiers, voici, au seuil de la ville, un olivier géant. Du tronc imposant, se détachent de formidables branches dont chacune constitue un arbre nouveau prenant sa racine sur le tronc du premier. Leurs ramifications donnent naissance à une véritable forêt. Le tour de ce titan ne mesure pas moins de 125 mètres. La naïveté des indigènes entoure de respect, de vénération, de légendes, cette superbe force naturelle. Aux branches, les femmes suspendent des chiffons et des lampes allumées, témoignage du fétichisme profondément ancré au cœur de l'Islam. Incompréhensible Maroc, malgré les ruines de tes murs, l'effondrement de tes mosquées, le lamentable abandon de tes palais impériaux, tu es le pays du monde le plus figé dans le passé. Tu sais garder, pour la joie du présent, des modèles caractéristiques de ta splendeur évanouie. Du pied de l'arbre vénéré, la vue s'étend, splendidement. La Médina apparaît, surmontée de la citadelle, la curieuse Kechlo, forteresse mi-portugaise, mi-berbère. Baignant les pieds des remparts, la mer fait ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 22 Fév - 9:19, édité 1 fois | |
| | | Pierre AUBREE Admin
| Sujet: LE MAROC Lun 11 Juin - 8:41 | |
| page 103 - Mogador. Les dunes de sable. ... partie intégrante du paysage puisque le quartier des pêcheurs se nomme R'Bat, ce qui signifie, porte de l'Océan. Tout est calme et repos, dans cette ville qui ne connut jamais les grandes foules, ni l'affection des sultans mais qui peut se flatter d'avoir été jadis et de rester encore la capitale de l'art marocain.
On peut indifféremment nommer Mogador, la juive, puisqu'ici, fait unique, les Juifs sont plus nombreux que les Musulmans, ou l'Européenne, puisqu'un Français d'Avignon construisit ses rues droites et que ses fortifications rappellent les remparts de Vauban... mais j'aime mieux la désigner sous le nom de « La Tempérée » puisqu'en été, comme en hiver, la température ne monte pas au-dessus de 25° et ne descend pas au-dessous de 15°. Le port très abrité fit de Mogador, dans l'antiquité, un repaire pour les corsaires de Salé... Depuis longtemps les pirates ont disparu ...
Dernière édition par Pierre AUBREE le Dim 22 Fév - 9:22, édité 1 fois | |
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